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Le gouvernement ivoirien dirigé par le premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été dissous le mercredi 4 juillet 2018. Comment les ex-ministres vivent un remaniement. L’IA a donné la parole à deux collaborateurs de deux anciens ministres.
Kouamé Benzème (Inspecteur du Pdci-Rda) : « Parmi ceux qui viennent vous réconforter, certains le font avec beaucoup d’hypocrisie »
« J’ai été chargé d’édition du ministre Ehui Bernard ( ex-ministre de l’Industrie, puis de la jeunesse et des Sports sous Houphouët-Boigny). Mais, j’avoue que cette année, c’était vraiment un peu spécial. Ce n’était pas la même ambiance. Mais, je peux vous dire qu’en pareille circonstance, c’est la veillée d’armes. Tout le monde attend patiemment de connaître son sort. C’est une ambiance morose. Et quand le ministre n’est pas reconduit, c’est forcément dur pour lui. À propos des gens qui les appellent pour tenter de leur remonter le moral, c’est justifié. Surtout, ici en Afrique, c’est important de le faire, et les ministres sortants en ont vraiment besoin.
Vous savez, sous nos cieux, quand un ministre est débarqué à la suite d’un remaniement, c’est souvent la moquerie. Même, parmi ceux qui viennent vous réconforter, certains le font avec beaucoup d’hypocrisie. Ils font semblant de vous dire de belles paroles, alors qu’ils rient derrière. C’est vrai, il y en qui sont sincères parce qu’ils savent que votre chute est aussi la leur. Parce qu’un ministre, c’est tout un peuple qu’il a à sa charge. Sa chute équivaut à la chute du niveau de vie de ses sujets, ou proches ».
Fulbert Beugrefo (ex-Chef Cab du ministre des sports ) : « Tant que le gouvernement n’est pas encore proclamé, aucun collaborateur ne mange tranquille »
« Les périodes qui précèdent les maniements ministériels m sont vécues durement par les membres du cabinet. Depuis la secrétaire particulière jusqu’au Chargé de mission, c’est vraiment difficile. Pour les fonctionnaires du ministère, il y’a une inquiétude qui naît à cause des soucis du recasement. Ce n’est pas qu’au Cabinet. La tension est aussi palpable dans les Directions rattachées au ministère. Parce, si le ministre part, celui qui arrive pourrait nommer des nouveaux responsables. Et cette inquiétude rend l’ambiance tendue dans les Directions. L’ambiance pré-remaniement ministériel n’a jamais été bonne dans un cabinet. C’est un moment d’angoisse pour certains, et un moment de bon débarras pour d’autres. Tant que le gouvernement n’est pas encore proclamé, aucun collaborateur ne mange tranquille. Un ministre qui s’en va, ce sont des vies qui changent, aussi bien en mal qu’en bien. Même les ministres qui sont certains d’être reconduits, leurs collaborateurs ne sont pas moins angoissés. C’est selon. Maintenant, être ministre, c’est une promotion. C’est pourquoi je comprends qu’on l’appelle pour l’encourager, et tenter de lui remonter le moral lorsqu’il perd cette promotion. Certes, il n’y a pas de période précise durant laquelle on doit rester ministre. Mais, c’est toujours difficile de perdre une promotion ».
Jean Hubert Koffo