Enseignement technique et formation professionnelle : Nommé Secrétaire d’État chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Brice Kouassi est un enseignant.

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Il connaît bien le système éducatif ivoirien. Sa nomination est une manière de reconnaître la spécificité de l’enseignement professionnel et de reconnaître l’existence de filières d’excellence. En Afrique, comme partout sur la planète, l’enseignement technique et la formation professionnelle souffrent souvent d’un réel discrédit : on y envoie des élèves que l’on juge incapables de suivre un enseignement général. L’orientation se fait quelques fois par défaut.

Francis Vanié, Inspecteur principal en CMC, parle d’une orientation « réservée selon l’imagerie populaire aux pieds cassés de l’enseignement général. » La philosophie de l’orientation par défaut est la suivante : si tout va bien, l’élève poursuit ses études dans l’enseignement général, sinon, on l’« oriente » vers l’enseignement technique et professionnel.

Ouvrir le chantier des stratégies nouvelles de l’enseignement technique et professionnel

L’objectif, pour Brice Kouassi, est de revaloriser l’enseignement technique et professionnel, en améliorant l’articulation du passage entre l’enseignement général et l’enseignement professionnel, en redonnant légitimité et fierté aux 4 000 enseignants de ce secteur, en réhabilitant l’équipement des établissements, et en mettant fin à son instabilité institutionnelle qui en a fait un enseignement sacrifié.

Or, l’enseignement technique et la formation professionnelle figurent au premier rang des réponses à apporter pour la création d’emplois, l’industrialisation de la Côte d’Ivoire et la modernisation des administrations. On y développe des filières d’excellence et des voies de réussites qui permettent de répondre aux attentes des entreprises et des administrations dans tous les secteurs d’activité. Les processus de développement économique et d’industrialisation demandent à être soutenus par un enseignement technique et professionnel capable de leur fournir des techniciens, des cadres moyens et supérieurs disposant d’un haut niveau de qualification.

Le rôle de l’État

Pour des raisons multiples que tout le monde connaît, le rendement du système éducatif ivoirien reste insuffisant : difficultés financières liées à la crise économique des années quatre-vingt, mise en place des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), amenuisement des ressources publiques, essoufflement de l’État, crises politico-militaire et post-électorale, etc. Des priorités, – financement des infrastructures et des politiques sociales, lutte contre la pauvreté, etc. -, ne permettent pas, aujourd’hui encore, d’investir aussi massivement qu’il est nécessaire dans le système éducatif, ce qui a quatre conséquences pour l’enseignement technique et professionnel : 1) des équipements obsolètes dans la majorité des établissements 2) des filières qui ne sont pas en adéquation avec les besoins des entreprises 3) un enseignement technique et professionnel qui subit, lui aussi, cette marchandisation de l’éducation en cours dans tous les pays d’Afrique 4) une paupérisation du corps enseignant et du personnel administratif.

L’État aurait tort de galvauder, voire de sacrifier l’enseignement technique et professionnel, cat il s’agit véritablement d’une « école de la première chance » avec des filières d’excellence et des voies de réussite, mais aussi d’une « école de la deuxième chance » pour des élèves dont les capacités demandent à s’exprimer ailleurs que dans l’enseignement général ou qui sont déscolarisés. En ce sens, la nomination d’un Secrétaire d’État chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle est une bonne chose. Le fait que ce soit Brice Kouassi, un enseignant-chercheur, doit permettre de redynamiser un enseignement vital pour l’avenir des jeunes ivoiriens et du pays.

Christian Gambotti,Professeur Agrégé

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