Félix Tshisekedi accusé de ralentir les négociations de paix entre la RDC et le Rwanda

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Jeune Afrique

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Une succession d’événements, ainsi que diverses analyses, jettent un doute sur la volonté du Président congolais d’œuvrer pour une pacification des relations avec le Rwanda.

Depuis sa dernière réélection, Félix Tshisekedi admet volontiers que l’apaisement de la tension diplomatique avec le Rwanda voisin est l’une des priorités de son nouveau quinquennat. Le président congolais est même convaincu que ce dossier est une urgence pour éviter que ces tensions diplomatiques mutent en conflit armé. Sauf que plusieurs intellectuels doutent de la détermination du locataire du palais de la Nation à vouloir ramener la paix entre Kinshasa et Kigali.

Ces intellectuels mettent pour la plupart du temps en avant l’attitude belliqueuse de Félix Tshisekedi, qui a l’art d’envenimer la situation précaire entre les deux pays avec des effets de manche. C’était le cas, pendant la campagne présidentielle, quand il n’a pas hésité à comparer le président rwandais Paul Kagame à Adolf Hitler. « Je vois mal comment on pourrait arriver à une normalisation avec le Rwanda après ce type de déclarations. Il va finir par réagir à ces menaces, et les pays voisins vont continuer à s’impliquer dans la politique congolaise», regrette le politologue Bob Kabamba, au micro de TV5 Monde. Des sources concordantes affirment même que les Etats-Unis, très impliqués pour une baisse de tension entre les deux Etats, ont eu beaucoup de mal à cacher leur malaise.

À Addis Abeba en Ethiopie, la Commission de l’Union africaine craint aussi que l’attitude jusqu’au boutiste du président congolais ne sape durablement le travail de médiation engagé par l’Angola. Si officiellement les négociations se poursuivent, avec une 5ᵉ réunion ministérielle prévue le 12 octobre 2024, il est difficile de dire qu’elles avancent véritablement. Lors de la réunion du 14 septembre 2024, un tournant décisif semblait pourtant se profiler avec l’adoption d’un plan conjoint visant à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et à lever les mesures défensives prises par le Rwanda. Ce plan, élaboré par des experts des trois pays concernés, dont la République démocratique du Congo (RDC), avait été soutenu par les responsables militaires, y compris le chef du renseignement militaire congolais. Toutefois, selon le chef de la diplomatie rwandaise Olivier Nduhungirehe, à la suite d’un mystérieux coup de fil, la ministre des affaires étrangères de la RDC s’est soudainement opposée à son adoption. Retour à la case départ.

Une fois encore, un doigt accusateur est pointé vers Félix Tshisekedi. Le président congolais, en France dans le cadre du Sommet de la francophonie, n’a pas hésité à boycotter le huis clos des chefs d’État samedi après-midi 5 octobre 2024 et n’a pas non plus participé au déjeuner offert à la mi-journée par Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l’OIF. À ce rythme, beaucoup voient mal les négociations de paix prospérer… ./

Charles K

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