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Le jeudi 20 février 2025, la base militaire française de Port-Bouët a été rétrocédée à la Côte d’Ivoire. Cette cession marque le début de la reconfiguration de la coopération militaire entre Abidjan et Paris.
La rétrocession avait été annoncée par le président ivoirien Alassane Ouattara, lors de son allocution du 31 décembre 2024 : « le camp du 43ème BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouet, sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025 ». Cette cession marque une étape significative dans l’affirmation de la souveraineté nationale ivoirienne et intervient dans le cadre de la politique de réaménagement du dispositif militaire français en Afrique. Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, à affirmé que « le monde change, il évolue vite. Il était évident que notre relation de défense devait, elle aussi, évoluer ». Depuis 2022, les délégations françaises et ivoiriennes se sont rencontrées à plusieurs reprises pour élaborer une nouvelle coopération militaire bilatérale.
Une coopération militaire renouvelée
Lors de la cérémonie, le ministre ivoirien de la Défense a déclaré que « cet acte marque une nouvelle étape dans les relations d’amitié et de coopération stratégique entre nos deux nations […] notre coopération militaire demeurera aussi meilleure qu’elle a toujours été ». La coopération militaire franco-ivoirienne ne disparaît pas, elle se reconfigure. 80 des 1000 soldats français stationnés sur cette la base vont y demeurer afin de mener des missions de formation et d’accompagnement auprès des soldats ivoiriens. Notamment des formations dans le domaine du renseignement.
La France a toujours été un partenaire militaire majeur de la Côte d’Ivoire. Créé en 1978, la base de Port-Bouët a servi de point d’appui pour les forces françaises en Afrique, notamment dans le cadre des opérations de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Arthur Banga, chercheur spécialiste des questions de défense à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, considère que « le bilan de la coopération militaire franco-ivoirienne est largement positif ». Elle « a permis à la Côte d’Ivoire de mettre en place son armée et d’être performante ». L’armée ivoirienne est désormais prête à agir en autonomie avec l’appui des formations dispensées par les soldats français.
Point culminant de la cérémonie de rétrocession, le dévoilement de la nouvelle entrée de la base rebaptisée « Général Ouattara Thomas d’Aquin », en l’honneur du premier chef d’État-major de l’armée ivoirienne. La garde française a été relevée par une garde ivoirienne et le drapeau bleu, blanc et rouge a laissé place au drapeau orange, blanc et vert.
Cette rétrocession symbolise un tournant dans les relations de défense entre la Côte d’Ivoire et la France. Tout en affirmant sa souveraineté, Abidjan maintient une coopération militaire stratégique avec Paris, axée sur la formation et le soutien. Cette évolution s’inscrit dans une dynamique plus large de redéfinition des partenariats militaires en Afrique, où les États cherchent à renforcer leur autonomie tout en préservant des collaborations essentielles. Elle marque également l’adaptation de la présence française aux nouvelles réalités géopolitiques.
Constantine