Préservons la Côte d’Ivoire, maintenant et en 2020

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Dernère publication

Après la Centrafrique et le Burundi, le Kenya est actuellement l’exemple de ce à quoi conduit un affrontement politique régi par la logique de la conquête et de la confiscation du pouvoir et non par celle de la défense des droits de l’homme. Il est difficile, à ce propos, de ne pas voir en David Maraga, président de la Cour suprême Kényane, le symbole de la résistance désespérée du Droit face à la logique déchaînée de la conquête du pouvoir et des passions mortelles qui l’accompagnent.
Après la catastrophe électorale de 2000 qui conduisit à l’installation d’une dictature ethno-nationaliste dans notre pays, à une redéfinition communautaire de l’État et à une crise post-électorale en 2010 dont nous continuons à subir les effets, évitons en 2020, à notre patrie commune la Côte d’Ivoire, la répétition de cette aliénation politique avec sa cohorte de morts et d’indicibles souffrances.
Abrogeons la logique de la conquête et de la confiscation du pouvoir qui nous a conduits à déclencher prématurément en 2017 une campagne électorale motivée par une guerre de succession. Substituons à cette logique de la conquête du pouvoir, une logique de la défense des droits des populations.
Substituons à la politique anti-démocratique des stratégies efficaces pour la prise du pouvoir, une politique démocratique de représentation et de satisfaction des demandes des populations.
Faisons de la critique du gouvernement, une critique constructive argumentée destinée à le corriger et non pas une stigmatisation compulsive destinée le dénigrer, une dénonciation plate entreprise pour le délégitimer et le déstabiliser en vue de préparer le terrain à une nouvelle guerre de capture factionnelle du pouvoir d’Etat.
Ne fétichisons pas le pouvoir d’Etat. Ne transformons pas en un Absolu ce qui n’est qu’un moyen, le moyen du service des intérêts de la société civile par les élus de la société politique. Cette transformation des moyens en fins en soi est la figure ultime de l’aliénation et de la servitude volontaire. Faisons de l’exercice du pouvoir le moyen du service des populations et non une fin en soi ou un moyen du service des intérêts particuliers des gouvernants.
Faisons de notre affrontement politique national, un affrontement de programmes politiques et économiques divergents, de projets de société concurrentiels. Faisons de nos débats politiques, des débats d’idées et de propositions centrées sur la défense de l’intérêt général et du Bien commun. Faisons de notre débat démocratique national, un espace de défense et de promotion publique du respect de la dignité humaine et de son service. Ne faisons pas de notre affrontement politique national, un affrontement de personnes, un espace d’invectives, d’injures, de dénigrements, et d’humiliation.
Soyons patriotes au sens de citoyens responsables de leur État et de leur Gouvernement, soucieux de l’intérêt général, du Bien commun et de l’Unité de la Nation. Sachons, par patriotisme et par citoyenneté, préserver la Côte d’Ivoire du chemin du Burundi, de la Centrafrique ou du Kenya.
Ce propos n’est pas proféré de l’extérieur par un moraliste donneur de leçons. C’est le propos citoyen de notre propre raison en tant que nous pensons en patriote préoccupé et concerné par le destin de son pays et de son Etat.
Dr Alexis Dieth
Professeur de philosophie
Cedea.net

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