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Cette année, les producteurs de cacao s’attendent à une récolte 3 à 4 fois inférieure à la précédente, en partie à cause des pluies survenues au mois de juillet. Enquête sur la création d’une inflation de l’or brun.
La Cote d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec une production moyenne de 1,4 million de tonnes, sur les 10 dernières années. La filière contribue pour un tiers aux recettes d’exportation du pays et à 20 % pour la formation de la richesse nationale. Un quart de la population ivoirienne dépend de la production de cacao. Il s’agit d’un réel enjeu pour le développement économique et social du pays, ainsi qu’un outil essentiel de lutte contre la pauvreté.
L’industrie du cacao en Cote d’Ivoire emploie 600 000 producteurs et fait vivre environ 6 millions de personnes selon le conseil du café-cacao. Une agriculture précaire qui nécessite des conditions optimales d’ensoleillement et de précipitations. Les intempéries dues au phénomène « El Niño », caractérisées par des températures anormalement élevées de l’eau dans l’est de l’océan Pacifique sud, sont à l’origine de fortes pluies dans les zones de production, entraînant la chute de fleurs naissantes et la prolifération de maladies fongiques. Ces facteurs ont créé une baisse de la production de 25% des récoltes de 2023 à 2024 selon l’agence Reuters. Des prévisions de rendement en berne, assorties à une demande mondiale en forte augmentation, donne lieu à une envolée du cours de 77% sur un an. Dans ce contexte de demande supérieure à l’offre, le Conseil Café-Cacao a décidé de stopper l’exportation de cacao pour le mois de juin 2024 , accentuant l’effet d’inflation sur les cours de la fève.
Une marge pour la production
A un mois des élections présidentielles, les autorités ont décidé une augmentation de 50 % du prix de la fève de cacao , élevant la valeur au kg à 1500 FCFA soit 2,47 dollars au lieu de 1,86 dollar.« Il y avait plusieurs propositions sur la table et, en dernier recours, le président voulait le prix le plus élevé possible pour les producteurs. Il a donc décidé de fixer le prix à 1.500 FCFA par kg au lieu de 1.200 CFA, ce qui avait été validé précédemment », a affirmé à Reuters le directeur d’une société d’exportation européenne.
La Côte d’Ivoire est dépendante de sa production et de son exportation de cacao aux multinationales. Évaluée à 14 % de son PIB , la fève est un élément essentiel de son économie. Le développement d’une industrie de transformation du cacao lui permettrait de s’émanciper de ce système, tout en lui garantissant une prédominance sur un marché en forte demande. Dans cette optique, Abidjan ambitionne d’ici 2030 l’implantation de nouvelles usines, comme celle inaugurée en juillet dernier à proximité du port de San Pedro.
Constantine