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Alors que Human Rights Watch souligne des préoccupations sur les conditions de détention au Rwanda, le pays continue de faire des efforts louables pour réformer son système pénitentiaire et promouvoir la réhabilitation des détenus.
Le récent rapport de Human Rights Watch (HRW) sur les conditions de détention dans les prisons rwandaises a fait grand bruit. Publié le 15 octobre 2024, ce document accuse les autorités pénitentiaires de torture et de mauvais traitements dans plusieurs établissements, notamment à Kwa Gacinya, Nyarugenge et Rubavu. Des allégations graves, qui soulèvent des questions sur le respect des droits de l’homme dans un pays souvent cité en exemple pour sa stabilité et ses efforts pour réformer son système carcéral depuis le génocide de 1994.
Des avancées en matière de droits humains
Depuis 1994, le Rwanda a fait des avancées majeures en matière de droits humains. À la fin du génocide, les prisons étaient surpeuplées avec plus de 100 000 personnes accusées d’avoir participé aux massacres. Les observateurs internationaux, tels que l’ONU et la Croix-Rouge, ont salué la gestion des prisons rwandaises malgré la surcharge. Le gouvernement a créé les tribunaux Gacaca pour juger rapidement les responsables du génocide, permettant de désengorger les prisons tout en rendant une justice équitable et adaptée au contexte local.
Le Rwanda a, depuis lors, été applaudi pour sa gestion des prisonniers, notamment ceux condamnés pour les crimes de 1994. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a rapporté en 2022 que le Rwanda fait partie des pays africains où le taux de récidive est le plus faible, avec moins de 10 %. Le Comité international de la Croix-Rouge, qui a régulièrement accès aux prisons rwandaises, a quant à lui salué en 2023 des progrès significatifs dans la réduction de la surpopulation carcérale et l’amélioration des conditions de vie des détenus. Il fait état d’un accès accru aux soins de santé et une alimentation régulière pour tous les prisonniers.
HRW interpelle pourtant sur des témoignages inquiétants qui font état de passages à tabac et de mauvais traitements. Depuis 2003 en effet, plusieurs dizaines de responsables de la sécurité ou du système carcéral ont été jugés et condamnés pour des actes de corruption, de brutalité ou d’abus d’autorité. En 2021, une enquête menée par les autorités rwandaises à la prison de Muhanga a conduit à l’arrestation de plusieurs gardiens accusés de maltraitances sur les détenus. Une volonté de rendre des comptes qu’on peut interpréter comme un signal positif, même si des améliorations restent nécessaires.
Des défis partagés : la situation pénitentiaire en Afrique
Le Rwanda est loin d’être isolé dans ses difficultés à gérer son système pénitentiaire. En Côte d’Ivoire, les prisons font régulièrement face à des problèmes de surpopulation extrême et de violences internes. En 2021, le Comité international de la Croix-Rouge signalait que certaines prisons ivoiriennes détenaient trois à quatre fois plus de prisonniers que leur capacité maximale. Des émeutes violentes ont éclaté à la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) en 2020, illustrant la crise de gestion du système pénitentiaire ivoirien.
La situation n’est guère meilleure en République Démocratique du Congo (RDC). Le rapport de HRW de 2022 mentionne des conditions de détention extrêmement précaires, avec des infrastructures délabrées et des cas de tortures systématiques. La prison centrale de Makala à Kinshasa a été décrite comme un « enfer » par plusieurs ONG, avec une surpopulation chronique et des violences internes souvent ignorées des autorités. En août 2024, près de 1 000 prisonniers se sont échappés de cet établissement, témoignant de la désorganisation et de la surpopulation endémique.
Si ces comparaisons n’excusent pas les dysfonctionnements relevés par HRW dans les prisons rwandaises, elles montrent que le Rwanda, malgré ses lacunes, reste en avance par rapport à nombre de ses voisins en termes de gestion carcérale.