Dernère publication
Conformément à toutes les prévisions, George Weah est arrivé largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle qui s’est déroulée le 10 octobre 2017 au Liberia.
Aucun candidat n’ayant obtenu la majorité absolue lors de ce premier tour , la Commission électorale a annoncé, le dimanche 15 octobre, qu’il y aurait un second tour. La surprise vient plutôt de la présence, au second tour, du vice-président Joseph Boakai, soutenu par la Présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats.
George Weah est incontestablement le candidat le plus populaire, alors que le Vice-président n’a pas laissé l’image d’un homme d’action, capable de transformer le pays et d’engager les réformes nécessaires pour plus de justice sociale. Il apparaît même comme le représentant des forces de l’ancien système.
Avec une participation élevée, près de 75 %, les résultats portant sur plus de 95 % des bureaux de vote donnent 40 % des suffrages à George Weah, Joseph Boakai obtenant 30 %. George Weah est en tête dans 12 provinces sur les 15 provinces du pays, en particulier celle de la capitale, qui concentre 40% des électeurs libériens, et dont il est sénateur depuis 2014, après avoir battu largement le fils de la Présidente sortante. Arrivent ensuite parmi les 18 autres candidats, Charles Brumskine, avocat et vétéran de la politique, en troisième position avec 9,8 % des suffrages ; l’ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique, Alexander Cummings, qui obtient 7,1 % ; le sénateur Prince Johnson, chef de milice pendant la guerre civile (1989-2003 qui a fait 250 000 morts), est à 7 %, un score obtenu essentiellement dans son fief.
Un deuxième tour-piège ?
Le Liberia est-il vraiment « prêt pour la transition », comme le laissait entendre la Présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf, le jour du vote ? Le peuple, oui, incontestablement ! Et c’est ce qui fait de George Weah le favori du second tour. Mais non, car l’ancien système n’est pas prêt pour la transition. Il souhaite perdurer à travers le Vice-président Joseph Boakai. Le deuxième tour va-t-il à nouveau se transformer en piège pour Georges Weah, comme en 2005 ?
Nourri d’une plus grande expérience de la bataille pour l’élection présidentielle , entouré d’une équipe solide, doté d’un programme de développement économique et social, militant de la paix et de la réconciliation nationale, George Weah peut sortir vainqueur du piège de ce second tour. Il a l’appui de quelques Chefs d’Etat africains et de nombreuses capitales européennes. Washington et l’Union européenne lui ont fait la promesse d’une élection libre et transparente. Les alliances du second tour revêtent donc une importance considérable. L’ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique, Alexander Cummings, ferait, selon les observateurs, un excellent ministre des Affaires étrangères. Les relations sont plus difficiles avec Charles Brumskine, encore arrivé en troisième position, comme en 2005, mais avec moins de voix (14 % en 2005, 10 % en 2017). Il avait à l’époque refusé de soutenir George Weah pour le second tour. Comme en 2005, il peut jouer les arbitres lors de ce second tour, mais personne ne comprendrait qu’il apporte son soutien au Vice-président, après avoir combattu la politique d’Ellen Johnson Sirleaf. Mais, la politique politicienne se traduit souvent par des compromissions.
L’Afrique, mais aussi le monde entier, tournent leurs regards vers le Liberia qui s’apprête à écrire une page nouvelle de son histoire. Quelle sera cette histoire ? La transformation du pays avec George Weah ? La continuité dans l’immobilisme avec Boikai ? Les Libériens sont aujourd’hui avides de démocratie et de développement, en particulier la jeunesse. Cela fait de George Weah le favori du second tour, si l’élection est libre est transparente, ce à quoi se sont engagés Washington, Londres et l’Union Européenne.
Christian Gambotti, éditorialiste