Adama Bictogo : « L’opposition en Côte d’Ivoire ne vaut que 12 % de l’électorat »

7436

Dernère publication

En tant que président du Comité ad’hoc chargé de la mobilisation et de l’animation au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Adama Bictogo, par ailleurs député d’Agboville, s’est vu naturellement confier l’organisation des meetings d’ouverture et de clôture du président de la République, Alassane Ouattara, dans le cadre de la campagne du référendum constitutionnel.

Après l’adoption de la Constitution de la 3e République, il a animé mercredi 2 novembre 2016 une conférence de presse pour se prononcer notamment sur le plébiscite du nouveau texte fondamental, marqué par le boycott de l’opposition. Ci-dessous, de larges extraits de ses interventions.

Intérêt de la nouvelle Constitution

« (…) Je voudrais remercier tous ceux qui étaient aux côtés du président de la République Alassane Ouattara pour sensibiliser les Ivoiriens sur l’intérêt de cette Constitution, sur l’intérêt du vote. Je crois que les Ivoiriens ont entendu le message. Ceci s’est traduit (…) par le meeting de lancement au stade Félix Houphouët-Boigny, par la clôture de la campagne au meeting de Bouaké. Et pendant toute cette période, la presse a su accompagner le président de la République, le gouvernement et le Rhdp. Tous les Ivoiriens de la société civile, les planteurs, les chefs traditionnels, toutes les forces vives de la nation se sont engagés dans la voie de l’adoption de la nouvelle Constitution, permettant ainsi à la Côte d’Ivoire de rentrer dans l’ère de la 3eRépublique, de donner à la Côte d’Ivoire une stabilité durable, une paix durable, et enfin de permettre à l’ensemble des Ivoiriens de retrouver cette Côte d’Ivoire rassemblée, à travers cette Constitution inclusive qui permettra à la Côte d’Ivoire de relever tous les défis de développement, de l’émergence, mais surtout du renforcement de la cohésion sociale. (…)

42% de taux de participation et 93% pour le “oui”

Le premier commentaire que j’ai à faire est, d’abord, de saluer l’engagement citoyen des Ivoiriens. Cet engagement citoyen se traduit d’abord par un vote apaisé, en dehors de quelques incidents dans certains endroits. Ce qui, me semble-t-il, a été évalué à 150 sur 20 000 bureaux de vote. Cela représente 0,1%. Ceci n’est pas suffisant pour impacter une élection. 42,42% de taux de participation, c’est un score extraordinaire. La campagne référendaire est une campagne thématique qui ne crée pas, forcément, des passions, un engouement trop fort comme la présidentielle. Dans le monde entier, l’histoire politique montre clairement qu’au lendemain de l’élection présidentielle, il y a toujours un différentiel de 10 à 15 points. (…) Nous nous retrouvons à 42%. Ce qui montre clairement que les Ivoiriens, au-delà de la Constitution, ont renouvelé leur confiance entière au président Alassane Ouattara, un an après l’avoir plébiscité à la présidentielle, en votant à 93% cette Constitution. Nous ne pouvons qu’être satisfaits, parce que la nouvelle Constitution est inclusive et offre à la Côte d’Ivoire une stabilité durable, une paix durable, et règle le problème de la vacance du pouvoir, et surtout offre un socle institutionnel permettant au président Alassane Ouattara et à la Côte d’Ivoire, pour le futur, de pouvoir développer une vraie stratégie économique de développement, rassurant ainsi aussi bien les Ivoiriens que tous ceux qui veulent investir en Côte d’Ivoire. Je voudrais donc dire que ce sont des résultats qui traduisent la maturité des Ivoiriens. Mais ce sont surtout des résultats du devoir citoyen. C’est cela que nous retenons. Au nom du président Alassane Ouattara et du Rhdp, je voudrais saluer tous les Ivoiriens, dans toute leur sensibilité, qui ont su se mobiliser pour voter massivement le “oui’’.

