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Lors de la Convention des parties (COP29) sur le changement climatique qui s’est tenue à Bakou (Azerbaïdjan) du 11 au 22 novembre, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté les dirigeants mondiaux à agir pour soutenir la transition énergétique en Afrique.
Les données du problème sont connues : il faut contenir un réchauffement climatique qui pourrait atteindre +4°C d’ici la fin du siècle sur la surface du globe. Aujourd’hui, les pays du G20, Chine, États-Unis et Inde en tête, représentent près des trois-quarts des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De plus, le continent africain s’est réchauffé plus rapidement que le reste du monde (+0,3°C par décennie) selon les experts de l’ONU. Ces derniers estiment également que les pays africains perdent en moyenne de 2 à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à gérer les extrêmes climatiques, et nombre d’entre eux réaffectent jusqu’à 9 % de leur budget à cet effet. C’est pourquoi, à la mi-novembre à Bakou, António Guterres a exhorté tous les pays à agir pour faire de l’Afrique « un leader mondial des énergies renouvelables, » notamment de l’énergie solaire pour réduire l’empreinte carbone mondiale.
Le continent africain dispose de 40 % du potentiel total mondial et un taux d’ensoleillement atteignant par endroits 4 300 h/an. Mais, il ne représente qu’un peu plus d’1 % de la capacité solaire mondiale installée, et 600 millions d’Africains (sur 1,5 milliard d’habitants) n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le continent abrite 60 % des emplacements idéaux (Namibie, Égypte, Libye, Algérie, Botswana, Maroc, Soudan …) pour développer cette énergie. Preuve supplémentaire que le continent peut jouer un rôle important : il a multiplié ses capacités éoliennes par 3,5 et solaires par 8 en 10 ans. Il dispose aussi d’importants gisements de minéraux stratégiques (or, uranium…) et terres rares (néodyme, praséodyme, dysprosium, terbium etc.) qu’il continue d’exporter à coût réduit. Nombreux sont les dirigeants à appeler à l’union sur ces dossiers pour que le continent puisse « saisir son avantage stratégique », selon les propose de Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa,
Des besoins 10 fois plus importants
Si le potentiel des énergies renouvelables existe, y compris en hydroélectricité (Congo, Zambie, Angola, Mozambique…), il reste à trouver les financements. C’est le message envoyé par les dirigeants africains à Bakou à leurs homologues des pays riches. Ainsi, le président Denis Sassou Nguesso (Congo) estime à 1.000 milliards de dollars (Md$) les besoins en investissements d’ici la fin de la décennie, soit 200 Md$ par an à compter de 2025. Bien loin de 100 Md$ par an promis par les pays les plus riches et qui n’ont pas été versés en totalité. En fait, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays les plus riches ont deux ans de retard sur le calendrier de paiement prévu. Même en le rattrapant, ce ne sera pas suffisant estiment les dirigeants africains. En effet, « les besoins sont 10 fois plus importants, selon les estimations des institutions spécialisées », indiquait déjà en 2023, Moussa Faki Mahamat de l’Union africaine, lors de la COP28 à Dubaï. Surtout, les pays en développement, dont les pays africains ne veulent plus de financements par le biais de prêts remboursables mais des subventions directes. C’est aussi à cette condition que le continent africain pourra jouer un rôle majeur dans la transition énergétique. C’est aussi cela l’enjeu de la COP29.
Constantine