Dernère publication
Le mercredi 10 mars 2021, dans les locaux de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) au II-Plateau Vallons, Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI) et des victimes de son collectif, ont dénoncé une complicité entre l’État de Côte d’Ivoire et la Cour pénale internationale (CPI) pour éviter à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de « répondre de leurs actes », mais de rentrer en Côte d’Ivoire.
Un document de protestation a été remis à cet effet aux responsables de la CNDH
« Ce document dénonce un certain nombre de manquements des actions de la CPI en Côte d’Ivoire. Nous dénonçons aussi ce que nous avons qualifié de collision entre la CPI et États de Côte d’Ivoire qui accompagnent les partisans de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé pour qu’ils rentrent en Côte d’Ivoire. La CPI et l’État de Côte d’Ivoire se sont mis ensemble pour ne pas exécuter le mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo. En plus, cette même coalition s’est mis d’accord pour ne pas poursuivre d’autres auteurs de crimes, en dehors de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ce sont des situations que nous ne pouvons plus accepter et observer sans réagir », a condamné Issiaka Diaby. Pour lui , les victimes de la crise post-électorale de 2010-2011, à ce jour, n’ont pour seule préoccupation que l’éclatement de la vérité. Mais pour eux, tout a été orchestré pour que les deux hommes s’en sortent, sans être inquiétés. « Les victimes ont soif de vérités concernant l’affaire Laurent Gbagbo. Certaines victimes estiment qu’il y a eu des manœuvres pour permettre à Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo d’échapper aux poursuites pénales. Nous disons que la CPI doit faire en sorte de vider ce lourd contentieux entre les victimes et elle », a-t-il fait savoir.
Pour ces victimes, en 10 années de procédure, la Cour pénale internationale n’est parvenue à régler cette affaire. Elles sont donc venues transmettre à la CNDH ce document dans lequel elles mentionnent désormais leurs volonté de se faire entendre par tous moyens légaux.. « 10 ans après la crise post-électorale, nous estimons que les victimes ont assez attendu, notamment en ce que concerne la question de la restauration de leur dignité, à travers les actions de la justice répressive et réparatrice, notamment en ce qui concerne la CPI. Voyez-vous, 3000 morts, la CPI mène des actions depuis 10 ans, personne n’a jamais été condamné. La seule action qui a été menée vise Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Et là encore, il y a un acquittement. Heureusement que le bureau du procureur a interjeté appel de cette décision. Nous estimons que, dans tous les pays du monde, lorsqu’il y a une procédure de justice, lorsque l’une des parties n’est pas d’accord, elle a droit à un second procès. Nous pensons que la CPI n’a pas le droit et ne peut pas empêcher les victimes d’aller à un nouveau procès. Surtout que, face à ses résultats, les victimes commencent à douter un peu d’elle. Cette situation nous préoccupe à tel point que nous avons le sentiment que les actions futures de la CPI en Côte d’Ivoire sont compromises, y compris même son existence dans le pays », a-t-il déploré.
« Des victimes ont estimé qu’elles ont été exclues par la Cpi du processus »
Issiaka Diaby a également condamné le fait que des victimes aient été, selon lui, empêchées par le bureau du procureur de la CPI, de témoignages à la barre. « Des victimes ont été entendues, mais c’est le bureau du procureur qui a fait le choix de ses témoins.
Sur quels critères s’est-il basé ? Seul, il le sait. Mais des victimes ont estimé qu’elles ont été exclues du processus parce que les incidences dont elles ont été victimes n’ont pas été sélectionnées par le bureau du procureur. Pour elles donc, ce sont des manœuvres savamment orchestrées pour ne pas que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé répondent de leurs actes. C’est pourquoi ces personnes demandent aujourd’hui qu’il y ait une deuxième procédure pour qu’elles puissent y participer, porter leurs témoignages, pour obtenir juste et réparation », a-t-il appelé.
Il a appelé la CPI à déclencher d’autres poursuites, en dehors de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. « Nous avons toujours demandé que d’autres personnes impliquées soient poursuivies. Nous n’avons pas voulu communiquer sur un certain nombre d’incidents qui, éventuellement, peuvent être reprochés à un certain nombre de personnes, parce que ces poursuites n’ont pas été actées sur des documents officiels de justice. Donc, nous réservons d’indexer un certain nombre de personnes. Mais, des noms circulent au niveau d’un certain nombre de communautés de victimes. Des noms que nous ne voulons pas divulguer, mais il faut que la CPI agisse afin que ces personnes soient inquiétées, pour que les Ivoiriens vivent en paix dans le pays » a-t-il appelé.
J-H Koffo