Affaire « l’heure est grave au sujet de la Cei » : ce qu’en pensent Gossio ( Fpi), Dah Sansan (Rdr) et 3 autres partis

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Dah Sansan (président des jeunes – Rdr ) « On n’a même plus le temps pour reformer la Cei »  

Je pense qu’il faut voir le bien-fondé de la demande des partis de l’opposition et des membres de la société civile concernés. Il faut voir si l’argument tient  au consensus.

C’est un argument peu sérieux, si leur argument est de dire qu’il y a une décision de la Cour africaine qui le demande. Une décision qui n’est même pas détaillée. On ne sait même pas quelle partie de la décision on doit retenir. Je ne sais même pas comment ils lisent les décisions.  Ils aiment parler de déséquilibre de la Cei qui a fait l’objet de consensus. Je me demande  à quoi ils pensaient au moment où on faisait les débats. Je pense qu’il ne sert à rien de jouer la politique de la chaise vide, et venir après faire des débats stériles. La Cei résulte du fruit d’un consensus. Je ne le dirai jamais assez. Les réflexions ont été faites avec des ivoiriens constitués d’intellectuels de haut niveau. Ils étaient eux-mêmes présents. Alors, à quel moment est-ce que le déséquilibre a été fait ? Je crois que, cela invite tout le monde à prendre part aux débats à l’avenir. On n’a même pas le temps de reformer cette Cei. Allons vite aux élections pour donner au pays tous les organes qu’il lui faut pour fonctionner.

 
 
Gozé Jean-Marc (SG Upci) « Les hommes de Dieu présents à la Cei sont des garants moraux… » 
Nous ne trouvons pas normal que l’Upci, qui est l’un des partis représentés à l’Assemblée nationale (avec un député. Ndlr) ne siège pas au sein de la Cei. C’est cela notre grief. Voilà pourquoi nous sommes pour une réforme de l’institution, de sorte à y intégrer tous les acteurs actifs de la vie politique ivoirienne. On ne peut pas comprendre que des formations politiques non représentées à l’Assemblée et n’ayant participé à aucune élection, y siègent, alors que nous qui avons participé à toutes les élections, sommes  absents. Que ce soit le Fpi ou tout autre, chacun a ses préoccupations. Mais, nous, c’est ce que nous reprochions à cette Cei. Précisons que, même si cette Cei n’est pas reformée comme nous le demandons, nous irons aux élections. Nous sommes pour l’expression du jeu démocratique. Donc, partout où il y aura élection, l’Upci sera présente. Nous ne fixons pas les règles du jeu. Néanmoins, nous sommes partie prenante. Mais, tous les partis actifs doivent être représentés dans cette Cei. Quand on jette un regard sur la liste  des membres, on y voit effectivement des religieux et des membres de la société civile. Ce sont des garants moraux. Effectivement, leur présence au sein de la Cei rassure. Mais, ma préoccupation, ce sont les forces politiques qui y figurent. Si je ne me trompe pas, dans cette Cei, vous avez une formation comme le Cap-Udd (Cap Unir pour la Démocratie et le Développement de Gervais Coulibaly. Ndlr). Un parti qui, pour moi, n’est pas un acteur actif. Car, n’ayant participé à aucune élection, qui n’est pas représenté à l’Assemblée nationale. Comment peut-on accepter d’y avoir un tel parti et cautionner qu’un parti comme l’Upci y soit absent ? Voilà le sens réel de notre envie de réforme de la CEI.
 
Tchagba Laurent (SG Udpci) « Cette Cei est le fruit d’un consensus » 

C’est sous la pression de l’opposition que la Cei, dans sa forme actuelle, a été mise en place en 2014. Quand le Fpi dit aujourd’hui que cette Cei n’est pas équilibrée, ça  m’étonne. Ce que je peux dire, c’est qu’une opposition est  toujours importante dans un pays. Car, elle  concourt à l’effectivité du jeu démocratique. Mais, je pense que cette opposition doit être responsable. Il ne faut pas vouloir quelque chose et en même temps son contraire. Ils demandent même la démission de Youssouf Bakayoko. Ce sont eux-mêmes qui ont mis la pression pour qu’on ait cette Cei-là. On ne gère pas un pays avec les humeurs des gens. Les textes disent que le mandat de la Cei est de 6 ans. Il faut la laisser aller au bout. C’est nous tous qui avons mis en place les textes de façon consensuelle. Je ne sais pas ce qu’ils veulent encore en parlant d’une nouvelle Cei consensuelle. Il faut que les gens apprennent à respecter ce qu’ils ont eux-mêmes contribué à mettre en place. Accepter une chose aujourd’hui, et la rejeter demain quand vous estimez qu’elle ne vous arrange plus, ce n’est pas responsable. Cette Cei est le fruit d’un consensus, il faut la respecter et la laisser travailler. En tout cas, l’Udpci est attachée au respect du jeu démocratique. C’est-à-dire que, l’opposition a le droit de donner sa position sur les sujets sensibles. Elle a droit à la parole. Mais, il ne faut pas faire de l’opposition pour la faire. Il faut la faire dans le respect des textes que nous nous sommes nous-même donnés. Les personnes qui composent le bureau central de cette Cei ont été choisies  de façon consensuelle. En dehors des partis politiques que nous sommes, les hommes de Dieu, et la société civile y sont aussi représentés. Je pense qu’il n’y a aucune raison de s’alarmer. Il faut la laisser  terminer son mandat de 6 ans, et on verra quelle suite donner. Même nous qui sommes des partis, on pourrait dire au pouvoir que nous avons envie de changer certains de nos représentants à la Cei. Mais, nous attendons la fin  du mandat pour le faire. Il faut que tout le monde s’inscrive dans cette logique.

