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La Centrale Syndicale Agricole de Côte d’Ivoire a tenu une conférence de presse le vendredi 27 septembre 2024 à Abidjan-Cocody, au cours de laquelle elle a demandé à l’Union européenne et aux industriels du chocolat de reporter d’un an la mise en application du règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE).
Elle a également appelé à l’ouverture de négociations avec le gouvernement ivoirien, le Conseil Café-Cacao et les syndicats agricoles. Des thématiques importantes pour l’avenir de la filière cacao en Afrique de l’Ouest ont été soulevées, notamment le prix bord-champ du cacao au Cameroun, la protection des forêts classées, ainsi que les nouvelles exigences réglementaires pesant sur les producteurs.”
|Prix bord champ Cameroun|
Selon Seydou Kiébré, président de la Centrale Syndicale Agricole de Côte d’Ivoire
, qui a effectué un voyage à Douala, du 19 au 25 septembre 2024, le prix bord-champ au Cameroun est en constante évolution et influencé par divers facteurs économiques. Il a également précisé qu’en Côte d’Ivoire, le système choisi est celui de la stabilisation. Pour lui, malgré la libéralisation du secteur au Cameroun, les producteurs camerounais n’ont pas les mêmes avantages qu’en Côte d’Ivoire, où l’État a mis en place des centres d’excellence pour le traitement post-récolte.”
« Nous remarquons que nous n’avons pas le même système de commercialisation ; d’un côté la libéralisation et de l’autre la stabilisation. Les centres d’excellence de traitement post récolte cacao, structures dotées d’équipements de fermentation, de séchage et de stockage spécifique avec un itinéraire de contrôle strict de la qualité des fèves du cacao « zéro défaut » avec un prix minimum. » a-t-il lancé
|Déguerpissement des forêts classées de Bonon/Protection des forêts et de l’environnement|
Thibeaut Yoro, Secrétaire général de la Centrale , a rappelé que toutes les thématiques liées à la nécessité de protéger la forêt ivoirienne et les espèces en voie de disparition doivent être abordées avec réalisme et sans émotion. Il a souligné l’importance de ces mesures pour atténuer les effets du changement climatique, qui affectent négativement nos cultures et nos vies.”
. «On est tous d’accord sur la nécessité des déguerpissements dans les forêts classées mais quand on parcourt les localités déguerpies, il nous est imposé de constater la violence avec laquelle les opérations se sont déroulées et comme si cela ne suffisait pas les populations ont été victimes de vol, de pillage, d’incendie de domicile avec tout leur contenu par les hommes en treillis commis à la tâche. Aujourd’hui nous devons gérer une situation humanitaire avec tous ces élèves qui ne savent s’ils regagneront les salles de classe, leur famille respective n’ayant plus domicile» a-t-il dit
|Nouvelles exigences de la Filière Cacao|
Sur le dernier point relatif aux nouvelles exigences de la filière Cacao, de nombreuses questions demeurent sur les conditions techniques, organisationnelles et financières de leur mise en conformité, selon les conférenciers .
Le Secrétaire général de la Centrale de la filière Café-Cacao a indiqué que les réglementations ouest-africaines (ARS100) et européennes (RDUE) visent à généraliser des pratiques de production de cacao respectueuses de l’environnement. Bien que les objectifs de ces nouvelles réglementations soient louables, leurs exigences auront un impact direct sur les coopératives de producteurs de cacao ivoiriens.”
« Pour vendre à un acheteur exportant ou important dans l’Union européenne, les coopératives devront adopter quatre nouvelles pratiques : la géolocalisation, un dispositif de géoréférencement de toutes les parcelles de production de cacao de leurs membres, un système interne de gestion de l’information, et la garantie de la légalité de la production. Cela inclut la conformité aux lois ivoiriennes, telles que les normes de production durable, la propriété foncière, les réglementations administratives, la lutte contre le travail des enfants, et le respect du droit du travail”, a-t-il expliqué.
|Mesures urgentes applicables pour un Rdue|
Selon l’opération de Recensement des Producteurs de Café-Cacao et de leurs Vergers (RPCCV), 123 644 producteurs ont été recensés dans les forêts classées, soit 12 % de l’ensemble des producteurs recensés, dont 4 % sont des femmes et 96 % des hommes. La superficie totale des parcelles de café et de cacao géolocalisées dans les forêts classées est de 483 123 hectares, soit 15 % des superficies totales levées, avec 403 751 hectares pour le cacao, 4 037 hectares pour le café, et 75 332 hectares pour le café-cacao.
En outre, 114 351 enfants âgés de 0 à 17 ans ont été enregistrés dans les ménages des producteurs recensés dans les forêts classées, représentant 11,9 % des enfants recensés. Parmi eux, 85 032 enfants âgés de 5 à 17 ans ont été identifiés, dont 58 132 sont inscrits à l’école, ce qui représente un taux de scolarisation de 68 %.”
Mamadou Ouattara avec Cécile Mobio