Entretien avec Didier Le Bret : Candidat dans la 9è circonscription des français de l’étranger

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MINISTERE DES AFFAIRE ETRANGERES 37 QUAI D'ORSAY DIRECTEUR CENTRE DE CRISE LE 8 FEVRIER 2013 PHOTO : DELPHINE GOLDSZTEJN

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Candidat dans la 9ème circonscription des Français de l’Etranger, Didier Le BRET  arrive ce mercredi 12 avril 2017 à Abidjan. Il tiendra en Côte d’Ivoire deux réunions publiques lors de ce déplacement : à Abidjan, Jeudi 13 avril à 18h30, (CERAP-INADES, 15 avenue Jean Mermoz, à Cocody) et à Grand Bassam  – Samedi 15 avril à 12h (hôtel-restaurant Boblin la Mer, sur la route d’Azuretti). « Je serai, en tout cas, disponible pour tous ceux qui voudront me rencontrer.  Ce sera, j’en suis certain, l’occasion d’échanges passionnants », dit-il à l’Intelligent d’Abidjan dans cet entretien.

Vous êtes candidat pour la 9è circonscription des Français de l’étranger, quel est votre parcours et pourquoi vous présentez vous aujourd’hui à la députation ?  

Après des études de lettres classiques et un diplôme de l’Institut d’études politiques, j’ai enseigné à l’université Lyon 2, avant d’intégrer le Quai d’Orsay. Pendant près de 25 années, j’ai eu l’honneur d’être au service de la diplomatie française en exerçant différentes responsabilités en ambassades et à Paris. J’ai eu la chance d’être souvent là où l’histoire se faisait. A Moscou, en plein éclatement de l’Union soviétique, en Haïti au moment du terrible séisme de janvier 2010, à New York auprès de l’ONU lors des attentats du 11 septembre. J’ai également participé aux négociations qui ont conduit aux Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Aujourd’hui, je souhaite prolonger mon engagement au service de mon pays et de mes compatriotes. Ma candidature dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger est pour moi une forme d’engagement citoyen au service des Françaises et des Français de l’étranger, que je souhaite représenter et défendre. Je les connais bien, et j’ai été moi-même expatrié pendant près de 20 ans ! C’est aussi un prolongement naturel de ma propre histoire familiale. Ma mère est née à Oran, et une grande partie de ma famille a vécu au Maroc jusqu’à la fin des années 1950.
Tout ce que j’ai fait jusque-là m’a au fond préparé à être candidat à la députation dans une circonscription qui me permet de travailler au renforcement des liens entre le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest et la France. L’avenir de la France passe, dans un rapport gagnant-gagnant, par une coopération plus étroite avec les pays du Sud et les pays africains. Nous avons avec tous les pays de la 9è circonscription une histoire commune, nous entretenons des liens étroits qui sont aussi des liens de profonde amitié et d’affection. Je veux aussi faire vivre pleinement la grande communauté francophone, que je vois comme un espace de progrès économique et social, un espace de solidarité. C’est pour moi l’exemple de l’unité dans le respect des diversités.
Dans mes fonctions les plus récentes, enfin, j’ai beaucoup travaillé sur les questions de sécurité, comme directeur du Centre de crise du Ministère des Affaires étrangères, mais aussi comme coordonnateur-nation du renseignement auprès du Président de la République. Cette expérience est essentielle pour des pays qui sont aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, en Afrique, plus personne ne sous-estime les questions sécuritaires. Obligé de reculer en Libye, en Irak, Daesh s’est fixé comme prochain objectif l’Afrique.

Quelles propositions souhaitez-vous porter pour les français résidant dans la 9ème circonscription ?   

