Filière Café-Cacao – Des producteurs ivoiriens tirent la sonnette d’alarme et appellent à l’intervention du Président Ouattara

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Koné Moussa, président du Syndicat National Agricole pour le Progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI), et Kanga Koffi, président de l’Association Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI), ont animé, le lundi 19 août 2024, à la Maison de la Presse d’Abidjan, une conférence de presse.

Les deux leaders, selon une note d’information, ont exprimé leur profond mécontentement face au prix de 1 500 FCFA par kilogramme de cacao, qualifié d’ “historique” par les autorités. Selon Koné Moussa, ce prix, loin de refléter la réalité du terrain, constitue une façade qui masque des iniquités profondes. Ce montant, insuffisant, selon eux, au regard des cours mondiaux, ne permet pas aux producteurs de tirer un revenu décent de leur travail.

Pointant du doigt une répartition inéquitable des revenus qui favorise les intermédiaires au détriment des producteurs, Koné Moussa a dénoncé ce qu’il considère comme une continuité de l’exploitation post-coloniale : “Qu’avons-nous gagné depuis l’indépendance si ceux qui dictent les prix ne sont toujours pas les producteurs ?” s’est-il interrogé, soulignant l’urgence de réformer un système qui semble perpétuer l’injustice.

De son côté, Kanga Koffi a révélé que les sociétés coopératives ne contrôlent plus que 20 % de la commercialisation intérieure, contre 80 % pour les pisteurs et acheteurs. Cette inversion dramatique est attribuée aux politiques « inefficaces » du Conseil Café-Cacao (CCC), mettant en péril l’avenir des organisations professionnelles agricoles (OPA) et, par conséquent, l’ensemble du secteur.

Concernant l’état des plantations, Kanga Koffi a déploré le vieillissement des champs et la baisse des rendements, une situation aggravée par la politique du CCC de ne pas fournir de semences sélectionnées depuis trois ans. « Cela a encore appauvri les producteurs », a-t-il déploré.

Un appel lancé au Président de la République

Kanga Koffi a aussi dénoncé le manque de transparence dans la mise en place de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA), laissant les producteurs dans l’incertitude quant aux véritables objectifs de cette structure.

Face à cette situation critique, Koné Moussa et Kanga Koffi ont également lancé un appel direct au Président de la République,Alassane Ouattara, l’invitant à intervenir personnellement dans la gestion de la filière café-cacao. Selon Koné Moussa, « la filière café-cacao est gravement malade à cause de ses gestionnaires. Les producteurs souffrent, et les coopératives disparaissent ».

Ils ont insisté sur la nécessité d’une réunion entre producteurs, coopératives, et gestionnaires afin de rétablir l’équité et de sauver les coopératives de la disparition. “Décider pour toi sans ton avis, c’est décider contre toi,” a déclaré Koné Moussa, mettant en garde contre les dangers d’une gouvernance unilatérale.

Les producteurs, regroupés au sein de la Plateforme SYNAPCI-ANAPROCI, attendent l’annonce du prix pour la campagne 2024-2025, après avoir suspendu leur mot d’ordre de grève pour la campagne intermédiaire 2023-2024.

« L’augmentation des prix sur le marché mondial ne profite pas réellement aux producteurs. Nous avons suspendu notre mot d’ordre de grève pendant la campagne intermédiaire 2023-2024. Nous attendons donc avec intérêt le prix pour la nouvelle campagne 2024-2025 », a prévenu Kanga Koffi.

Cependant, ils avertissent que sans des réformes concrètes et inclusives, la colère sociale pourrait s’intensifier dans les campagnes ivoiriennes.

Beker Yao

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