Affaire Nayanka Bell à Agboville : colère de la famille après de nouvelles convocations à la justice

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Les parents de Nayanka Bell avec au fond, le patriarche

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Rencontré vendredi 6 juillet 2018, à Offa, village de Nayanka Bell situé à 15 kilomètres d’Agboville , le patriarche Dessi Biachoua Daniel, de la grande famille Mousso Bosso n’a pas caché pas sa colère. 

À 85 ans, l’homme qui manipule bien la langue de Molière, affiche sa rage de voir sa « fille persécutée » par ceux à qui ils ont autrefois donné gîte et couvert dans le village. Surtout à la suite de nouvelles convocations de la gendarmerie  adressées à des jeunes du village, depuis 48 heures. Ils doivent se rendre le lundi 9 juillet 2018, à Agboville pour répondre des accusations de « destruction de plants fait de mains d’hommes », malgré la suspension provisoire par le Président de la Cour Suprême, de l’exécution des condamnations civiles attachées à l’arrêt de la Chambre correctionnelle de la Cour d’Appel d’Abidjan, concernant Nayanka Bell.

Celle-ci avait été condamnée à 3 ans de prison ferme et à payer 70 millions de Francs Cfa de dommages et intérêts, à des personnes dont elle a toujours contesté la qualité et l’intérêt à agir. La colère du patriarche résulte du fait que le principal plaignant qui ne démord pas, n’est autre que Nanga Émile , un ressortissant burkinabè dont il fut le tuteur dans le village : « Je ne comprends pas cet acharnement contre ma fille, de ce monsieur que j’ai même pris sous ma coupole comme mon propre fils. Et ça, je ne saurais le tolérer. Surtout que l’affaire est désormais devant la Cour Suprême ».

Tanoh Nando Claude l'un des plaignants
Tanoh Nando Claude l’un des plaignants

Selon le plaignant que nous avons réussi à joindre plus tard par téléphone, il ne s’agit pas de la même affaire puisque des jeunes du village ont encore détruit ses plantations. « Ce sont plusieurs plaintes qui ont été portées contre elle ( Nayanka, Ndlr ) », a-t-il ajouté.

Des accusations rejetées par Ohouo Kouassi Mathurin, président des scieurs d’Offa : « Depuis avant-hier, l’un de mes collaborateurs du nom de N’da Jeannot a reçu une convocation de la gendarmerie. On l’accuse d’avoir détruit la plantation de M. Nanga Émile, ce qui est archi-faux. Qu’est-ce qu’il gagnerait à le faire. Ce jeune dont je suis le premier responsable, était même surpris de cette convocation, et il me l’a signifié parce qu’il ne sait même pas de quoi il est question. Et il n’est pas seul dans le cas, il y’a encore des jeunes des villages voisins qui ont également reçu des convocations pour les mêmes faits».

Kouassi Yepié Pierre (64 ans), l’oncle de l’artiste, interrompt la conversation  pour poser la question suivante : « Entre nous, de vous à moi, que gagnerait Nayanka Bell dont l’exécution des condamnations ont été suspendues par la Cour Suprême à envoyer des jeunes pour détruire leurs plantations ? Ce n’est pas possible, surtout qu’elle a toujours réfuté ces accusations ».  Badolo Balao, ouvrier burkinabè abonde dans le même sens : « J’ai appris qu’il y’a eu destruction de plants faits de mains d’hommes,  et Nayanka Bell est accusé d’être à la base de ces destructions, ce qui est faux »

Parcelle litigieuse : «Nous en sommes pas les propriétaires types. Nous sommes sous-couverts», reconnaissent les plaignants

Mais qu’en est-il exactement de la parcelle litigieuse ? Qui en sont exactement les propriétaires ? Pour en savoir plus , nous nous sommes rendus à Boka-Oho, autrefois campement d’ouvriers burkinabés, situé à 6 kilomètres d’Offa. En l’absence du vieux Nando Kouassi, au nombre des plaignants, c’est son neveu Tanoh Nando Claude qui, au nom de la famille des Nando, accepte de parler.

« La terre litigieuse n’est pas à Boka Oho, mais à un peu plus d’un kilomètre de notre village raison pour laquelle les gens ont tendance à dire que la terre est à Boka Oho. (…) Nous ne sommes pas les propriétaires types. Nous sommes sous couverts de la famille Abehoussi. Ce sont eux qui nous ont cédé des parcelles. Vous savez qu’autrefois, les gens étaient généreux et s’entraidaient. Et quand nos parents sont venus les trouver dans ce village, le Abehoussi ont donné ces terres à nos parents pour se nourrir. Nos grands parents, nos parents et aujourd’hui nous. Vous devez aisément imaginer combien de temps notre famille a mis ici. Sinon en réalisé, il n’y a aucun document qui atteste que la terre nous revient de plein droit, ça, non ! Là, je vous dis non, toutefois, c’est la famille Abehoussi qui détient tout ce qui est de droit sur cette terre et nous sommes leurs sous-couverts»

Nos tentatives de joindre Kouakou K. Alain, Commandant de Brigade (CB) de la Gendarmerie d’Agboville, sont restées sans suites.

Un reportage de Claude Dassé

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