Le boycott de l’opposition

(…) L’opposition est habitée d’une très grande mauvaise foi. Affi N’Guessan est intervenu ce matin. (Ndlr sur Rfi Mercredi …) Mais je voudrais dire que l’opposition était convaincue de ce que l’absentéisme aurait été au rendez-vous , que les Ivoiriens n’allaient pas se mobiliser. Mais la maturité, la confiance au président Alassane Ouattara, le devoir citoyen ont pris le dessus sur les calculs politiciens. Et quand il parle de manipulation, je voudrais vous donner des chiffres. Comment pouvez-vous comprendre que nous soyons à 30% de taux de participation à Sakassou, à Toumodi, à Adjamé, des endroits où l’opposition représente à peine 2 ou 1% ? Donc, s’il y avait eu de la manipulation, c’est bien dans ces zones-là que nous aurions eu de grands scores, parce qu’à la vérité, ce sont des scores Rhdp traditionnellement connus. Mais le gouvernement a laissé faire parce qu’il était convaincu que la majorité des Ivoiriens se reconnaissent dans cette Constitution. Aujourd’hui, l’Agnéby-Tiassa a fait 44% (de taux de participation, Ndlr). C’est en dessous de ce que nous avons fait à la présidentielle (de 2015, Ndlr). Mais c’est un score acceptable. Il y a d’autres zones où le taux de participation est à 80%, alors que nous étions à 95% à la présidentielle (2015). Le président Alassane Ouattara souhaite une Côte d’Ivoire rassemblée. Il y avait des tablettes, les gens étaient présents dans les bureaux. Tous les documents arrivés à la Cei (Commission électorale indépendante) étaient paraphés par tous les agents. Je veux bien que l’opposition digère son échec, mais qu’elle n’aille pas dans le sens de la mauvaise foi et ne refuse pas de s’inscrire dans cette nouvelle Côte d’Ivoire. (…) Concernant les 57 % qui n’ont pas voté, je peux vous les décortiquer. Traditionnellement, la Côte d’ Ivoire a toujours fait face à 22% d’indécis, lors des scrutins. Ce sont, pour beaucoup, des personnes qui ne se sentent pas obligés de voter. Car, le vote n’est pas obligatoire en Côte d’Ivoire. Sur ces mêmes 57% qui n’ont pas voté, comparativement au taux de participation de la présidentielle, il y a un peu moins de 10% qui ne sont pas venus voter au référendum. Cela s’explique par la qualité de celui qui propose la Constitution, en occurrence le président Alassane Ouattara. Il s’explique aussi par la qualité de la Constitution. Car, les Ivoiriens se sont dit qu’en tout état de cause, le “oui’’ l’emporterait. Pour eux, c’était leur préoccupation, et non le taux de participation. Il faut que cela soit compris. Donc, il ne faut pas voir ces 57% d’abstention comme étant des Ivoiriens opposés à la Constitution. Parce que, l’opposition d’Affi N’Guessan et consort veut s’approprier quelque chose dont elle n’a pas le niveau. À la vérité, l’opposition en Côte d’Ivoire ne vaut que 12 % de l’électorat. La preuve, lorsqu’elle a tenté de mobilier les Ivoiriens, à trois reprises, pour marcher contre cette Constitution, ils (les participants à la marche, Ndlr) n’étaient que 350, alors qu’on s’attendait à 15 000 personnes. Je pense qu’elle devrait commencer à méditer sur sa représentativité qui commence, de plus en plus, à s’amenuiser. Elle doit méditer sur son incompétence et sa médiocrité. Elle a intérêt à prendre le train en marche. Car, c’est la Constitution de cette Côte d’Ivoire moderne qui vient d’être votée à une très grande majorité, plus de 90%, par les Ivoiriens. Les Ivoiriens acclameront le président Ouattara d’avoir offert à la Côte d’Ivoire une nouvelle indépendance, à travers cette Constitution.

Le taux de participation a été faible dans certains fiefs du Rhdp. Notamment, dans le grand centre et dans d’autres localités. Mais, c’est la preuve que les résultats du référendum n’ont pas été manipulés. Ces zones de prédilection du Rhdp n’ont pas fonctionné comme on l’aurait souhaité. On aurait vu 80% à Yamoussoukro ou 90% à Bouaké et personne n’aurait crié au scandale. Mais, le taux bas que nous avons enregistré montre que les chiffres n’ont été manipulés. Si vous me demandez pourquoi les taux ont été faibles dans ces localités, je dirai qu’il est encore tôt de faire des analyses.

Mais, je pense que les populations de cette zone font partie des 11% dont je parlais tantôt. Ils estimaient que le “oui’’ était un acquis et qu’il ne servait plus à rien d’aller voter. Cette abstention n’était pas un manque de volonté de participer au référendum. Certains ont perçu ce référendum comme un prolongement de la présidentielle de 2015 où le président a été plébiscité. Ils se sont dit que le plébiscite allait se poursuivre au niveau de la Constitution, et ils ont eu raison. Ceci étant, une analyse s’impose comme après chaque élection. Pour l’heure, il m’est difficile de me prononcer sur le sujet. Car, les états-majors doivent se réunir et vous aurai les échos sur les raisons de cette faiblesse du taux de participation, dans les zones de prédilection du Rhdp.

Manifestations de l’opposition après le vote de la nouvelle Constitution

(…) Si ces manifestions ne respectent pas les règles en vigueur dans ce pays, c’est au Gouvernement d’y apporter la réponse appropriée. Une opposition a besoin d’exister. Et, le référendum constitutionnel est une occasion d’expression démocratique. S’ils étaient convaincus que la majorité des Ivoiriens ne devaient pas voter cette Constitution, ils auraient dû aller à l’élection et le “non’’ l’aurait emporté. C’est parce qu’ils savent qu’à la vérité, ils ne représentent rien du tout, ils n’ont pas d’arguments, qu’ils n’y sont pas allés. Car, à aucun moment, l’opposition n’a fait une offre politique crédible, une alternative crédible de la Constitution. Elle a toujours fait croire que cette Constitution a été conçue pour les étrangers.

