Oscars du cinéma aux Etats-Unis Le cinéaste Iranien Asghar Farhadi proteste contre le décret du president Trump

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En signe de protestation contre la décision de la nouvelle administration américaine d’interdire l’entrée des ressortissants iraniens aux États-Unis, le cinéaste Asghar Farhadi décide de boycotter les Oscars 2017. Son dernier film Le Client faisait partie des sept nominés dans la catégorie du meilleur film étranger.

Il a produit un communiqué paru dans sa traduction anglaise dans The New York Times, selon l’agence ISNA. En voici la traduction en français :
« Je suis navré d’annoncer par ce communiqué mon refus de prendre part cette année à la cérémonie des Oscars et de ne pas faire partie du monde du cinéma qui y sera présent. Ces derniers jours, malgré l’injuste interdiction d’entrée aux États-Unis imposée aux ressortissants et voyageurs de certains pays, je comptais être présent aux Oscars et mes quelques commentaires relayés par les médias ne voulaient pas insinuer une éventuelle absence ou le boycott de la cérémonie en signe de protestation. Car je suis conscient que de nombreux acteurs du monde du cinéma américain et membres de l’Académie sont contre l’extrémisme qui se fait plus latent de jour en jour. Le jour où l’Académie délibérait, j’ai dit à mon distributeur aux États-Unis que je serais à la cérémonie des Oscars accompagné de son cameraman. Mon intention était de participer à cette immense manifestation culturelle. Mais à présent, il semblerait que ma présence, compromise par tant de tâtonnements, ne soit plus possible, même si on faisait une exception pour mon voyage aux États-Unis. Alors, permettez-moi de prononcer dans cette présente ce que j’envisageais d’exprimer durant mon séjour. La conception du monde des fanatiques, partout dans le monde, en dépit des guerres et des conflits politiques, est la même. Ils n’ont pas d’autre alternative que de diviser le monde en deux parties : nous et les autres. En diabolisant les autres, ils sèment les graines de la peur et de la méfiance au sein de leur peuple. Cela ne se limite pas aux États-Unis. Dans mon pays, les fanatiques sont pareils. Il y a longtemps que des deux côtés de l’océan, les fanatiques et les radicaux tentent de diaboliser la nation adverse pour en projeter une image faussée, semer la discorde et la haine de par leurs différences culturelles et provoquer la peur de par leur haine. La peur est un instrument infaillible pour justifier l’extrémisme et la radicalité des esprits bornés. Cela étant, je crois aux affinités culturelles et religieuses entre les humains sur cette terre, qui sont plus importantes que leurs différences. Je crois qu’il faut chercher la racine des violences entre les peuples dans les humiliations qu’ils ont subies. L’humiliation des peuples d’aujourd’hui est sans nul doute les prémices des violences de demain. L’humiliation des autres peuples dans le but d’assurer la sécurité de son propre peuple n’est pas un phénomène nouveau et a toujours été le moyen de creuser des abîmes et générer des rancunes dans le futur. Je tiens à exprimer mon écœurement face à la situation injuste qui a été imposée par les États-Unis à nombre de mes compatriotes et aux peuples de six autres pays. J’ose espérer qu’une telle mesure ne créera pas davantage de distance entre les nations. »
M.O /Source Press TV

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