Dernère publication
C’est en Novembre 2012 que le gouvernement Ahoussou-Kouadio avait été dissout. Alors qu’il devait être reconduit, Jeannot Ahoussou-Kouadio a été remercié et remplacé par Daniel Kablan Duncan, sans aucune résistance de la part du Pdci Rda, ni du Président Bédié, qui en coulisses aurait dit qu’il ne voulait pas imposer au Président Ouattara, un chef de gouvernement.
Selon les informations recueillies, le Président de la République avait estimé que si le Président Ouattara ne voulait plus de Jeannot Ahoussou-Kouadio, le Pdci n’avait pas à lui imposer de maintenir l’homme. Aussi n’avait-il pas levé le petit doigt pour plaider la cause de Ahoussou face au choix de Duncan fait in extremis par le chef de l’État !
Sentant venir ce qui pourrait se passer, le Premier ministre Jeannot Ahoussou-Kouadio avait déjà commencé à ranger lui-même ses affaires , et à préparer son départ à partir du mois d’août 2012, suite à une déclaration du Pdci lue par Djédjé Mady Alphonse avec l’accord du Président Bédié. Dans cette déclaration, le Pdci critiquait et interpelait un gouvernement qui était dirigé par un de ses cadres, et dans lequel il y avait plusieurs autres de ses cadres.
« C’est ce jour aussi en réalité que le Président Ouattara avait décidé de reconsidérer la position de Ahoussou-Kouadio. Il s’est dit que si son parti ne le soutenait pas, il n’avait pas à s’en encombrer, et a choisi de s’affranchir de l’équation Baoulé ( un cadre Baoulé forcément Premier ministre ) qui lui était imposée. La bataille s’est calmée par la suite, et puis il y’a eu l’appel de Daoukro, qui a aussi retardé et différé l’affrontement.
En réalité la relation entre les deux poids lourds du Rhdp n’a jamais été un long fleuve tranquille. Et si un homme en a été victime, c’est bien Ahoussou-Kouadio, mais au-delà de lui, c’est surtout le Pdci la grande; car si le parti avait soutenu ce « Baoulé », son destin aurait sans doute été différent, et il serait même resté plus longtemps Premier ministre sans apparaître à son départ comme un incompétent, tel que certains ont été tentés de le présenter en coulisses à l’époque pour justifier son limogeage intervenu à la suite des réserves du Pdci à l’Assemblée nationale sur la loi sur la famille.
Quelques jours plus tard, cette loi est pourtant passée sans qu’une seule virgule soit changée. En pensant faire mal à un homme et l’affaiblir, c’est au Pdci que le mal a été fait. Dommage ! », commente un sachant de la vie politique ivoirienne.
Nous publions ci-dessous la déclaration de Djédjé Mady, ainsi que la réponse du Premier ministre d’alors. Cela donne une idée de l’état d’esprit de l’époque , ainsi que de l’atmosphère de suspicion qui régnait déjà !
DÉCLARATION DU PDCI-RDA
Dans la nuit du 31 juillet au 1er Août 2012, le village de Sanégourifla, dans la commune de Sinfra, a été victime d’un affrontement meurtrier entre dozo et populations gouro. Ces violences ont fait un mort et quinze blessés graves sans compter la mise à sac du village.
On note également que, dans la nuit du 19 au 20 juillet 2012, des hommes armés ont attaqué Kocoma, un quartier de Duékoué. Suite à cet incident, et en signe de représailles, le camp de déplacés de Nahibly, un autre quartier de Duékoué, a été attaqué par une foule de plus de cinq cents (500) personnes. Ces affrontements ont fait plusieurs morts, une centaine de blessés et cinq mille déplacés.
Ces attaques répétées allongent la liste déjà impressionnante des agressions infligées aux populations ivoiriennes, notamment à Duékoué, à Zagné, Ponan-Daobly, Ziriglo, Konankro, Sakré, Guitrozon, Arrah, Sikensi, Taï, Ayamé, Vavoua et, aujourd’hui, Sanégourifla, dans la commune de Sinfra.
Dans nos villes et campagnes, on signale la recrudescence des prises d’otages, des vols à mains armées, des braquages de véhicules privés, des attaques à l’arme lourde de véhicules de transports en commun par les coupeurs de routes, les règlements de compte et divers assassinats sur fonds de conflits fonciers.
Cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation.
Le PDCI-RDA constate avec consternation que les acteurs et les auteurs de ces agressions meurtrières sont généralement issus non seulement des rangs des milices pro-Gbagbo mais également des dozo, des supplétifs démobilisés non indemnisés et de certains éléments incontrôlés des FRCI.
Le PDCI-RDA s’incline respectueusement devant la mémoire de tous les morts et exprime sa compassion et ses sincères condoléances aux familles des disparus, souhaite un prompt rétablissement aux blessés et les assure de son soutien.
Le PDCI-RDA condamne fermement, et avec la dernière énergie, les exactions commises sur les populations laborieuses de notre pays et particulièrement sur celles de l’Ouest, dans les régions du Guémon, du Cavally et de la Marahoué.
Le PDCI-RDA demande que des enquêtes soient menées pour situer les responsabilités et punir les auteurs de cette barbarie meurtrière.
Le PDCI-RDA s’inquiète vivement des informations persistantes tendant à accréditer le convoyage d’immigrants clandestins armés pour l’occupation intempestive de nos forêts et plantations au mépris du droit des propriétaires terriens et des exploitants qu’ils expulsent et assassinent.
