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A l’initiative de l’union pour le développement des régions du Cavally et Guemon (UDR-CG), s’est tenue une conférence débat sur la politique de sécurisation foncière rurale et forestière en Côte d’Ivoire. C’était le jeudi 31 octobre 2019 à Abidjan, en présence des ministres Anne Ouloto, Charles Alain Donwahi et Bamba Cheick Daniel.
« En Côte d’Ivoire nous avons perdu plus de 80% de notre couverture forestière. De 50% de couverture forestière au début du siècle dernier nous sommes aujourd’hui à 11% de couverture du territoire national avec un taux de dégradation de 300.000 ha par an.
Pour redevenir un pays forestier il nous faut remonter à 20%. Et pour cela, il fallait vite réagir si nous voulons préserver notre climat, notre végétation, notre agriculture et nos populations » a dit le ministre ivoirien des Eaux et Forêts, Charles Alain Donwahi.
Citant les causes de cette déforestation, Alain Donwahi a pointé du doigt les feux de brousse qui sont du fait de la nature (changement climatique) mais et surtout de l’exploitation des Etres humains.
L’autre cause réside selon le ministre, dans l’exploitation illégal du bois. Une exploitation avec parfois la complicité des populations, voire des autorités administratives. Que dire de la culture du cacao qui en se déplaçant (la boucle du cacao) de l’Est à l’Ouest a besoin d’espace forestier ?
« A l’Ouest la masse verte qui reste est le seul parc national de Taï » a-t-il révélé.
Au nombre des conséquences de cette destruction, il faut noter entre autres, la baisse de rendement de la production pour cause d’appauvrissement du sol, la rareté des ressources en eau, le changement climatique accentué, la désertification, la baisse des revenus aux planteurs ou encore la perte de la biodiversité avec de moins en moins de faune et de plantes médicinales dans les forêts ivoiriennes.
« Nous assistons ainsi à notre appauvrissement » a-t-il insisté.
La situation forestière dans le Guemon et le Cavally
« Les deux régions comptent 9 forêts classées sur une superficie de 395.000 ha.
Hors mis la forêt du Cavally (parc national de Taï) qui est conservée à 93%, les autres connaissent une dégradation d’entre 96 et 100%.
Nous devons être les premiers acteurs et protecteurs de cette forêt. La zone dispose de 2 parcs et une réserve d’une superficie cumulée de 277.000 ha. Pour permettre le développement de l’agriculture dans les deux régions, cinq forêts ont fait l’objet de déclassement soit partiellement soit entièrement pour 23900 ha. Mais depuis que je suis ministre des eaux et forêts j’ai mis fin à tout déclassement de forêt. Dites à nos parents de ne plus parler de déclassement de forêt » a fait savoir Charles Alain Donwahi.
La politique de recouvrement de la forêt en Côte d’Ivoire.
Depuis juillet 2019, la Côte d’Ivoire s’est fixée d’ici 2030 un objectif visant la reconquête et l’accroissement de la couverture forestière nationale à travers un code forestier nouveau. Cette nouvelle politique de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts s’articule autour de trois axes. A savoir, la préservation de la biodiversité ; L’entretien d’un climat favorable au développement des activités socio-économiques et agricoles ; Le respect des engagements internationaux.
« La particularité de cette nouvelle politique, est d’introduire l’agroforesterie dans les forêts classées qui n’excède pas 20% de la surface totale. Les 80% devant être préservés. Aussi cette agroforesterie va permettre à nos populations locales souvent lésées avec l’installation illégales des populations venues d’ailleurs de pratiquer une agriculture moderne, intensive » a dit le ministre.
Concernant les occupations illégales il a dit :
« Les plantations illégales à l’intérieur de nos forêts classées seront détruites. D’ailleurs au dernier TAC, traité d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, les autorités burkinabè ont accepté de recevoir leurs compatriotes installés illégalement en Côte d’Ivoire » a annoncé Alain Donwahi.
Philippe Kouhon