Côte d’Ivoire : l’heure a sonné ou discours intégral de démission de Soro

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Ci dessous la transcription par l’IA du message de démission du Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, le vendredi 8 février 2019.
« Chers collègues L’heure a sonné. Le Président de la République, SEM Alassane Ouattara et moi-même avons convenu de la convocation d’une session extraordinaire, ce jour, vendredi 8 février 2019. Mes chers collègues, quand il est l’heure, il n’est point besoin de honte.
Dans la vie des hommes, voyez-vous, il y a des moments aussi décisifs où il ne tient qu’à soi-même de prendre ses responsabilités. C’est ce que je m’en vais faire tout à l’heure. Mais avant, permettez-moi d’exprimer le bonheur et la joie que j’ai eus à conduire aux destinés du deuxième pouvoir de l’État, le pouvoir législatif. Mes deux mandatures ont été parsemés de moments de joie, mais aussi d’embûches et de douleurs vives. C’est pourquoi, à vous chers collègues qui m’avez fait confiance en l’élisant le 9 janvier 2016, je tiens à dire toute ma reconnaissance et ma gratitude. Tout au long de notre marche commune, j’ai voulu faire de notre Assemblée nationale une famille, certes colorée, mais une vraie famille.
Aussi, en ces heures qui comptent, je m’adresser directement à vous, vous qui m’avez porté un soutien sans faille, en vous demandant de trouver ici, l’expression de mes sincères remerciements.
J’ai une pensée pleine de gratitude envers les membres du bureau de l’Assemblée nationale et tous les collaborateurs qui m’ont accompagné tout au long de cette exaltante mission. À ceux qui, dans l’anonymat et pourtant avec efficacité font vivre notre Institution, je veux parler des chauffeurs, des gardes, des huissiers, des techniciens de surfaces, des secrétaires…, j’exprime ma particulière sympathie.
Chers collègues, alors venons-en à l’ordre du jour de notre session extraordinaire. En ce mois de janvier 2019, j’ai eu le privilège de plusieurs audiences avec le Président de la République, notamment les 5 et 24 janvier. Il a été question de mon engagement politique et de mon positionnement idéologique vis-à-vis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Cette question, aussi importante soit-elle, a nécessité de ma part réflexion et décision.
Oui, j’ai choisi de me pas m’engager au sein du RHDP unifié. Ainsi, je n’ai point pris part au congrès ordinaire du 26 janvier dernier au stade Houphouët-Boigny. « Grave erreur ! Grave faute », ont tôt faire de clamer certains de mes compères.
Mais voyez-vous, je suis homme à croire plus au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes.
En ce qui me concerne, il ne peut être question de défiance, mais plutôt du désir d’harmonie entre mes convictions, mes valeurs et ma conscience. Et là-dessus, c’est sans hésitation.
Le fait est que j’étais face à un dilemme : soit trahir mes convictions en allant au congrès du RHDP pour ainsi dire sauver un poste confortable, soit rendre ma démission de mes fonctions de président de l’Assemblée nationale et ainsi être capable de me regarder moi-même dans une glace. Y’ avait-il une alternative ? Non, on ne m’en donnait aucune, absolument aucune.
À l’inverse, refuser de démissionner conduirait immanquablement à la crise institutionnelle déstabilisante avec le cortège de dommages pour la Nation.
Chers collègues, on ne peut risquer de mettre en péril la paix fragile acquise après tant de souffrances de nos concitoyens. Quand on a été comme moi, ministre d’État, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, c’est une issue inenvisageable.
Chers collègues, ce n’est pas ce que je souhaite pour la Côte d’Ivoire, moi qui, depuis un moment, me suis fait le disciple du pardon, de la réconciliation et de la paix.
Sachez-le, je ne suis pas homme à m’accrocher, comme un sans profit, à un poste. On ne peut risquer la paix, parce que l’on veut conserver un poste. N’est-ce pas le président Félix Houphouët-Boigny qui alléguait qu’aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de faire la paix.
Cette sagesse du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne ne m’a jamais quitté de vue.
Rassurez-vous, chers collègues je demeure serein tout en quittant ce poste aisé de président de l’Assemblée nationale pour l’aventure de mes convictions.
En effet, je préfère descendre de mon piédestal, vivre et partager le quotidien de mes semblables, citoyens ordinaires, que de me complaire de l’aisance de la posture institutionnelle. Je veux que de moi, mes concitoyens, mon épouse, mes enfants, ma famille, mes collaborateurs, mes proches, mes compagnons, je pense au député Alain Lobognon et à tous les autres qui sont actuellement en prison, retiennent de moi le souvenir d’un homme de conviction,debout face aux lendemains incertains.
Chers collègues, à cet instant précis, je rends ma démission de mes fonctions de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Oui, j’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix, pour la Côte d’Ivoire, comme j’ai eu à le faire par le passé. Me voilà ainsi donc ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, député de la Nation élu de la circonscription électorale de Ferkessédougou commune et vice-président élu de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
Chers collègues, je demeurerai avec vous pour continuer à travailler à l’édification d’une Côte d’Ivoire riche et prospère, qui repose avant tout sur un État de droit et des bases démocratiques solides.
Je demeurerai avec vous pour continuer le combat du pardon, de la réconciliation et de la paix.
Ce combat, à mes yeux, vaut plus que le poste de président de l’Assemblée nationale.
Chers collègues, après toutes les épreuves que j’ai traversées et dont vous êtes témoins, j’ai acquis la forte conviction que le destin de chacun d’entre nous appartient à Dieu.
Dieu pourvoira.
Merci à chacune et à chacun.
À bientôt. »

 

Par Olivier Dion

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