La première de mes priorités est la jeunesse. Notre réseau d’établissements scolaires à l’étranger est un des atouts de la présence française dans le monde. Mais pour le préserver, pour en garantir l’accès à tous les Français, sans pour autant exclure ceux qui ne sont pas français, nous devrons nous en donner les moyens. Je me battrai donc pour enrayer la hausse continue et intenable des frais de scolarité, tout en militant pour la hausse du budget alloué à nos établissements.
Je souhaite également agir pour préserver et développer un espace de mobilité et de solidarité entre francophones. La Francophonie doit être notre réponse face au repli sur soi et au nationalisme. Nous pouvons faire de la Francophonie un espace ouvert, généreux, tourné vers les échanges et les partenariats. Je propose de lancer deux grands chantiers dans le cadre de mon mandat: la mise en place d’un visa francophone et la création d’un Erasmus francophone, sur le modèle des échanges universitaires existants au sein de l’Union Européenne. Je veux rendre plus facile la possibilité pour les étudiants Ivoiriens de faire des études en France. Ces deux propositions avaient été évoquées dans le remarquable rapport de Pouria Amirshahi, député sortant de notre circonscription.
Dans cette région soumise à de multiples menaces, assurer la sécurité de nos compatriotes est essentiel. Il est de notre devoir de continuer à investir dans la protection de nos emprises, mais il nous faut aussi promouvoir, comme nous le faisons en France, la prévention, et bien sûr intensifier la coopération entre services de sécurité et de renseignement. Les Français de l’étranger peuvent compter sur mon engagement et je mettrai à profit l’expérience acquise au Centre de crise et dans mes dernières fonctions.
Enfin, dans ce climat d’affaires délétère et de grave crise de défiance envers les élus qui marque la campagne présidentielle, je souhaite porter une nouvelle manière de faire de la politique. En ce sens, je m’engage, ainsi que mon équipe, à signer une charte ambitieuse visant au strict respect de règles d’éthique en matière de salaire, de parité et de conflit d’intérêts. Je mettrai également place un budget participatif pour l’attribution de 60 % de ma réserve parlementaire, ainsi qu’une plateforme numérique pour permettre à tous les électeurs de la circonscription de suivre au mieux mon travail législatif et d’y participer activement.

Quel message souhaitez-vous adresser aux Français résidents en Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire compte plus de 15 000 compatriotes, soit près de 10% de la population de la 9ème circonscription. Parmi eux beaucoup sont à la fois Français et Ivoiriens. Cette double nationalité est un formidable atout, un véritable pont humain entre nos deux pays, nos deux économies, nos deux cultures. La Côte d’Ivoire est une étape importante dans ma campagne, car le pays entretient des relations étroites avec la France et les Français y sont nombreux. Comment ne pas accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin de l’émergence ? Au cours des cinq dernières années, la croissance a été soutenue, quasiment à deux chiffres. La Côte d’Ivoire est redevenue le dragon économique de l’Afrique ! Et la communauté française y joue aussi un rôle majeur. Les entreprises françaises, ou leurs filiales, environ 500 sociétés, génèrent un tiers du PIB ivoirien. Elles contribuent ainsi au renouveau économique du pays. Un pays économiquement fort, diplomatiquement influent, comme l’est la Côte d’Ivoire aujourd’hui, est dans toute la sous-région et en Afrique, un gage de stabilité.
Je serai également attentif à l’ensemble des problèmes rencontrés par nos compatriotes, dans un contexte parfois difficile. Je pense notamment aux mouvements des mutins, aux grèves qui ont secoué le pays récemment, mais aussi au risque terroriste.

Charles Kouassi


-Les 16 pays de la 9è circonscription des Français établis hors de France
Algérie, Burkina, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Tunisie.
– Les pays dans lesquels les ressortissants français inscrits sur les listes consulaires sont les plus nombreux
Maroc (51 109 Français inscrits) Algérie(38 325), Tunisie (21 932), Sénégal (20 252), Côte d’Ivoire (16 429), Mali (7 307), Burkina Faso (3 442).
-Le nombre de votants : estimé à 120 000 en 2017 (contre 96 000 en 2012).
– Abstention : toujours très élevée (81,74 % en 2012).
4Député sortant : Pouria Amirshahi, PS, élu au second tour avec 10 000 voix (ne se représente pas en 2017). La circonscription vote, traditionnellement, à gauche.

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