LA CHRONIQUE DU LUNDI : L’ACCES A L’ELECTRICITE EN CÔTE D’IVOIRE

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Réussir la révolution solaire à travers les Partenariats Publics Privés (PPP)

L’accès à l’électricité : une urgence absolue

L’industrie, l’eau, la santé, l’éducation, l’agriculture, les transports, la sécurité, l’amélioration des conditions de vie : rien n’est possible sans l’accès à l’électricité. L’énergie est un préalable à tout développement et à l’équilibre des territoires. Or, en Afrique, la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité. Alors que le continent atteindra 2,5 milliards d’habitants en 2050, ce sont, chaque année,  10 millions d’Africains de plus qui n’auront pas accès à l’énergie. L’urgence est économique, mais aussi sociale et environnementale.

L’ambition de la Côte d’Ivoire: devenir une puissance électrique

Le Président de la République, Alassane Ouattara,  souhaite faire de la Côte d’Ivoire l’une des grandes puissances électriques de la sous-région. Le plus grand barrage hydroélectrique de Côte d’Ivoire en construction à Soubré permettra d’accroître de 275 mégawatts la capacité de production d’électricité du pays. La puissance actuelle de la Côte d’Ivoire est de 1.975 MW, fournie à 72,5 % par quatre centrales thermiques et 27,5 % par six centrales hydrauliques avec l’ambition de porter sa puissance électrique nationale à 4.000 MW en 2020 et plus de 6.000 MW en 2030.

La Côte d’Ivoire, qui fournit déjà de l’électricité au Ghana, au Togo, au Bénin, au Burkina Faso et au Mali, prévoit aussi de vendre du courant à la Sierra Leone, au Liberia et à la Guinée.

D’abord répondre aux besoins nationaux

Aujourd’hui, malgré ces résultats encourageants, l’objectif d’une électrification totale du pays est loin d’être atteint. Selon le dernier rapport Energy Access Outlook 2017 (Agence Internationale de l’Énergie (AIE), 9 millions d’Ivoiriens n’ont toujours pas accès à l’électricité. L’électrification rurale constitue d’ailleurs l’un des axes majeurs de la politique économique et sociale du Gouvernement ivoirien. Il reste encore 5666 localités non électrifiées sur les 8513 localités que compte la Côte d’Ivoire. Combien d’écoles de village sont sans électricité ? Comment bien apprendre dans ces conditions ? Le Programme d’Electrification Rurale prévoit l’électrification de 500 localités chaque année, afin d’atteindre l’objectif de l’électrification totale de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2025.

Une nécessité : le choix de la révolution solaire avec le photovoltaïque

La Côte d’Ivoire a déjà amorcé sa transition énergétique en intensifiant la part des sources renouvelables dans sa consommation. Cette part doit atteindre la barre des 16 % d’ici 2030, notamment celle de l’énergie produite par des centrales solaires.  La Côte d’Ivoire bénéficie d’un taux d’ensoleillement global horizontal (GHI) moyen de 2077 kWh/m2, avec un gisement solaire présent dans le Nord du pays, à partir de la ligne Bouaké-Korhogo. Depuis 1994, la libéralisation de la production électrique et la mise en œuvre d’un code  national des investissements, particulièrement attractif, permettent aux opérateurs privés de proposer des unités de production d’énergie solaire dans le cadre des PPP (Partenariats Publics Privés).

De nombreux projets de centrales solaires photovoltaïques

Soucieux d’aller vite, le gouvernement ivoirien multiplie les projets : Bingué-Bougou, près de Korhogo ; Dimbokro, dans le centre de la Côte d’Ivoire ; Bouaké, au centre du pays ; Daoukro, chef-lieu de la région de l’Iffou, au sud du pays. Le Fonds d’Investissement en Milieu Rural (FIMR), qui finance des infrastructures socioéconomiques de base en milieu rural pour améliorer les conditions de vie et de travail des producteurs de café-cacao et de leurs communautés, a mis en œuvre dès 2014 un projet pilote dans trois villages des départements de San Pedro. A Abidjan, l’université Houphouët-Boigny conduit une action de vulgarisation de l’énergie solaire. Un programme d’Incubateur Solaire vient d’être lancé afin d’identifier des projets photovoltaïques prometteurs et accompagner les promoteurs depuis l’accès aux financements jusqu’au développement et la livraison des projets.

Le choix du partenariat public privé (PPP)

L’Etat, qui ne peut pas tout financer, a recours au financement privé des infrastructures afin de mieux équilibrer son budget et celui des entreprises parapubliques concernées tout en accélérant le processus d’accès à l’électricité pour tous les Ivoiriens. Le partenaire privé doit être en capacité d’offrir une prestation globale incluant la conception, la construction, le financement intégral et l’exploitation, selon un schéma BOT, que ce soit pour réaliser une centrale de grande capacité intégrée au réseau ou implanter des unités de taille adaptée dans les principaux sites isolés du pays. En échange, le Gouvernement et l’opérateur de réseau apportent les garanties selon les instruments juridiques usuels. Au terme du PPP, l’exploitant procède au transfert des infrastructures à toute entité publique/parapublique désignée par l’Etat.

Les objectifs à atteindre

Il s’agit pour la Côte d’Ivoire d’offrir un service de qualité au meilleur coût avec les objectifs suivants : développement économique et social durable ; amélioration des conditions de vie grâce à la fourniture de l’électricité à tous ; désenclavement économiquement des zones rurales ; participation à la sauvegarde de l’environnement en privilégiant une énergie propre ; élaboration d’une filière complète (enseignement, formation, cadres, techniciens, réseau de PME).

Tous les opérateurs privés doivent inclure dans leur offre des modules de formation à travers une « université des métiers » avec, à côté des cursus diplômants, une employabilité immédiate dans certains cas. L’élévation des niveaux de qualification professionnelle et la création d’un réseau de PME opérant dans ce secteur stratégique sont des priorités absolues.

Christian Gambotti

Directeur général du think tank

Afrique et Partage

Directeur général de l’Institut Choiseul

Directeur de la Collection

L’Afrique en marche

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