Dernère publication
Dans l’entendement de tous, la communication politique est confondue à la seule production discursive des hommes politiques. Or, en réalité, la communication politique repose sur le triangle suivant : discours politiques, médias et sondage. En d’autres termes, il y a communication politique quand interagissent, les hommes politiques, les médias et les populations (potentiels électeurs).
En Côte d’Ivoire, ce qui est véritablement mesurable, ce sont les discours des hommes politiques et des médias. La troisième composante qu’est le sondage est absente. Cette vacuité structurelle constitue la porte ouverte aux postures des hommes politiques à prétendre parler au nom du « peuple ». En l’absence d’instruments de mesure des opinions, tout le monde s’arroge le droit de porter la voix du « peuple ». C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire dans sa marche vers l’émergence gagnera à légaliser la culture des sondages. Ce qui contribuera à apporter plus de quiétude dans le monde politique. Car, on saura qui pèse quoi à un instant donné.
De fait, l’observation de l’actualité politique du moment en Côte d’Ivoire pourrait se résumer à la capacité des hommes politiques à être cohérents dans leur démarche.
Prenons le camp du RHDP. Ce parti a affiché depuis, sa volonté d’aller aux élections présidentielles du 31 octobre 2020. Pour ce faire, ce parti a, organisé son assemblée générale constitutive et par la suite son congrès, choisi son candidat (décédé par la suite) et choisi à nouveau un autre, participé activement à l’inscription sur la liste électorale, organisé ses démembrements pour être en ordre de bataille pour la campagne électorale. En somme, on peut conclure que le RHDP se montre cohérent dans sa démarche d’aller aux élections.
En face, nous avons l’opposition. Prenons le cas du PDCI-RDA. Ce parti, après sa rupture avec l’alliance houphouétiste, a investi suffisamment pour, réorganiser le parti, remobiliser ses troupes, choisir son candidat et l’investir (en grandes pompes). Alors qu’on s’attend à le voir passer à la phase de la préparation de la campagne électorale, le PDCI-RDA se rétracte au motif que les institutions en charge des élections ne sont pas crédibles. Pourtant, on était heureux d’entendre dire, de la bouche de Jean-Louis Billon, que le PDCI-RDA allait déployer la grande artillerie.
Lui-même avait laissé entrevoir dans une interview quelques pans du projet de société de son parti. Ce qui laissait espérer de belles joutes électorales en perspective.
Hélas ! Depuis qu’il lui a été signifié qu’au sein de sa famille politique, il n’y avait que le président et le secrétaire exécutif dont les voix comptent, il s’est tu. Pour un citoyen lambda, cela sonne comme une déception, voire une incohérence. On pourrait dire « tout ça pour ça ? »
Concernant Affi N’guessan. Durant cette décennie qui s’achève, il s’est révélé comme un opposant au régime en place. Il a opté pour une posture républicaine et d’ouverture appelant à respecter les institutions du pays. En effet, celles-ci, notamment la Justice, lui a donné raison contre l’autre frange du FPI, appelée les Gors (Gbagbo ou rien) dans le conflit qui les opposaient sur qui devait diriger le parti.
Au nom de cet esprit républicain, son parti est revenu occuper le siège qui lui revenait à la Commission Électorale Indépendante (CEI). D’ailleurs, au cours de l’émission NCI 360 du 17 juin 2020, son représentant, Alain Dogou a défendu cette institution en expliquant avec brio et clarté le mode opératoire de révision de la liste électorale. Ces dernières heures, on apprend que son parti a suspendu sa participation à la CEI « afin de ne point se faire complice du hold up électoral mis en place par le Gouvernement ».
Pourtant, au même moment, l’ambassadeur des USA en Côte d’Ivoire rend visite au président du Conseil constitutionnel pour lui présenter les observateurs qui viendront superviser les élections. On est droit de s’interroger s’il y a là, de la cohérence dans la démarche de ce parti.
En somme, « la mémoire, c’est la vie, c’est notre cohérence » affirme Jean-Pierre Darroussin. En mettant, bout à bout les actions dans le microcosme politique ivoirien, il ressort que la capacité de ses animateurs à être cohérents dans le temps, devient le vrai enjeu. Or, sans cohérence, point de crédibilité devant l’opinion.
NURUDINE OYEWOLE
Expert-consultant en
communication
Analyste politique