Ce n’est pas parce qu’il y’a des élections qu’on ne doit pas accomplir nos missions (Procureur Adou Richard, Soro, Côte d’Ivoire )

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Le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Adou Richard Christophe a annoncé, le mardi 6 octobre 2020, la saisine du procureur général près la Cour d’appel d’Abidjan, à l’effet d’ouvrir une instruction concernant l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et 19 personnes accusés de complot et atteinte contre l’autorité de l’État.

L’affaire remonte au 26 décembre 2019, date à laquelle le procureur Adou Richard annonçait que la Direction de la surveillance du territoire (DST) avait dévoilé un enregistrement sonore faisant état de la mise en œuvre imminente d’un complot contre l’autorité de l’État orchestré par l’ex-Président de l’Assemblée nationale et certains de ses proches. Adou Richard avait aussi annoncé l’ouverture d’une information judiciaire qui avait permis l’interpellation, l’interrogatoire et la conduite devant le magistrat instructeur de 47 personnes.

« Le juge d’instruction a achevé ses investigations et nous a communiqué la procédure pour prendre nos réquisitions. Cette information judiciaire a clairement démontré l’implication active de certains inculpés dans la commission de faits de nature criminelle, révélé que d’autres inculpés n’avaient commis que des faits délictuels et a totalement mis hors de cause 19 inculpés », a expliqué le procureur Adou Richard. En revanche, l’implication effective et active de 8 inculpés, entre autres, les députés Soro Kanigui Mamadou, Camara Loukimane et Kando Soumahoro pour des faits de trouble à l’ordre public, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les Institutions et leur fonctionnement et ayant entraîné une atteinte au moral des populations, a été révélée par cette information judiciaire . « Ces faits prévus et punis par les articles 179, 183 et 190 du Code pénal étant de nature délictuelle, leur renvoi devant le Tribunal correctionnel pour y être jugés conformément à la Loi a été requis et ils encourent 5 à 10 ans de prison. Quant aux nommés Soro Kigbafori Guillaume, Soro Porlo Rigobert, Affoussiata Bamba Lamine, Lobognon Alain, Koné Kamaraté Souleymane alias Soul to Soul, Sékongo Félicien, Soro Simon (…) l’information judiciaire a démontré indubitablement leur participation active dans la commission des faits de complot et atteinte contre l’autorité de l’État, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les Institutions et leur fonctionnement et ayant entraîné une atteinte au moral des populations et trouble à l’ordre public ; tentative de complot et tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national, pour certains. Ces faits étant de nature criminelle, nous avons requis, conformément au Code de procédure pénale, la transmission à Monsieur le procureur général près la Cour d’appel d’Abidjan, du dossier de la procédure et un état des pièces servant à conviction, aux fins de saisine de la Chambre d’instruction (…) Pour les faits de nature criminelle, c’est la prison à vie », a-t-il poursuivi.


« L’agenda électoral est différent de l’agenda judiciaire »

Répondant à quelques questions, Adou Richard a indiqué que « l’agenda électoral est différent de l’agenda judiciaire », car tout ne doit pas s’arrêter parce qu’il y a une élection présidentielle qui se prépare : « Le procureur de la République recherche à charges. Dès lors que les indices sont concordants, le procureur de la République fait procéder à des arrestations et confie le dossier pour le reste, surtout lorsque la procédure est criminelle, au juge d’instruction, qui instruit à charges et à décharges et qui est tenu de transmettre le dossier au procureur de la République pour le deuxième degré, c’est-à-dire la Chambre d’instruction de la Cour d’appel par voie du procureur général près la Cour d’appel (…) La Chambre d’instruction de la Cour d’appel a aussi la possibilité de mettre certains inculpés en liberté provisoire (…) Ce n’est pas parce qu’il y a des élections qu’on doit tous s’arrêter et ne pas accomplir nos missions. Je n’ai vu cela dans aucun pays du monde. Les gens feront campagne, les jours ouvrables ils iront travailler. Le jugement même permet à une personne contre qui il y a des charges, de démontrer à l’audience qu’elle n’a rien fait. Quand il n’y a pas de jugements, les gens disent les choses tardent, quand il y en a, on dit il faut attendre, il y a les élections. Il faut qu’on sache quel est le juste milieu ».

Olivier Dion

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