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Du 25 novembre au 10 décembre, 16 jours d’activisme sont consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Côte d’Ivoire. Où en est la bataille dans le pays ?
Le 25 novembre valorise la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Depuis 2008, cette journée est suivie d’une campagne de 16 jours chaque année. Cette fois-ci, le thème est « investir pour prévenir ». Ce choix fait suite au constat alarmant de l’ONU : un cruel manque de financement dans le monde, malgré une recrudescence des violences.
Selon une étude du Réseau des femmes élues locales d’Afrique, 40 % des femmes en Afrique de l’Ouest et 65 % en Afrique Centrale seraient victimes de violence. L’année passée en Côte d’Ivoire, le système de collecte national totalise presque 8 000 exactions contre environ 5 400 en 2020. Selon une enquête de santé de 2021, 26 % des femmes de 15 à 49 ans en ont subi.
À l’occasion de cette 33e édition de la campagne, la ministre de la Femme appelle à une tolérance zéro contre le phénomène. Si le pays est engagé dans la lutte depuis 2014, les mesures prises sont loin d’être suffisantes. Pour l’heure, le Conseil National des Droits de l’Homme préconise : « un renforcement de la prise en charge des survivantes, une dotation de ressources supplémentaires aux bureaux d’écoute et plateformes de lutte, une installation de centre d’accueil des victimes sur l’ensemble du territoire ivoirien ».
Auprès des ONG, des initiatives fleurissent
Malgré le manque de moyen général, le monde civil s’active localement ! En exemples, le 23 novembre, le Majestic Ivoire à Cocody a accueilli la première édition du Mino film festival sous le thème « Brisons le silence ». L’évènement s’est ouvert sur la projection de Mino, réalisé par Prudence Maïdou. Ce court-métrage raconte l’histoire d’une petite fille éblouie par la beauté apprêtée de sa mère. Un jour, l’enfant découvre les bleus sous le maquillage et va prendre sa défense. « Étant petite, je vivais dans une grande famille où ces actes se produisaient régulièrement. J’ai eu envie d’interpeller les parents sur le fait que les enfants sont aussi des victimes. » Soutient la réalisatrice.
À Abidjan, l’ONG Yelenba Women in Action organise un concours de poésie et de slam sur plusieurs jours, ouvert aux lycéens. Les trois finalistes présenteront leurs créations le samedi 9 décembre. Le but est de dénoncer les Violences Basées sur le Genre (VBG), tout en faisant réfléchir les plus jeunes aux conséquences de celles-ci.
Des conséquences plus graves que prévues
Outre les conséquences à long terme sur la vie et la santé des victimes, ces violences impactent également l’environnement dans lequel elles s’enracinent. D’après le directeur régional de l’ONU Femmes en Afrique de l’Ouest : « Cela constitue un réel frein au développement national. Nous en appelons aux gouvernements et à toutes les bonnes volontés d’investir davantage dans les programmes d’autonomisation de la femme, pour financer et accompagner les organisations afin d’y mettre fin. »
Selon la banque mondiale, l’impact économique de la perte de productivité liée aux violences sexistes peut atteindre 4% du PIB de certains pays.
Constantine