 

Marcel Gossio (Vice-Président Fpi) « Cette Cei ne nous rassure pas »

Nous, la composition actuelle de la Cei ne nous rassure pas. Vous citez des hommes de Dieu et des structures de la société civile. Ecoutez, même la commission des droits l’homme et des peuples de l’Union Africaine dit que cette Cei n’est pas conforme aux normes internationales. On ne peut pas aller à un match où la majorité des arbitres sont pour l’adversaire. C’est déséquilibré. Avec cette Cei, c’est comme si on confiait l’organisation des élections à l’administration comme c’était par le passé. Je ne comprends pas. Quand on est sûr des choses, il faut accepter de rééquilibrer comme le demande la société civile. Pourquoi ne pas confier cela à la société civile qui n’a pas de candidat et aller compétir sur le terrain ? C’est aussi simple que cela. Les choses sont très déséquilibrée telles quelle sont et le découpage mal fait. On nous parle d’Alain Dogou. Mais, seul, que peut-il face à ce qui existe ? C’est pourquoi nous parlons de déséquilibre. Alain Dogou peut être seul parmi 1000 personnes, et dire qu’on est représenté. Mais, sa représentativité n’est pas importante. Je me demande toujours ce que ça coute de rééquilibrer la Cei. C’est comme un élève qui va composer à un examen. On lui demande de se  débarrasser de tous ses effets scolaires pour ne garder que sa feuille, et il refuse. Je n’arrive pas à comprendre. Tout ceci donne l’impression à ceux qui nous regardent que les choses se font chez nous de façon bananière. Cela me gêne énormément quand des amis diplomates me posent certaines questions. Ce sont des choses simples à comprendre. Je pense qu’ils doivent faire l’effort de faire la réforme. Ça ne coute rien. On prend la société civile qui est neutre. Tout le monde est représenté à un niveau équilibré, et on va aux élections. Ils ont plus de moyens que nous qui sommes dans l’opposition. Je ne sais pas de quoi ils ont peur . Ce que nous demandons aujourd’hui c’est pour la postérité. Je souhaite qu’ils acceptent la réforme pour le bien de tous. C’est important pour toute la Côte d’Ivoire. Si vous me demandez si cela conditionne notre participation aux élections, je ne saurais vous répondre.

Sinan Bakary (Chargé des questions électorales Mfa) « La Cei fait pleinement son travail »

Il est bon que la communauté nationale et internationale sache que la commission centrale de la Cei, nommée par décret, a une durée de vie de 6 ans. Avant de parler de réforme, il faut chercher à voir si le mandat de cette commission, dont chaque membre a prêté serment, coure toujours. Si oui, il faut la laisser poursuivre sa mission. C’est après la mission qu’il faudra voir s’il doit avoir reforme ou pas. Comme toute réforme doit apporter une amélioration du fonctionnement de la structure, toute proposition, en ce moment-là, doit contribuer à améliorer. Dans ce cas précis, il s’agit d’une structure chargée d’organiser des élections, et veiller à ce qu’elles soient inclusives et transparentes. C’est à la fin de leur mandat qu’on devra parler de tout ça. Pas maintenant. Nous sommes dans un État de droit.  Le minimum, c’est que chacun de nous se doit, c’est d’avoir confiance aux institutions que nous mettons en place. La Cei est une institution mise et au profit des partis politiques essentiellement. Sa mission première étant  d’organiser et de rendre transparente le processus électoral. Quand on désigne quelqu’un à l’intérieur, c’est parce qu’on lui fait confiance. C’est une équipe. Et elle a une mission. Tant que sa mission n’a pas changé, je ne vois pas pourquoi on pourrait en douter. On a voulu un système aussi ouvert que possible. C’est pourquoi toutes les couches socio-professionnelles sont représentées. L’élection étant le moyen par lequel les partis politiques conquièrent le pouvoir, ils y sont représentés selon leur représentativité nationale.  Une chose est qu’on revendique. Mais, sachons que ceux qu’on a désignés de façon consensuelle ont prêté serment. Si chacun d’eux doit aller défendre sa position, on n’aura pas de cohésion.  Le meilleur schéma, c’est de faire des propositions pour qu’à la fin du mandat de l’équipe qui est là, le système soit amélioré, si on trouve qu’il y a défaillance.  Mais, je pense que la Cei fait pleinement son travail. S’il doit avoir des critiques, je les préfère constructives. Si on demande un renforcement, chacun doit apporter ses arguments. Mais, des arguments titres constructifs. Même si l’on se réfère aux critiques de la cour africaine, il faut qu’on sache ce qu’on peut prendre en compte ou pas. En tout cas, chez nous au Mfa, nous pensons qu’il faut travailler de sorte à organiser les élections de façon très sereine.

Recueillis J.H koffo 

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