Le PDCI-RDA déplore la persistance de ces faits gravissimes et en appelle au Président de la République et à son Gouvernement pour :
– la sécurisation de nos frontières ;
– l’accélération de la réforme de l’armée, du désarmement effectif des ex-combattants et de l’encasernement des militaires ;
– la démobilisation des supplétifs sans qualification pour l’exercice du métier des armes ;
– l’assainissement de la confrérie des dozo, son désarmement et son retrait de toute activité de maintien de l’ordre ;
– la réhabilitation de la police et de la gendarmerie nationale, seules compétentes pour assurer la sécurité des biens et des personnes dans un Etat de droit ;
– l’application effective de la loi sur le foncier rural de 1998 votée à l’unanimité de l’Assemblée nationale avec l’onction du consensus de toute la nation ;
– l’accélération du retour des personnes déplacées vers leur lieu de résidence en mettant un terme à l’occupation illicite de leurs maisons.
Le PDCI-RDA invite les populations ivoiriennes à s’approprier le processus de réconciliation nationale en s’inscrivant dans la logique de l’exigence de paix et de dialogue qui a fait de ce pays une terre de progrès, de fraternité et d’hospitalité.
Fait à Abidjan, le 03 Août 2012
LE SECRETAIRE GENERAL
Le Professeur Alphonse DJEDJE MADY
Déclaration du Premier Ministre, garde des Sceaux, ministre de la justice, chef du gouvernement de la République de Côte-d’Ivoire
Dans une déclaration en date du 03 août 2012, largement reprise dans la presse écrite et sur Radio France Internationale (RFI), le Professeur Alphonse DJEDJE MADY, Secrétaire Général du PDCI-RDA s’est prononcé sur la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, suite aux incidents survenus dans plusieurs régions du pays.
Le Secrétaire Général du PDCI-RDA note que « cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation ». Il en en appelle donc à Monsieur le Président de la République et au Gouvernement pour la mise en œuvre urgente de mesures visant à garantir la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national.
Monsieur le Premier Ministre note avec regret qu’une telle déclaration est de nature à conforter les manœuvres de certaines personnes dont le seul objectif est de faire croire, par des actes d’agressions ciblées, à une insécurité généralisée dans le pays.
Monsieur le Premier Ministre fait remarquer que le Gouvernement, sous l’autorité de Son Excellence Monsieur le Président de la République, consent chaque jour d’importants efforts, depuis la fin de la crise postélectorale pour améliorer le niveau de sécurité dans le pays.
Il s’agit notamment :
– de l’encasernement des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ;
– de la restauration de la discipline au sein des Forces armées;
– de la réhabilitation des Commissariats de Police et des brigades de Gendarmerie ;
– de la poursuite de l’opération de démobilisation des ex- combattants ;
– de la collecte des armes légères et de petits calibres ;
– des opérations de dépollutions de plusieurs sites en armes et munitions ;
– de l’équipement progressif des Forces armées, de la Police et de la Gendarmerie, en matériels notamment, en moyens de locomotion.
Pour ce qui est de la question foncière, il convient de rappeler l’organisation en juin dernier à Yamoussoukro d’un séminaire gouvernemental sur ce sujet.
Les recommandations de ce séminaire gouvernemental sont en cours de mise en œuvre. Quant à la présence des chasseurs traditionnels « Dozos » dans plusieurs régions du pays et leur participation à des opérations de maintien de l’ordre, ce problème qui n’est pas récent, fait l’objet d’une attention toute particulière du Gouvernement.
Au total, Monsieur le Premier Ministre constate que les récents évènements survenus dans le pays, pour aussi regrettables qu’ils soient, ne traduisent en aucune manière, une inertie du Gouvernement, encore moins une insécurité généralisée dans le pays.
D’ailleurs, aucun pays, même les mieux sécurisés, n’est à l’abri d’actes de violences lâches et aveugles. C’est pourquoi, le Gouvernement ivoirien s’efforce de prévenir de tels actes et de les gérer, en toute responsabilité, lorsqu’ils surviennent malheureusement.
Monsieur le Premier Ministre fait remarquer également que le Gouvernement actuel, issu du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) est composé de Ministres de l’ensemble des forces politiques de la coalition qui a remporté la Présidentielle de 2010, dont le PDCI-RDA. Par ailleurs, le programme de Gouvernement mis en œuvre par ce Gouvernement est celui qui a reçu la caution de tous les partis politiques, membres du RHDP y compris le PDCI-RDA.
Dans un tel contexte, la sortie du Secrétaire Général du PDCI-RDA apparaît inopportune et inconvenante, d’autant plus qu’elle a été faite sans que le Premier Ministre issu des rangs du PDCI-RDA, n’ait été consulté pour échanger sur des questions aussi délicates qui engagent le Gouvernement.
En effet, le PDCI-RDA ne peut être, à la fois, acteur de l’action gouvernementale et contradicteur public de l’action de ce même gouvernement, sans courir le risque majeur de le fragiliser.
Par ailleurs, cette intervention intervient à un moment où le Président de la République remporte des victoires diplomatiques et économiques. Monsieur le Premier Ministre rappelle qu’il reste disposé à tout échange avec les partis membres du RHDP, sur les grandes questions qui touchent à la conduite de l’action gouvernementale.
Monsieur le Premier Ministre appelle donc instamment à la nécessaire solidarité des Ivoiriens et des Ivoiriennes pour mener, aux côtés du Président de la République, SEM. Alassane OUATTARA, les seules batailles qui vaillent la peine d’être menées en cette période particulière de l’histoire de notre pays, celles du développement de notre pays, de l’amélioration des conditions de vie des populations ivoiriennes, du rayonnement international de la Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan, le 06 août 2012
Jeannot KOUADIO-AHOUSSOU
Une présentation de Charles Kouassi