Dernère publication
En Novembre 2012, Wakili Alafé était en mission aux États Unis, notamment à Washington et à New York. À cette occasion, il avait tenu une chronique dénommée La lettre d’Amérique. 7 ans après nous vous donnons l’occasion de relire les propos, pour avoir une idée du contexte de l’époque.
« Au grand-frère Sangaré, à Siriki, à toutes les lectrices et à tous les lecteurs de l’IA, hier j’ai bien voulu dire ceci: tant que Laurent Gbagbo et les siens vivront le sort qui est le leur, (pas “vivront qui est le leur “, mais plutôt “vivront le sort qui est le leur” ) leurs partisans ne feront aucun mea culpa ni acte de repentance de façon publique.
Pourtant ils sont nombreux qui disent en silence: “on l’avait prévenu, s’il nous avait écoutés, il a fait confiance à des gens qui l’ont trahi et trompé.”
Comment peut-on espérer entendre cette autocritique qu’avait souhaité (peut-être trop tôt) Mamadou Koulibaly tandis que l’ex-président n’est pas libre, tandis que d’autres dirigeants sont en exil ?
Ajouter des critiques publiques du FPI, des accusations publiques de pro-Gbagbo à la campagne du nouveau régime contre l’ordre ancien, c’est accabler deux fois Laurent Gbagbo et les siens.
La douleur et les souffrances nées de l’échec créent les frustrations et ressoudent le FPI, qui refuse l’auto-flagellation à la suite de la double flagellation.
La première flagellation est celle ressentie par la douleur de la défaite, mais surtout par la souffrance de voir Alassane Ouattara, président de la République.
La deuxième flagellation, c’est l’exil, le chômage, la prison, les comptes gelés et la perte des privilèges.
Normal que le vaincu fasse la tête et boude!
En football et en sport, domaine par excellence du fair-play, les vaincus ont souvent tendance à refuser – ou à remettre en cause – la suprématie des vainqueurs.
Mais est-ce que la main de Maradona, est-ce que les provocations du vaincu empêchent le vainqueur de savourer sa victoire ?
La défaite du FPI, ou la victoire de Ouattara est la plus grande souffrance déjà ressentie par les pro-Gbagbo.
Pourquoi leur infliger la double peine en s’attendant à ce qu’ils chantent le nom du vainqueur alors qu’ils ressentent leur impuissance devant ce jamais, jamais et cette réalité inacceptable qui s’est imposée à eux ?
Mitt Romney a perdu, et il a demandé de prier pour Barack Obama afin que l’Amérique aille de l’avant.
N’attendez pas de lui qu’il en fasse plus !
Ne serons-nous pas plus tranquilles, si les vainqueurs n’attendaient rien des vaincus, et sortaient du trou les vaincus, soulevaient ceux qui sont couchés et défaits même s’ils refusent la réalité et la vérité de leur défaite ?
Nous aurons fait un grand pas vers la réconciliation lorsque les vainqueurs comprendront que les vaincus n’ont peut-être pas d’autres choix que l’arrogance et la provocation, comme armes de soulagement.
Ne pas le comprendre, c’est sombrer dans le piège de la provocation, aller dans la sanction, tout en pratiquant une indignation sélective, une politique d’impunité sélective.
Puisqu’on doit des gages, on pardonne aux uns, tandis que d’autres sont punis. Les règles ne sont pas bien établies et souvent dans le camp des vaincus, ceux qui ont pourtant fait plus de mal en silence et en secret, arrivent à se recycler parce qu’ils ont joué double-jeu et ont fait allégeance.
En écoutant des Ivoiriens de la diaspora et en particulier celle des États-Unis, territoire abritant après la France la plus forte communauté ivoirienne à l’étranger, on sent qu’il y a encore du chemin à faire. Personne n’est tout à fait content !
Des pro-RHDP attendent l’heure de la récompense, tandis que les LMP attendent le moment du pardon, même si quelques radicaux de part et d’autre ne veulent rien lâcher.
[ Les extrêmes ne font pas évoluer les choses ]
Grand-frère Sangaré et cher Siriki, chères toutes et chers tous, voici l’état des lieux dressé de l’extérieur, une sorte de manuels à l’attention de nos politiques pour aider à apaiser les choses.
Tout le monde n’a pas vocation à rester définitivement à l’extérieur. Les membres de la diaspora songent à retourner au pays, même si d’autres ont résolument renoncé à la Côte d’Ivoire et se sentent américains. Cela ne date pas de maintenant, l’aventure pour beaucoup ayant commencé à partir des premières convulsions vers la démocratie en 90, puis a suivi la vague de l’après-Houphouët…puis ainsi de suite. Bien avant, quelques Ivoiriens tentés par l’aventure y allaient déjà sans crier gare. Le moment est venu de renverser les tendances.
Demain chaque acteur écrira sa part d’histoires et de vérités. Dans dix ans ou plus, à moins de vouloir maintenir le pays dans la révolte et l’instabilité permanente, le jeu de la démocratie, le règne et les exigences de l’État de droit établiront des règles qui vont s’imposer à toutes et à tous.
Bien entendu, certains ont en encore des projets putschistes, dans les deux camps.
Il ne faut pas croire que l’ennemi est forcément l’autre et est un élément extérieur. Souvent le ver est dans le fruit. Quelques gens qui clament que les temps ont changé, sont pourtant ceux qui croient le moins à cette profession de foi!
Demain, demain, demain sera le moment de la vérité, de la justice et de la réconciliation.
De New York, dans cette ville des démesures, avoir le temps de penser à la Côte d’Ivoire et se soucier du sort du pays est un indice de ce que la Côte d’Ivoire reste attirante, que ses enfants peuvent voyager, aller loin, mais qu’ils demeurent attachés à elle, en dépit des tentations de l’exil.
Combien sont-ils les Ivoiriens qui rêvent d’Amérique, de New York, plus généralement de l’Occident ?
Qui ne se souvient de ces Africains qui meurent dans les embarcations de fortune, ces enfants qui meurent dans les réacteurs d’avion ?
Partir et revenir au pays, c’est maintenir l’espoir pour les démunis, c’est dire que l’avenir du monde peut être l’Afrique, qui fut déjà le berceau de l’humanité.
Partir et revenir chaque fois, en menant des réflexions sur le pays, c’est, malgré les incertitudes et les angoisses, dire que le meilleur est à venir.
Quand les citoyens jouent leur partition, il revient aux leaders et aux dirigeants de jouer la leur avec intégrité!
Bon vent, bons nouveaux vents au Président Obama, qui ne pourra pas tout bouleverser en quatre ans!
À très prochainement USA!
God bless America, Africa and Côte d’Ivoire!
Merci à toutes, merci à tous, en attendant de me lire dans d’autres colonnes et sur d’autres thèmes.
Bye! À demain ! ».