Éducation en Côte d’Ivoire : une experte de l’Onu fait des recommandations

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Avec trois points à l’ordre du jour,  la 38è session du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies qui a débuté le 18 juin 2018 a été l’occasion de rendre public le rapport de la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation sur sa mission en Côte d’Ivoire. Une mission effectuée dans le pays du  4 au 11 décembre 2017, sur invitation du gouvernement ivoirien.

Dans son rapport, la Rapporteuse spéciale, Dr Koumbou Boly Barry, ancienne ministre de l’éducation du Burkina Faso, sous Blaise Compaoré, se félicite des progrès réalisés par le gouvernement ivoirien qui a intégré le droit à l’éducation dans la Constitution, et dans le plan national de développement et a consacré plus de 20 % de son budget à l’éducation et à la formation. Elle a passé en revue le cadre juridique du système éducatif et les progrès réalisés afin d’atteindre les quatre « A » du droit à l’éducation : adéquation ; accessibilité ; acceptabilité et adaptabilité :

«Concernant le cadre institutionnel et normatif de la Côte d’Ivoire, en 2016 le pays a adopté une nouvelle Constitution qui, dans ses articles 9 et 10, consacre explicitement le droit de toute personne à l’éducation et à la formation professionnelle et consacre, en outre, l’éducation obligatoire pour les filles et les garçons. L’article 32 de la Constitution dispose ensuite que l’État s’engage à garantir les besoins spécifiques des personnes vulnérables, et à leur garantir l’accès aux services de santé, à l’éducation, à l’emploi, à la culture, aux sports et aux loisirs. (…) Au cours des dernières années, la Côte d’Ivoire a réalisé des efforts considérables en matière d’éducation afin d’assurer un accès universel à un enseignement primaire gratuit, obligatoire et de qualité ; le secteur public représente 84 % des effectifs, le secteur privé 14 % et le niveau communautaire 2 %. La Rapporteuse spéciale est heureuse de constater que le pays a renforcé son engagement dans l’amélioration de l’accès à l’éducation de sa population d’une manière inclusive en mettant en place des projets pilotes pour inclure des groupes vulnérables tels que les enfants issus de familles pauvres et les enfants en situation de handicap. Effectivement, le pourcentage d’enfants non scolarisés en âge d’aller à l’école primaire en Côte d’Ivoire a considérablement diminué ces dernières années, puisqu’il était de 9 % en 2017 contre 43,3 % en 2009 », lit-on dans le rapport.

La Rapporteuse spéciale a également noté avec intérêt la création en décembre 2015 de l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, entièrement dédiée à l’apprentissage en ligne et à distance. Elle a noté que, selon le gouvernement, les problèmes de démarrage concernant l’utilisation de l’Université virtuelle étaient en train d’être résolus. Par ailleurs, elle a signifié les progrès significatifs réalisés dans le domaine du droit à l’éducation, mais aussi au niveau des enjeux majeurs auxquels la Côte d’Ivoire doit faire face.

Sur ce dernier point, la Rapporteuse spéciale a formulé des recommandations visant à renforcer les efforts déployés au niveau national pour réaliser le droit à l’éducation en Côte d’Ivoire et pour atteindre l’objectif de développement durable. A savoir, assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.

«Pour rendre le droit à l’éducation effectif, il est nécessaire de développer des programmes adéquats, accessibles, acceptables et adaptables. Adéquation – l’éducation doit être gratuite, financée par le Gouvernement et bénéficier d’une infrastructure appropriée et d’enseignants formés, capables de soutenir l’offre éducative. Accessibilité – le système doit être accessible à tous et à toutes sans discrimination géographique, économique, sociale et culturelle et des mesures de discrimination positive doivent être prises en vue d’inclure les populations les plus marginalisées. Acceptabilité – le contenu de l’éducation doit être pertinent, non discriminatoire, adapté à la culture et de bonne qualité ; l’environnement scolaire doit être sain et sécurisé, et les enseignants doivent être des professionnels. Adaptabilité – l’éducation doit évoluer en fonction de la transformation des besoins de la société et contribuer à lutter contre les inégalités, notamment la discrimination entre les genres, et doit pouvoir être adaptée localement pour correspondre à des contextes spécifiques », a-t-elle recommandé.

Avant le volet éducatif du rapport, dans son aperçu général sur la Côte d’Ivoire, l’experte onusienne a dressé un pan de l’histoire du pays, depuis le 19è siècle à nos jours, avant d’aborder l’aspect économique : « La Côte d’Ivoire, qui dispose de solides atouts économiques, fait figure de puissance sous-régionale. Elle possède des infrastructures dont certaines héritées des deux décennies du ‘’miracle ivoirien’’ (1960 à 1980) : le deuxième port d’Afrique subsaharienne, un important réseau routier, un aéroport international récemment agrandi. Dans le secteur agricole, le pays est le premier producteur de cacao au monde avec plus de 35 % du marché. Il figure aux tous premiers rangs africains pour plusieurs autres productions agricoles d’exportation (caoutchouc, noix de cajou, coton, café, huile de palme, banane, ananas, cola). Le contexte général de ces dernières années de crise a eu un impact négatif sur le taux de pauvreté qui est passé de 38,4 % en 2002 à 48,9 % en 2008. Le milieu rural reste le plus touché par la pauvreté (62,5 % en milieu rural contre 29,5 % en milieu urbain). Le pays connaît une croissance de 9 % par an en moyenne depuis 2011. Le Gouvernement, qui s’est fixé pour objectif de figurer parmi les pays émergents à l’horizon 2020, a adopté le Plan national de développement 2016-2020 qui prévoit des mesures structurelles visant à stimuler une croissance soutenue ayant pour moteur le secteur privé. Le montant total des financements, sous forme de prêts et de dons, annoncés par les bailleurs de fonds en mai 2016, s’élève à 15,4 milliards de dollars américain »

Au cours de sa visite, la Rapporteuse spéciale a rencontré une équipe du Ministère des affaires étrangères. Elle a eu des séances de travail avec Kandia Kamissoko Camara, Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, Ramata Ly-Bakayoko, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mariatou Koné, Ministre de la femme, de la protection de l’enfant et de la solidarité et Mamadou Touré, Secrétaire d’État chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Elle a également été reçue par la Commission nationale des droits de l’homme et par les présidents de l’Université Felix Houphouët-Boigny et de l’Université Alassane Ouattara. Elle a rencontré des représentants de la Coordination des comités de gestion des établissements scolaires, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, de nombreuses organisations de la société civile, les syndicats des enseignants et des partenaires techniques et financiers (Agence française de développement, la Banque mondiale, des structures de projets et de programmes de développement).

Télécharger le rapport en cliquant sur le lien ci-dessous :

Claude Dassé

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