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Le rond-point Anador, dans la commune d’Abobo, a accueilli une cérémonie solennelle d’inauguration des stèles mémorielles érigées en hommage aux victimes des événements tragiques de la crise post-électorale de 2010-2011. Cette commémoration qui a rassemblé les autorités ivoiriennes, des représentants de l’Union européenne, ainsi que celles de la Cour pénale internationale (CPI) s’est tenue le vendredi 11 avril 2025.
À travers cette initiative portée par le ministère de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté (MCNSLP), l’État ivoirien poursuit sa volonté de réparer symboliquement et moralement les blessures causées par cette page douloureuse de l’histoire nationale, en collaboration avec le Fonds au profit des victimes de la CPI.
Un devoir de mémoire et d’unité nationale
Depuis 2021, le Fonds au profit des victimes, en partenariat avec des organisations comme WANEP, AVSI et DRAO, a mis en œuvre une approche de réparation holistique mêlant soutien psychologique, réhabilitation physique, et assistance matérielle. Parmi les mesures engagées : l’érection d’œuvres mémorielles sur les sites marqués par les violences. L’initiative avait été lancée à Abobo, le 3 mars 2024, à l’occasion de la commémoration de la marche historique des femmes.
Les stèles inaugurées portent les noms symboliques « De l’ombre à la lumière » à Abobo et « Résilience » à Yopougon, en mémoire des cinq événements marquants de la crise que sont la marche des femmes d’Abobo, le bombardement du marché Siaka Koné,l’attaque d’Anonkoua-Kouté, l’attaque du quartier Doukouré et l’attaque de Yao Séhi.
Un témoignage fort de reconnaissance des victimes
Lors de la cérémonie, Marie-Madeleine Gossé, victime de l’attaque de Yao Séhi, a pris la parole au nom de toutes les victimes.
« Nous sommes là pour dire merci à l’État de Côte d’Ivoire. Ces œuvres mémorielles sont synonymes de reconnaissance et d’espoir. Elles témoignent de nos souffrances et porteront notre mémoire aux générations futures. »
Elle a également salué les efforts d’accompagnement réalisés depuis 2021 à savoir la prise en charge médicale, psychologique, aides financières, activités génératrices de revenus (AGR), et soutien scolaire de la part de l’État ivoirien.
La CPI salue un engagement pour la paix
Présent à la cérémonie, Marc Dubuisson, directeur des services judiciaires de la CPI, a salué l’engagement de la Côte d’Ivoire et des victimes elles-mêmes.
« Ces œuvres vous appartiennent. Elles sont le symbole d’un avenir sans violence. Vous montrez la voie de la cohésion sociale. »
Un appel national au pardon et à la vigilance de l’Etat ivoirien
La ministre de la Cohésion nationale, Myss Belmonde Dogo, a souligné la portée pédagogique et historique de cette démarche.
« Aujourd’hui, c’est le temps de la mémoire. Ce que nous inaugurons est un acte de réparation symbolique. (…) Ces stèles doivent enseigner aux jeunes générations que la paix est un choix, et que les violences électorales ne sont pas bénéfiques. »
Elle a également rendu hommage aux victimes et appelé les citoyens à faire des élections présidentielles de 2025 un moment de maturité politique, sans violence.
De son côté, Kandia Camara, Présidente du Sénat et Maire d’Abobo, a exhorté les victimes au pardon, et tous les Ivoiriens à rester unis.
« Vous avez souffert, mais vous avez choisi de pardonner. Soyons tous des artisans de paix. », Après Abobo et Yopougon, d’autres stèles seront érigées dans les régions du Guémon (Duékoué) et du Cavally (Bloléquin, Doké, Péhé), également touchées par les violences de la crise. L’objectif est clair : ne jamais oublier, mais surtout ne jamais revivre de telles tragédies. Par cette démarche mémorielle, la Côte d’Ivoire écrit une nouvelle page de son histoire, tournée vers le pardon, la paix durable et la construction d’une nation unie.
Olivier Dion avec Gérard Batoua