COVID 19: Comment les footballeurs de la Ligue 1 se préparent à la reprise

2442

Dernère publication

Cela fait plus de 15 jours que le sport en Côte d’Ivoire est à l’arrêt en raison des décisions du Conseil National de la Sécurité (CNS) pour la lutte contre la propagation du Covid-19 en Côte d’Ivoire. Comment les footballeurs évoluant en Ligue 1 en Côte d’Ivoire vivent, cette situation. Comment arrivent-ils à s’adapter sans matchs de Ligue 1, sans entraînement collectif ? Comment entrevoient-ils la reprise. L’IA a échangé avec quelques joueurs du championnat.

Les habitudes des sportifs ont changé dans cette crise sanitaire qui impose des règles et des mesures de prévention. Pour les sports collectifs, plus question d’entraînement général deux fois par jour au maximum. Il n’est plus question d’évoquer le regroupement pour garder et converser l’automatisme, voire mettre en place des schémas tactiques de jeu. Il faut individuellement s’adapter, maintenir la forme et surtout suivre à la lettre le programme de préparation individuelle mis en place par les différents staffs techniques.

Un travail à minima pour maintenir la forme

Réveil musculaire, gainage, course d’endurance et de coordination, pompe, atelier de vivacité sont entre autres quelques exercices physiques soumis aux footballeurs évoluant dans le championnat ivoirien pour rester toujours en activité.
« Nous vivons une situation pénible. Mais il faut s’adapter. Je me déplace très peu. J’effectue des déplacements utiles. Sportivement, je fais quelques exercices pour maintenir ma forme. Je sors d’une blessure et notre préparateur physique a mis en place un programme de préparation personnalisé pour chaque joueur. Ce programme doit être exécuté au quotidien », raconte Gbané Mohamed, le gardien de l’Africa Sports d’Abidjan.
Le constat est le même avec le capitaine du Sporting Club de Gagnoa, Goua Marc. Il partage sa journée entre la famille et les activités sportives. « En matinée, je suis en famille. Je passe beaucoup de temps avec mon fils. Je consacre l’après-midi à travailler. Je fais un travail physique individuel pour maintenir la forme. Je fais 15 minutes de course pour réveiller un peu le corps, ensuite je fais quelques gainages et abdos. Je fais des exercices pour maintenir la forme sans forcer sur le cardio », détaille l’ancien sociétaire du Séwé Sport de San-Pedro.

Djé Kouassi Eugène, capitaine de SOL FC vit difficilement cette situation. Cependant, il n’a pas le choix. Il faut se préserver et protéger les autres dans cette crise sanitaire. Le meilleur moyen pour le défenseur central du SOL FC d’être en activité physique est de suivre le programme de préparation mis en place par l’entraîneur. « C’est vraiment difficile ce que nous vivons. Cette crise sanitaire est terrible. Notre secteur est touché. Ça devient ennuyant pour nous. Nous subissons les conséquences de cette pandémie. Les mesures prises par les autorités montrent bien que l’heure n’est pas à l’amusement. Le coach nous a donné un programme que nous suivons. Le programme est physique. Il consiste entre autres à faire des courses d’endurance, de puissance, des ateliers de vivacité et de coordination », confie Djé Kouassi Eugène. « Je passe le clair de mon temps à exécuter le programme individuel que le coach nous a donné. Je me rends le plus souvent à Sol Béni pour mes séances d’entraînement individuelles, ou sur le terrain de mon quartier à la Riviera. En tout cas, je travaille dur. Il est important d’être en forme avant la reprise », révèle Komlan Agbeniadan, l’attaquant des Jaune et noir.
Même si ce programme de préparation individuel est exigé par les différents staffs techniques, aucun moyen de contrôle et de suivi n’a été mis en place. Du moins, le seul moyen de suivi sera la reprise afin de jauger le niveau physique du joueur. « Les coaches n’ont pas de moyens de suivre ce que nous faisons. Ça dépend du joueur. Il est impératif pour le joueur de suivre ces exercices, c’est pour son bien. Pas besoin d’un suivi particulier du staff technique », pense Mofossé Karidioula, l’attaquant capitaine du WAC. Goua Marc soutient que trois jours sans activité physique pour un sportif est dangereux. D’où la nécessité de se mettre au travail avec ou sans l’accord des entraîneurs. « Quand un joueur est inactif, il y a un problème. Quand on fait de petits exercices à la maison, à la reprise cela devient plus facile. Quand on reste inactif, jusqu’à la reprise c’est fatiguant. Pour un joueur qui a deux semaines d’arrêt, ce ne sera pas catastrophique. Le plus important pour un sportif est de maintenir la forme. Il y a de petits exercices physiques qui permettent de maintenir la forme. Un sportif ne doit pas faire trois jours sans activité. Ce n’est pas bon. L’activité évite des blessures à la reprise », expose le capitaine du Sporting Club de Gagnoa.
Du côté du Racing Club d’Abidjan (RCA), l’actuel leader de la Ligue 1, Diabaté Bassiriki , le coach suit au quotidien l’activité de ses poulains. Le suivi est à la fois sportif et social.

