Dernère publication
Le terrorisme et le grand banditisme se répandent comme une trainée de poudre. Dans le nord du pays, la protection et la sécurité de la population deviennent une priorité.
Ce début d’année 2022 est très encourageant. Face au fléau sécuritaire, les autorités ivoiriennes se sont engagées à inverser la tendance, en ripostant sur des axes économiques et capacitaires, tout en favorisant la coopération régionale.
Région sinistrée, le nord-est du pays frontalier avec le Burkina-Faso subit actuellement l’afflux d’une centaine de réfugiés par jour, selon le Haut-commissariat de l’Onu aux réfugiés. Depuis deux ans, des attaques sont signalées. Plus inquiétant encore, la recrudescence de pièges sur les routes. En effet, le 1er février de cette année, selon des sources sécuritaires, un engin explosif improvisé a encore été découvert sur l’axe Tehini-Kointa.
Face au déploiement massif de l’armée ivoirienne dans la zone, les djihadistes changent de stratégie.
Afin que les jeunes ne soient pas tentés de rejoindre les rangs des groupes armés djihadistes, pour des raisons essentiellement liées aux problématiques sociales et financières, le gouvernement ivoirien a décidé de mettre l’accent sur des actions sociales. Ces dernières passent par le développement économique et la confiance dans les structures de l’Etat.
Fin janvier, lors de sa visite à Kafolo, village frappé en 2020 et 2021 par des attaques djihadistes et toujours menacé, le Premier ministre Patrick Achi a annoncé un plan d’investissement de 8,6 milliards FCFA. Ce plan servira à renforcer l’insertion et la formation de près de 20 000 jeunes issus des zones frontalières du nord.
Un renforcement conséquent des capacités militaires
Les forces de défense et de sécurité ne sont pas en reste. Lors de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux le 2 février dernier à Abidjan, le président de la République et chef suprême des armées s’est vu rassurant. Alassane Outtara a annoncé le renforcement de la « puissance de feu » de l’armée et l’appui constant du gouvernement.
Des efforts conséquents ont été faits en ce sens, avec « l’arrivée prochaine de patrouilleurs de haute mer afin d’accroitre la souveraineté de la marine nationale », a-t-il précisé. Sans compter les moyens d’acquisition du renseignement et d’intervention rapides pour les unités en opérations dans le Nord du pays, les équipements et les matériels roulants (200 nouveaux véhicules militaires), ou les effets et équipements individuels du soldat. Les infrastructures militaires se voient renforcées avec la création de 18 casernes, dans les six régions frontalières de la zone nord du pays.
Pour contrer efficacement et dans la durée tous types de menaces, le chef de l’Etat estime que l’armée doit rajeunir. Les départs à la retraite ayant déjà été initiés, près de 3 000 jeunes soldats ont déjà rejoint des sites de formation, à l’issue d’un concours. L’objectif est d’en recruter 10 000 sur trois ans.
Une coopération régionale incontournable
Travailler en synergie pour renforcer les capacités militaires des armées et consolider la formation des forces de sécurité (militaires, policiers, civils) font partie des grands axes d’efforts évoqués lors du « Séminaire de renforcement des capacités contre le terrorisme » qui s’est tenu à Abidjan, à l’initiative de la Côte d’Ivoire et du Ghana, du 24 au 28 janvier derniers. « Ce combat dépasse les limites des casernes. Il faut prendre des mesures pour contrecarrer le terrorisme au lieu d’attendre pour constater les dégâts », a indiqué, le général de brigade Diarrassouba Bakary, directeur des affaires stratégiques du ministère de la défense ivoirien.
Pour poursuivre sur les efforts, le 1er février, a eu lieu l’adoption du projet de loi à l’Assemblée nationale portant création de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT). Cette académie, située à Abidjan, est constituée d’une école de formation des cadres, d’un centre d’entrainement pour les unités spécialisées et d’un institut de recherches stratégiques. Elle a pour objectif de rétablir la sécurité et éradiquer le terrorisme en Côte d’Ivoire et plus globalement dans la région sahelo-saharienne. Pour atteindre cet objectif, la coopération avec les pays voisins est incontournable. « L’AILCT doit devenir un pôle d’expertise et de compétences régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos Etats et de la sécurité de nos populations », avait déclaré le président ivoirien, Alassane Ouattara, lors de son inauguration en juin 2021. Si jusqu’à présent l’Académie n’a reçu que des stagiaires ivoiriens, elle envisage d’accueillir des unités spécialisées, militaires, policiers, magistrats et chercheurs provenant des pays de la sous-région.
Constantine Ndoko