Interview – Ange Félix N’Dakpri, premier responsable de l’Assedi : “Ce que nous demandons au Gouvernement par rapport à la création littéraire”

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président de l'ASSEDI ,Ange Félix N'Dakpri

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Ange Félix N’Dakpri est le premier responsable de l’Association des Editeurs de Côte d’Ivoire (Assedi). Il a plaidé pour la mise en place d’une subvention ou d’un fonds d’aide et de soutien à la création littéraire, il a surtout demandé aux élèves et étudiants de se familiariser et de s’habituer au livre et à la lecture. C’était le jeudi 9 décembre au cours d’un entretien avec la presse dans le hall d’un hôtel d’Abidjan.

Présentez nous l’Assedi et quel est le bien fondé de sa mise en place ?

L’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire, en abrégé, Assedi, est une association professionnelle et corporative légalement constituée conformément à la Loi ivoirienne de création des associations. Elle regroupe la quasi-totalité des maisons d’édition spécialisées dans la publication de livres dans divers genres littéraires. Créée depuis 1998 à l’initiative des pionniers, pionnières, devanciers et devancières de l’édition ivoirienne, l’Assedi forte et mâture de ses 23 ans d’existence s’est fixée des objectifs relativement à la défense des intérêts moraux et matériels de ses membres, à l’édition et à la production d’œuvres de qualité tant littéraire qu’éditoriale, à la promotion de la littérature auprès des populations, à la formation de ses membres et autres défis du lectorat actif et de la professionnalisation du métier. Elle compte aujourd’hui 25 membres, des sociétés de droit ivoirien exerçant dans le domaine de l’industrie de l’édition, du livre et de la lecture.

Quelles sont les activités déjà initiées ?

Le Salon international du livre d’Abidjan (Sila) et le Salon du livre pour enfants et adolescents (Salea) représentent d’importants rendez-vous littéraires internationaux pour le développement et la promotion de l’industrie nationale de l’édition, du livre et de la lecture. Dans cette dynamique, nous avons institué plusieurs prix littéraires avec l’appui de nos partenaires. Il y a aussi la question de la professionnalisation des métiers du livre avec l’institution à compter de 2022 de la Carte d’éditeur professionnel. Au niveau de la formation et du renforcement des capacités, nous avons une convention avec l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody via le Département des Lettres modernes qui dispense une formation diplômante d’un Master aux métiers du Livre. Il faut surtout rappeler que sous l’autorité ministérielle de l’Ambassadeur Maurice Kouakou Bandaman, anciennement Ministre de la Culture et de la Francophonie, la Côte d’Ivoire a pu se doter d’une Loi portant développement de l’industrie du Livre. Depuis bientôt 5 ans, nous avons en collaboration avec les autorités judiciaires et celles en charge de l’application des Lois (Gendarmerie et police) institué une plateforme de sensibilisation et de lutte contre la contrefaçon, le piratage et la fraude sur les livres et manuels scolaires.

L’on a remarqué que les Ivoiriens ne sont pas des mordus de la lecture. Comment pouvez-vous expliquer cela et que comptez-vous faire pour emmener les Ivoiriens à la lecture ?

Une telle affirmation tout de go, de mon point de vue, n’est pas juste. Il existe bel et bien une industrie nationale de l’édition, du livre et de la lecture qui se veut résiliente, dynamique et professionnelle. Les dernières statistiques du Salon International du Livre d’Abidjan, le Sila, attestent clairement un réel engouement des populations scolaires et certaines familles pour le livre et la lecture. Je conviens avec vous qu’il reste beaucoup à faire pour justifier véritablement d’un lectorat actif et durable dans notre pays. Pour ce faire, il est impérieux d’élaborer une politique de promotion littéraire avec les stratégies opérationnelles qui pourraient en découler. C’est un challenge, un défi national qui doit être relevé par toutes les parties prenantes, l’Etat à travers ses démembrements institutionnels, réglementaires et législatifs, les acteurs du secteur, les opérateurs économiques et industriels, les médias, les districts, les conseils régionaux, les mairies, les familles, les parents, les enfants, etc. Toutes les ressources et les organes de décision doivent s’investir dans un tel projet aux fins de conférer au livre, in fine, un statut de bien d’utilité publique.

Comment fonctionne l’ASSEDI ? Avez-vous des bailleurs qui font tourner vos activités ou bénéficiez-vous d’une subvention de l’Etat?

Sur la base de notre programme d’activités, nous faisons nos meilleurs efforts pour fédérer et mobiliser des partenaires nationaux et internationaux autour des actions à déployer. Les dispositions statutaires obligent les membres à verser une cotisation mensuelle et annuelle. Dans la pratique, ce n’est pas toujours évident ! Nous ne bénéficions pas, pour l’instant, d’une subvention de l’Etat. C’est pourquoi, nous saisissons cette opportunité pour réitérer un plaidoyer auprès du Gouvernement quant à la mise en place d’une subvention ou d’un fonds d’aide et de soutien à la création littéraire. Un pays frère tel que le Sénégal est cité en exemple avec une subvention annuelle de 600 millions de francs CFA au profit des acteurs et professionnels de la chaîne du Livre.

Avez-vous un message pour les Ivoiriens, notamment les élèves et étudiants qui ne s’intéressent malheureusement vraiment pas à la lecture?

Une exhortation à se familiariser et à s’habituer au livre et à la lecture. Ses bienfaits et ses avantages sont énormes pour l’âme, l’esprit, le corps et même le cœur. Je les encourage donc à se décomplexer et s’adonner à la lecture. On peut déjà commencer par une fréquence de 1 livre par mois.

Sosthène Do

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