En dehors de faire croire que cette Constitution a été conçue pour les Ivoiriens, ces propos qui caractérisent l’opposition sont des propos de xénophobies, des propos qui ont entrainé la guerre et la division des Ivoiriens, des propos qui ne rassemblent pas. L’opposition est toujours dans cette vision. C’est cette catégorisation des Ivoiriens qui fait qu’aujourd’hui, à la vérité, les Ivoiriens sont passés à autre chose. Cette nouvelle Constitution vient donner aux Ivoiriens des chances d’une Côte d’Ivoire meilleure. Donc que l’opposition projette de marcher ou pas, à la vérité, ce n’est plus la préoccupation des Ivoiriens. Aujourd’hui, les Ivoiriens ont renouvelé leur confiance au président Ouattara en lui donnant un socle institutionnel solide. Nous irons maintenant aux législatives pour renforcer ce socle en gagnant encore avec un plébiscite, ces élections en tant que Rhdp. Et puis, le président l’a dit à Bouaké, il travaillera pour offrir à la Côte d’Ivoire ce pourquoi il s’est engagé pour un 2e mandat.

L’un des objectifs du président de la République, c’est la quête permanente du rassemblement du pays. Le président se donne les moyens de rassembler tous les Ivoiriens. Et c’est pour cela que cette nouvelle Constitution qui est inclusive, permet à tous les Ivoiriens de s’y reconnaître. Si l’opposition a toute sa place parce qu’il s’agit d’Ivoiriens, elle n’est que le chapeau. Mais nous sommes tous des Ivoiriens. Et la volonté du président est qu’ensemble, nous puissions jeter toutes les bases de cette Côte d’Ivoire forte, qui gagne. Donc, l’opposition est en droit de faire des offres. Mais, la Constitution est votée. Je reste convaincu que pour le moment, l’opposition est gagnée par l’émotion de l’échec qu’elle vient de subir. Passé ce cap, elle viendra à des négociations parce qu’elle aura compris que la meilleure voie du développement, de la stabilité, de la paix durable et d’une Côte d’Ivoire nouvelle, c’est bien à travers l’adoption de cette nouvelle Constitution. Pour nous, les négociations ne peuvent pas s’arrêter. Il y a une dynamique, mais aussi des moments d’arrêts. Au référendum, l’opposition s’est engagée pour le “non’’. Elle a échoué, mais ceci ne remet pas en cause que nous sommes tous des Ivoiriens et que nous devons continuer de vivre ensemble. Cependant, l’opposition doit savoir qu’elle n’a pas le monopole de la violence. J’ai entendu KKB sur Rfi qui faisait l’apologie de la violence. Après toutes les crises traversées, tous les temps que nous avons vécus, il serait bon que nous nous asseyions autour d’une table de négociation. Mais que l’opposition évite d’appeler à la violence.

Critiques sur la mobilisation au Félicia pendant la campagne référendaire

Le meeting du Félicia (stade Félix Houphouët-Boigny, Ndlr) avait pour objectif une mobilisation forte pour les élections. C’était aussi l’occasion pour le président de la République de s’adresser aux Ivoiriens. Il ne faut pas s’arrêter au seul stade. Il faut voir la portée de son discours. Et ce que nous retenons, c’est que le Président a eu un discours tonitruant. Cela a été l’élément déclencheur de la campagne active et dynamique. Pour la mobilisation, il faut relativiser. On avait le choix entre occuper l’estrade, les virages ou avoir les gens sur la pelouse. Et sur la pelouse, il n’y avait pas moins de 15 000 personnes. Cela a été une option de communication d’une part, mais aussi parce qu’il y avait des travaux sur le stade. Si on occupait tout le stade on serait à 50 mille. L’option de la communication, était que le président parle aux Ivoiriens en étant au milieu des Ivoiriens qu’en étant à la tribune, il serait seul. C’est un homme du peuple qui est avec le peuple. Et c’est avec le peuple qu’il voulait jeter les bases. C’est en cela que nous avons fait cette option. Maintenant que l’opposition ou une certaine presse aille photographier les gradins vides, si ça peut amuser la galerie, tant mieux. Notre objectif a été atteint. On a eu 93% de “oui’’ et 42% de participation. Vous avez vu celui du Sénégal qui était de 38%, Hongrie, 26% et Colombie 49%. Il n’y a aucun référendum qui va au-delà de ces moyennes. Je voudrais donc saluer et féliciter les Ivoiriens. »

Retranscrits par Alex A, JHK et HG

Commentaire

PARTAGER