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En 2025, la collaboration sécuritaire entre la République de Côte d’Ivoire et la France change de forme. Retour sur un partenariat historique fructueux.
Alors que les EFCI (Éléments Français en Côte d’Ivoire) s’apprêtent à quitter leur position en Côte d’Ivoire, l’éclairage se porte désormais sur les forces militaires ivoiriennes. Depuis quelques années, les remaniements d’alliances internationales voire régionales en Afrique de l’Ouest s’inscrivent dans une dynamique souverainiste des États, favorisant les armées locales.
Pour l’analyste politique Seidik Aba : « […] Il y aura toujours des coopérants militaires français dans le pays, notamment pour des échanges et des formations. La rétrocession ne met pas fin à cette collaboration, car il ne s’agit pas d’une rupture de l’accord. » De fait, si elle continuera de bénéficier du soutien de son allié sécuritaire historique, la Côte d’Ivoire ne fait ainsi pas exception. « Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective. C’est dans ce cadre que nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire. » Annone ainsi le Président Alassane Ouattara le 31 décembre 2024. Dans le respect de cette mouvance régionale, le sujet serait sur la table depuis plus de deux ans entre Abidjan et Paris. En janvier 2024 déjà, le chef d’état-major des armées françaises exprimait la nécessité de « modifier leur schéma d’implantation pour réduire les vulnérabilités […]. »
Si la date ne semble pas encore arrêtée, les EFCI rétrocéderont bientôt leur QG de Port-Bouët, situé dans la banlieue sud d’Abidjan. Sous son nouveau commandement, la base militaire prendra désormais le nom du premier chef d’État-major ivoirien, le Général Ouattara Thomas d’Aquin.
Quel historique ?
Établis au 1er janvier 2015, les EFCI ont fait suite à l’opération Licorne, dans le cadre de l’accord de défense de 2012 entre les deux pays. Leur mission consiste, en partie, d’appuyer l’expertise de l’armée nationale dans les opérations de lutte anti-djihadiste sur le territoire. Bilan : 1 800 soldats ivoiriens formés chaque année dans différents domaines, comme l’instruction sur le tir de combat, la maintenance, les systèmes d’information et de communication ou encore les techniques d’intervention opérationnelles.
Outre la formation effectuée, nombre de missions et opérations sont à garder en mémoire. 2016 confirme l’importance d’une intensification de la collaboration, en matière de surveillance et d’échanges de renseignements. Le 13 mars, une attaque terroriste frappe la station balnéaire de Grand-Bassam, causant la tragique mort de 19 personnes. En mai 2020, des arrestations et des saisies d’armes sont effectuées dans le cadre l’opération Bassin du Noun, visant à neutraliser les cellules djihadistes au nord du pays. Le mois suivant, 14 soldats ivoiriens décèdent suite à une embuscade terroriste à Kafolo. Le soutien logistique aux forces locales permet une meilleure traque des assaillants. Par la suite, le mois de novembre 2021 est marqué par l’interopérabilité de l’opération Savanes Bleues, permettant le démantèlement de camps d’entraînement de groupes extrémistes terroristes et une réduction de l’influence de leurs réseaux de recrutement.
Pendant longtemps, le modèle de partenariat franco-ivoirien a été ainsi un exemple à suivre pour d’autres pays de la région, confrontés à des défis similaires. Modèle aujourd’hui obsolète, son évolution laisse place à un nouveau rapport aux puissances militaires étrangères, poussé par les opinions africaines. Ce, notamment par le rôle présent et à venir de l’Académie Internationale de Lutte Contre le Terrorisme (AILCT), à Jacqueville.
Constantine