Une reprise fatale ?

En attendant la fin de cette crise sanitaire, chacun y va de son analyse pour la reprise de la Ligue 1. Le retour sur le rectangle vert ne sera pas facile pour bon nombre d’équipes. Du moins Si cette situation perdure plus d’un mois. « Il nous faudra, 3 à 4 semaines d’entraînement collectif pour retrouver les automatismes à la reprise », soutient Gbané Mohamed de l’Africa Sports d’Abidjan. « Ces séances d’entraînements individuels ne pourront pas remplacer l’entraînement collectif. Il y a des automatismes qui ne reprennent pas de sitôt. La reprise va être difficile. Même quand nous travaillons collectivement tous les jours, nous sommes obligés de répéter les schémas tactiques. La reprise va être difficile parce qu’il n’y a plus d’entraînement collectif », argumente le défenseur central de SOL FC.
Un avis que partage Mofossé Karidioula du WAC. « Si le championnat devrait être à l’arrêt durant un mois, collectivement la reprise sera difficile. C’est comme si nous étions en vacances ; C’est dire qu’on reprend la préparation à zéro. Ça va être compliqué ».
L’entraîneur du Racing Club d’Abidjan, ne s’attend pas à du beau jeu à la reprise de la Ligue 1. « Nous allons faire forcément plus d’un mois avant la reprise. Cela va impacter sur la performance et sur la qualité du jeu. Les athlètes sont éloignés du ballon, or ils ont besoin du cuir pour le manier. Nous allons donc perdre en qualité de jeu. On n’aura pas de bon match. Physiquement, nous allons perdre des joueurs », a déclaré Diabaté Bassiriki.
« Je ne vais pas vous cacher que cette situation est difficile à vivre. Rester là, à ne rien faire, est terrible. Nous prions afin que cette maladie soit vaincue afin qu’on reprenne les activités. La reprise sera fatale pour les clubs. Personne ne s’est entraîné. Cela va peser lourd dans les jambes. On sera obligé de faire une nouvelle préparation pour aborder les six dernières journées. Ça ne va vraiment pas être facile», reconnaît Aka Kouamé directeur Sportif de l’AS Tanda.
Contrairement aux autres, Goua Marc a une lecture différente pour la reprise. « Je ne pense que cela puisse peser sur nous à la reprise. À la reprise, nous allons travailler le collectif. Nous nous connaissons déjà, c’est le même effectif depuis le début de la saison, dont il n’y aura pas de problème. Ya pas lieu à s’alarmer pour le Sporting », analyse Goua Marc.


La reprise pas à l’ordre du jour

La reprise des activités sportives n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. Si les décisions du Conseil National de la Sécurité s’étendaient sur 15 jours à compter de la date du 18 mars 2020, elles ont pris fin depuis le jeudi 2 avril 2020. Cependant, ces décisions renouvelables continuent de s’appliquer à l’ensemble des Ivoiriens. La FIF s’inscrit donc dans cette dynamique de reconduction. En tout cas le cuir ne devrait pas rouler de sitôt sur le rectangle vert en Côte d’Ivoire en raison de la réquisition par le gouvernement de Côte d’Ivoire des infrastructures sportives que sont le stade Robert Champroux, le Parc des Sports et le Complexe Jessie Jackson de Yopougon pour accueillir des malades du Covid-19. Dans ce contexte, la Ligue Professionnelle de Football tente d’anticiper sur une éventuelle reprise. Elle multiplie les rencontres pour analyser et présenter les différents scenarii, en vue d’une reprise au grand bonheur du mouvement sportif.

Ange Kouadio

Commentaire

PARTAGER