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Un taux de 10% sera appliqué sur les factures d’électricité de tous les abonnés de Côte d’Ivoire à partir du 1er janvier 2024. Cette décision du gouvernement ivoirien vise à résorber le gap entre le prix moyen de vente du kilowattheure d’électricité et le coût production qui est de 89 FCFA/kWh.
Le tarif de l’électricité connaîtra une hausse de 10% à partir du 1er janvier 2024 et l’ensemble des abonnés sont concernés par cette mesure, qui intervient dans un contexte mondial difficile, lié à la conjoncture internationale et à la crise de l’énergie. Depuis 2011, le gouvernement accompagne le secteur de l’électricité. Malheureusement, ce secteur traverse des difficultés financières dûes à des facteurs exogènes défavorables, tels que la hausse du dollar et la guerre entre la Russie et l’Ukraine, de sorte que les tarifs de l’électricité actuellement appliqués après l’ajustement de juillet 2023, ne génèrent pas suffisamment de ressources pour couvrir toutes les dépenses du secteur de l’électricité, provoquant ainsi un déficit financier croissant, même si cet ajustement a permis de combler partiellement le déficit entre le coût de revient et le tarif moyen de vente (non compris les arriérés de paiement aux opérateurs et les investissements à réaliser dans le secteur), à hauteur de 34 milliards de FCFA en 2023.
En effet, selon les experts, avant l’ajustement de juillet 2023, le coût de revient de la production d’électricité était supérieur de plus de 22% au tarif moyen de vente au niveau national. Ce coût de revient est actuellement supérieur de 13% au tarif moyen de vente, ce qui entraîne, toujours selon les experts, une accumulation d’arriérés vis-à-vis des fournisseurs de gaz naturel et d’électricité du secteur. Cette situation impacte négativement le bon fonctionnement du système électrique ivoirien, car le maintien des tarifs actuels, ajustés de 9, 6% pour 11% des abonnés, soit 400. 000 clients, alors que le taux requis est de 27%, conduira à la dégradation de la qualité de service aux abonnés à l’électricité. La menace sur la sécurité, en matière d’alimentation en électricité et de réduction des possibilités d’accès à l’électricité pour les populations non encore desservies est grande. En outre, selon le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, la perte d’exploitation pour l’année 2023 est estimée à environ 127 milliards de FCFA . “Le présent ajustement fera passer le prix moyen de vente de 79 FCFA/kWh à 87 FCFA/ kWh, pour un coût de revient moyen de 89 FCFA. Il faut souligner que malgré cet effort demandé, le prix moyen du kilowattheure en Côte d’Ivoire reste l’un des plus faibles de la sous-région, où le prix moyen se situe entre 101 FCFA/kWh et 132 FCFA/kWh”.
L’incidence des 10% sur les factures d’électricité
Au cours de sa conférence de presse, le mardi 26 décembre 2023, le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly a expliqué toutes les analyses qui ont été faites avant de prendre la décision d’un ajustement tarifaire de 10% : ” Nous avons regardé, pour les tarifs sociaux, leur consommation d’électricité varie entre 2. 000 FCFA et 6. 000 FCFA, pour les 5 Ampères. Celui qui payait 2. 000 FCFA aura 200 FCFA de plus sur sa facture, celui qui payait 6. 000 FCFA aura 600 FCFA de plus. La facture que vous payez est fonction de l’énergie que vous consommez et non de l’ajustement. C’est cela que d’un mois à un autre, les gens ne paient pas les mêmes montants. On rentre dans une période où on consomme plus d’énergie, parce qu’il fait chaud et c’est à ce moment aussi que le réseau est mis à rude épreuve, parce que la demande est forte. Or, nos installations sont surchauffées et c’est en ce moment que vous constatez une qualité de service instable, parce que les lignes sont sollicitées à plus de 100% de leurs capacités. C’est pour cela qu’il faut continuer les investissements pour renforcer le réseau. Notre pays a connu des délestages en 2021, il faut qu’on prenne les dispositions pour que cela n’arrive plus jamais. Il y a des pays aujourd’hui qui ont entre 5 heures et 8 heures d’électricité par jour sur les 24 heures, là où en Côte d’Ivoire, nous sommes à 28 heures de coupure par an (…) Grâce à la vision du Président Alassane Ouattara, nous avons l’un des systèmes électriques les plus robustes de la sous-région. Notre capacité installée est passée de 1. 300 Mégawatts/heure à plus de 3. 000 Mégawatts, soit plus du double. Il faut maintenant que nous arrivions à investir dans la qualité du produit. Il faut qu’on adresse le seul point de fragilité qui est le nôtre, c’est-à-dire un système où l’exploitation n’est pas à l’équilibre. L’État achète de l’énergie avec des producteurs indépendants à un prix, mais il ne peut pas le revendre, ne serait-ce qu’au même prix. Revendre en dessous, il y a un souci, sans oublier que l’État doit investir dans le transport d’énergie, dans les postes, pour électrifier les villages de plus de 500 habitants”.
“Se serrer les coudes”
Lors de l’annonce de l’ajustement de 10% à partir du 1er janvier 2024, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement a appelé les Ivoiriens à “se serrer les coudes” pour faire face aux difficultés actuelles dans le secteur de l’électricité. “Dans ces moments de difficultés qui touchent l’ensemble des pays, on doit faire preuve de résilience et pouvoir développer notre esprit de solidarité et de citoyenneté. Il ne s’agit pas de faire feu de tout bois. Notre secteur de l’électricité est structurellement en difficulté. Dès lors que vous vendez moins cher que le coût auquel vous produisez, c’est un déficit structurel. Le Président de la République a reporté, autant que l’on pouvait, cette échéance en fractionnant les augmentations nécessaires. En 2015, on a eu une première réévaluation, on en a eu une autre récemment et là, on va vers un autre ajustement. Certains pays l’ont fait de façon brutale, mais nous, nous le faisons de façon séquencée pour protéger le pouvoir d’achat du consommateur ivoirien. Ce qu’il faut retenir, ce sont les efforts qui sont faits pour protéger le portefeuille de l’Ivoirien. Les solutions de facilité ne règlent pas la question du déficit structurel. L’État subventionne beaucoup de produits : le pétrole, le gaz. Récemment avec la crise ukrainienne, on a subventionné le prix de la farine… Toutes ces subventions sont autant d’efforts qui ne vont pas en investissement. Il faut se serrer les coudes pour faire face aux difficultés que nous vivons avec responsabilité. L’effort qui est demandé aujourd’hui à chacun, c’est cette augmentation de 10%, après on appréciera en fonction du coût d’exploitation du réseau électrique “, a dit Amadou Coulibaly.
Olivier Dion