Dernère publication
Les pays de l’AES quitteront la CEDEAO le 29 janvier. Ils bénéficient d’un délai de rétractation supplémentaire de six mois avant que le retrait ne soit définitif. Un délai qu’ils ont refusé.
Peu après le sommet de la CEDEAO, qui s’est tenu à Abuja (Nigeria) le 15 décembre, le retrait des pays de l’AES (Mali, Niger et Burkina Faso) est confirmé. Le départ sera acté le 29 janvier, soit un an après la décision des chefs d’États de l’AES de quitter la CEDEAO. Afin d’assurer la gestion des conditions de cette séparation, et de laisser une nouvelle chance aux dirigeants de l’AES de revenir sur leur décret, un délai de six mois supplémentaire est accordé, selon les termes du président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray. La dissociation sera définitive le 29 juillet. Ce sursis permet au président de la république du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, désigné comme médiateur depuis juillet, de poursuivre les négociations entre la CEDEAO et les pays de l’AES, et de tenter de faire revenir ces derniers. Le chef d’État togolais Faure Gnassingbé avait déjà assuré cette fonction, notamment après les différents coups d’États, et plaidé pour des sanctions moins lourdes de la CEDEAO à l’encontre des dirigeants de transition.
Mais la sentence est irrévocable, et ce bien avant le sommet de la CEDEAO du 15 décembre. Les chefs d’États de l’AES campent fermement sur leur décision et n’ont aucune intention de revenir dessus. Leur volonté de s’affirmer et de revendiquer une totale autonomie est marquée par la création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel juste après le premier sommet de l’AES à Niamey le 6 juillet. Cette action marque le « divorce » irrémédiable d’avec la CEDEAO. Alors que cette dernière affirme « laisser ses portes ouvertes » durant les six mois de sursis, les dirigeants de l’AES refusent le délai et y voient même « une tentative de déstabilisation extérieure ». Cependant, la « libre circulation des personnes et des biens des sous-régions de la CEDEAO » au sein des territoires de l’AES semble maintenue.
Un divorce engagé depuis un an
Cette décision des dirigeants des pays de l’AES de ne plus faire partie de la CEDEAO a été prise le 28 janvier 2024. Les condamnations de la CEDEAO suite aux coups d’État au Mali et au Niger (clôture des frontières et espaces aériens, sanctions économiques), constituent l’une des principales raisons de ce départ. Pour rappel, les trois pays créent l’Alliance des États du Sahel le 16 septembre 2023, afin de lutter contre le terrorisme, qui entraîne une situation humanitaire et sécuritaire catastrophiques depuis de nombreuses années. Cette Alliance est nouée peu après la menace de la CEDEAO d’envoyer des militaires au Niger après le coup d’État. Depuis, les sanctions ont été levées, mais la décision des pays de l’AES n’a pas changé. L’ex-président nigérien Mohamed Bazoum est toujours retenu prisonnier depuis le 26 juillet 2023. L’AES reproche à la CEDEAO de ne pas suffisamment apporter son soutien dans le combat contre la menace terroriste, d’être sous influence étrangère et d’avoir pris à leur encontre « des mesures punitives inhumaines, illégales et illégitimes ». L’annonce en 2024 du retrait de la CEDEAO a suscité plusieurs inquiétudes concernant les conséquences, notamment économiques et logistiques, de cette décision. Elle n’a pas été toujours bien accueillie par les populations. Au Mali, plusieurs opposants politiques et de la société civile, dont les membres de la Coordination des Organisations de l’Appel du 20 février 2023 « Sauver le Mali », ont protesté contre un choix « illégitime » et un « manque de considération envers le peuple malien ». L’organisme est dissout par le gouvernement malien en avril 2024.
Constantine