Dernère publication
Franck Lutté est le président du mouvement diaspo pour la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire. On l’appelle également le Perroquet international. Dans un extrait de cette interview publiée dans l’édition de l’IA du jour, il parle de la réconciliation, des exilés et de Laurent Gbagbo. L’intégralité à lire dans la version papier.
Comment vous définissez-vous ?
Je suis un résistant et j’ai parcouru toute l’Europe. J’ai effectué vingt-trois fois le voyage de la Haye à la CPI avec des amis. Tout le monde me connaît . Que ce soit sur Youtube, partout où vous tapez mon nom, tout le monde sait que c’est un homme de Gbagbo. Je suis revenu en Côte d’Ivoire et pendant un an je suis resté sans bruit. J’ai voyagé et écouté les gens. J’ai compris que les Ivoiriens aspiraient à autre chose. Et pour moi, si nous sommes fatigués, je pense qu’il est temps pour nous qu’on puisse se pardonner. C’est pour cela que nous sommes en Côte d’Ivoire avec des amis de diaspora qui m’accompagnent dans cette action en Côte d’Ivoire. La diaspora veut apporter sa contribution à la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Quand vous rentriez en Côte d’Ivoire, n’aviez-vous pas eu peur en tant que pro-Gbagbo ?
Quand je devais rentrer en Côte d’Ivoire, beaucoup racontaient que j’ ai été acheté. On disait : “Ouattara lui a donné de l’argent, il mange avec Affi N’guessan, il est avec Hamed Bakayoko”. J’étais avec tout le monde finalement en Côte d’Ivoire. Dieu merci je n’ai pas été inquiété parce que je n’ai rien à me reprocher. Peut-être ceux qui ont des choses à se reprocher ou qui craignent pour certaine choses dénoncent-ils notre démarche. Je n’ai négocié aucun retour. Je suis rentré en tant qu’Ivoirien pour m’enquérir des nouvelles de mon pays, pour vivre la réalité de mon pays, et essayer de comprendre de quelle façon , je apporter ma contribution.
Que pouvez-vous dire aux pro-Gbagbo qui se trouvent en exil pour les rassurer ?
Ce que je peux leur dire, c’est déjà ma présence en Côte d’Ivoire qui devrait rassurer certaines personnes. Il y’a toujours des oiseaux de mauvaise augure qui viendront dire que si Franck est à Abidjan et qu’il n’est pas en prison, c’est bien parce qu’il a négocié quelque chose. Il y’a beaucoup qui auraient bien voulu que je sois arrêté pour qu’ils fassent un petit boucan en disant : « Libérez Francky de Paris. Vous avez vu, Franck est allé à Abidjan pour faire la réconciliation et Ouattara l’a mis en prison ». Malheureusement, ils n’ont pas été servis, et je tiens à remercier les autorités ivoiriennes de nous laisser quand même rentrer chez nous. De plus, sans être inquiété, pour cela je salue l’action du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Défense. Je suis là tranquillement sans être inquiété parce que je n’inquiète personne.
Mais vous parlez de pardon, peut-on pardonner sans justice ? (….) Que répondez- vous aux pro-Gbagbo qui disent que c’est la justice des vainqueurs qui règne en Côte d’Ivoire?(…) Vous parlez de réconciliation en tant que pro-Gbagbo, alors que Madame Simone Gbagbo est en prison et le président Gbagbo est à La Haye. Alors quel commentaire faites-vous sur cette remarque ? (…) Ne pensez-vous pas que vous allez prêcher dans le désert ? Au moment où vous parlez de pardon, le commandant Jean-Noël Abéhi est devant la justice ? Si vous rencontrez le président Ouattara, ne craignez-vous pas que des pro-Gbagbo disent que vous êtes allé à la rencontre de celui qui est à la base de leurs souffrances ?
Rencontrer le président Ouattara, c’est une chose légitime pour tout Ivoirien. On peut être un pro-Gbagbo comme moi, sans être anti-Ouattara. Donc, je ne vais pas me focaliser sur les propos de quartiers. Je vais rencontrer le président Ouattara, au nom de la Côte d’Ivoire et de la paix. Et non en tant que Franck qui vient pour gribouiller quoi que ce soit. Je viens porter une information au président de la République. Il n’y a pas de drame à cela. Il est le président de la Côte d’Ivoire. Nous ne pouvons poser des actes pareils en Côte d’ Ivoire sans l’onction du Chef de l’État. Notre ambition, c’est de faire une cause nationale. Et non ma cause et celle de mes amis. Ce n’est pas ça le but du jeu.
Réalisée M. Ouattara