Après la libération des emprises le 25 juillet 2024- La chefferie d’Abidjan Adjamé Village appelle à la reprise des négociations

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Mobio Kossokré Prosper (2ème, de la gauche vers la droite), secrétaire général de la chefferie d'Adjamé village.

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À Abidjan Adjamé Village, quelle est la situation après la libération des emprises le jeudi 25 juillet 2024.

Le siège de la chefferie d’Adjamé village, dans la commune d’Adjamé sert de refuge à certains habitants, depuis le lancement d’une opération de libération des emprises, dans le cadre du projet de construction du 4ème pont d’Abidjan.

Ce qui saute aux yeux à Adjamé village, c’est le calme qui règne et la présence d’un important détachement de la police nationale. Les populations s’en remettent à Dieu.

« Nous vivons un désastre humain dû à des incompréhensions. Nous sommes dans un village et quand on veut mener un projet, il faut prendre langue avec les populations concernées. Pour ce que nous savons, c’est que cette voie ne devait pas passer par Adjamé village, ni par l’avenue Reboul. C’est pourquoi nous demandons le respect du tracé initial. Nous avons échangé avec les émissaires du Premier ministre Robert Beugré Mambé au cours du mois de mai 2024. Au niveau de la chefferie, nous avons mis en place une commission de 10 membres pour conduire les négociations en 13 points. C’est dans l’attente de la validation de ces points par le Premier ministre que, le jeudi 25 juillet 2024, des individus armés de machettes, de gourdins, avec des sacs remplis de pierres ont attaqué nos parents », a confié le secrétaire général de la chefferie d’Adjamé village, Mobio Kossokré Prosper.
Selon lui, plusieurs distances qui devaient faire l’objet de libération, ont été annoncées sur le tracé . « D’abord on a parlé de 30 mètres, puis 25, puis 15, puis 13 mètres. Nous implorons Dieu, afin qu’il touche le cœur du Président de la République et du Premier ministre. Nous voulons toujours être ensemble. On ne parle de village que dès lors que tout le monde vit ensemble. Il faut que le Président de la République et le Premier ministre fassent en sorte que le village existe. Il faut qu’ils soient regardants sur cette question, c’est pourquoi nous demandons de revenir à la table de négociation, afin de trouver une solution pour le cas spécifique d’Adjamé village. C’est un village. C’est Adjamé village qui a donné naissance à la commune d’Adjamé et à la ville d’Abidjan. Il faut qu’on trouve une solution pour les enfants qui dorment dans les gravats, les femmes qui se lavent dehors. Il faut mettre fin aux démolitions pour aller à la négociation », a ajouté Mobio Kossokré. Il a insisté sur le fait que le chef du village, Nandjui Boua Chérubin, n’a pas reçu 5 FCFA pour une quelconque indemnisation. « Ce sont des allégations, une malice pour induire le peuple en erreur et faire croire que nous sommes de mauvaise foi », dénonce-t-il.

Des démolitions au-delà de ce qui était prévu

La deuxième phase de ce projet doit partir de la mairie, passer par l’avenue Reboul pour atteindre la caserne des sapeurs-pompiers de l’Indénié. Dans leurs témoignages, des personnes impactées indiquent que les démolitions effectuées le 25 juillet 2024, ont dépassé les limites prévues. « Je suis née à Adjamé village, j’ai tout fait ici. La question que je me pose c’est est-ce qu’un pont passe au milieu d’un village ? C’est vrai que nous sommes en ville, mais nous formons un village, nous avons nos traditions. Même si un pont doit passer dans le village, il faudrait que cela se fasse avec l’accord des villageois. Pendant que les gens sont en pourparlers, on décide de tout casser et on va même jusqu’à dépasser les limites qui étaient prévues. Je suis choquée et en colère, parce que nous sommes impuissants. Mais, on a un Dieu à qui on regarde », a dit Lucette Koutouan . Assise à côté, une autre native du village regrette la destruction de l’héritage culturel Atchan : « On parle de milliards sur un compte-séquestre, cela veut dire que rien n’a été donné au chef. Il faut qu’on soit sérieux. Moi, je suis la petite-fille de Nandjui Abrogoua. La maison de mon grand-père a été détruite par deux caterpillars. Cette maison, c’est toute une histoire. Tout est parti comme ça ».

Olivier Dion

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