Soro : échapper au sort de Katumbi pour avoir le destin de Ouattara

2439
photo DR:L’ex Président de l’assemblée nationale Guillaume Soro

Dernère publication

Entre sa démission du perchoir de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire le 8 février 2019 et son retour avorté à Abidjan, le 23 décembre 2019, le temps politique s’est accéléré pour Guillaume Soro.

Faut-il voir désormais Guillaume Soro comme Moïse Katumbi, et Alassane Ouattara comme Joseph Kabila ? Faut-il se souvenir que le Président Bédié avait « harcelé » Alassane Ouattara, tout comme le régime Gbagbo dans lequel il ne put être même simple député, avant qu’il ne soit élu en 2010 ? Que vaut Guillaume Soro sans les armes, sur le marché politique et démocratique ? Décryptage sous forme d’interrogations et de questionnements multiples.

​Tout le monde se souvient de la réponse de Staline à qui l’on demandait de respecter les libertés religieuses en Russie :
« Le Pape, combien de divisions ? ». Une « division » est une unité militaire comprenant plusieurs régiments. Laurent Gbagbo avait dit que, sans les armes, Guillaume Soro était comme le Pape.

​Politiquement, Guillaume Soro a-t-il l’implantation du Fpi, du Pdci, du RHDP, eu égard à ses deux millions de « followers » sur twitter, Facebook et Instagram, parmi lesquels il est soupçonné qu’une même personne apparaissait sous dix ou vingt identités.

​Facebook, Twitter, Instagram … n’ont jamais fait gagner un match de football qui se joue à 11 contre 11 sur le terrain. Comme dans le sport, seule la vérité du terrain compte en politique. Guillaume Soro n’avait pas encore construit sa carrière politique dans mouvement politique, ou un cadre qui était créé par lui-même, jusqu’à une date récente. Il avait toujours fait son « nid » dans des forces syndicales et politiques déjà constituées (Fesci, rébellion , gouvernement, Primature, Rdr, Rhdp, Assemblée nationale).

​En février 2019, un nouveau parti politique, le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI), a été constitué à Abidjan pour soutenir la candidature de l’ex-président de l’Assemblée nationale à la présidentielle de 2020. Il y a eu ensuite Générations et Peuples Solidaires (GPS), un mouvement qu’il a créé et dont il a pris la présidence. C’est à travers le mouvement GPS que Guillaume Soro, en Espagne, le samedi 12 octobre 2019, puis, devant les journalistes, sur RFI et France 24, le vendredi 18 octobre 2019, a, officiellement, annoncé sa candidature à la présidence de la République en 2020.

Les 11 mois qui se sont écoulés entre le 8 février et le 23 décembre 2019 ont été riches d’événements et d’annonces de toutes sortes, d’alliances supposées et de rencontres discrètes, Guillaume Soro cherchant à rester au centre de la scène politique ivoirienne, alors qu’il restait hors du pays.
Cette marche entamée le 8 février 2019 par Guillaume Soro a pris une autre direction le 23 décembre 2019 pour quel destin ?

[ L’épreuve du 23 décembre ] 2019

​Certains observateurs font remarquer que Henri Konan Bédié, à son époque, avait commis « l’erreur » d’écarter Ouattara de la course à la présidence. Et que c’est de cette erreur qu’est né le combat et l’ambition politiques, d’Alassane Ouattara.

Alassane Ouattara commet-il la même erreur en voulant écarter Guillaume Soro ? Guillaume Soro peut-il s’en réjouir et espérer avoir le même destin, que l’actuel président ivoirien parvenu à la tête de l’État après un long combat qui a duré de 1994 à 2010 ?

​Dans l’épreuve qu’il traverse aujourd’hui, la plus importante de sa vie politique, d’après rébellion quelle sera la capacité de résilience et de résistance de Guillaume Soro ? Quels sont ses forces et ses atouts pour réussir, avec plus de chances que Henri Konan Bédié ou Laurent Gbagbo pour « arracher » le pouvoir à Alassane Ouattara, pour déboulonner le Rhdp ?

​Après la mort d’ Houphouët et son départ de la Primature, Ouattara avait mis de nombreuses années pour conquérir le pouvoir, construisant le RDR, recevant l’appui d’une rébellion et le soutien de la France, et de la communauté internationale, après les élections de 2010.

Le Président de GPS parviendra-t-il à convaincre le peuple qu’il n’a rien à se repprocher et que les accusations portées contre lui par le procureur de la République ne tiennent pas, le pouvoir cherchant tout simplement à le maintenir à l’extérieur jusqu’à la fin des élections en 2020 ?

[ Un sort à un sort à la Katumbi Moïse, en RDC ? ]

Ou bien Guillaume Soro prendra-t-il finalement le risque de rentrer, alors que la prison l’attend, si les choses restent en l’état ? Peut-il compter sur la rue, sur une insurrection populaire pour le porter au pouvoir ?

​Chacun attend, les nouvelles révélations du procureur de la République et la diffusion annoncée de certains enregistrements audio. D’ici là, les Ivoiriennes et les Ivoiriennes chercheront à passer des fêtes de Noël et de Nouvel an dans le calme, avec un peu la peur au ventre quand même, malgré les assurances répétées du chef de l’État, Alassane Ouattara : « tout se passera bien en 2020. Il n’y aura rien ! »


​​​​​​​​​​Wakili Alafé

Commentaire

PARTAGER