LA CHRONIQUE DU LUNDI LE RÔLE ACCRU DE LA MAURITANIE DANS LE G5 SAHEL ET LA SOUS-REGION

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Le général Hanena Ould Sidi, chef d’état-major adjoint de l’armée mauritanienne, a pris la direction de la force conjointe africaine qui lutte contre les groupes djihadistes dans le Sahel. Cette nomination montre toute l’importance que prend la Mauritanie dans le G5 Sahel et dans la sous-région. Il n’est pas uniquement question de sécurité mais aussi de développement avec le renforcement de la zone Mauritanie-Niger-Tchad. Le G5 Sahel est en effet un cadre institutionnel pour la coordination de la coopération régionale dans les politiques de développement et de sécurité en Afrique de l’Ouest.

● La Mauritanie : axe fort de la lutte anti-terroriste (1)

C’est à Nouakchott, le 2 juillet 2018 que la décision a été prise lors du dernier sommet du G5 Sahel. L’importance prise par la Mauritanie et le choix du général Hanena Ould Sidi visent à rendre plus efficaces la coordination et l’action du G5 Sahel. Confrontée depuis les années 2000 à l’arrivée des groupes djihadistes, après avoir subi une série d’attaques, dont celle du fortin de Lemheity en 2005 par le GSCP algérien, le futur Aqmi, la Mauritanie décide de réagir. Alors que son voisin malien cherche à pactiser avec les groupes terroristes, elle réforme son armée et son service de renseignement, elle crée les GSI (Groupes Spéciaux d’Intervention), des unités d’élite de 200 hommes bien équipées, très réactives et mobiles. Le volet sécuritaire s’accompagne d’un volet religieux : la Mauritanie crée un ministère de l’Enseignement islamique chargé de lutter contre le discours des groupes djihadistes. La guerre contre le terrorisme est aussi une guerre des idées. Ce double volet de la lutte contre le terrorisme islamiste semble efficace, car, depuis 2011, la Mauritanie n’a plus connu d’attentat terroriste. La nomination du général Hanena Ould Sidi, qui peut se prévaloir d’une forte expérience opérationnelle dans la lutte antiterroriste et de son expérience de chef du renseignement mauritanien, vient confirmer le rôle accru de la Mauritanie dans le G5 Sahel, une Mauritanie épaulée par le Tchad. L’adjoint du général Hanena Ould Sidi à la tête du G5 Sahel est le général tchadien Oumar Bikimo, déjà engagé au Mali avec ses hommes au côté de la France dans l’opération Serval. Le G5 Sahel était, jusqu’à présent, dirigé par un militaire malien, le général Didier Dacko. Selon Laurent Larcher (1), « cette prise en main du G5 Sahel par la Mauritanie et le Tchad est un tournant. Le centre de gravité de la force conjointe se déplace désormais vers les extérieurs (fuseau est et ouest) aux dépens du fuseau central (Mali, Niger et Burkina Faso). »
Géographiquement, La Mauritanie constitue un espace de contact entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne ; elle fait partie de de la Ligue Arabe, de l’Union du Maghreb arabe, de l’Organisation de la Conférence islamique et de l’Union Africaine (UA) ; elle est aussi membre de la Francophonie. Lors de son dernier déplacement en Afrique, ce n’est pas par hasard si Emmanuel Macron s’est rendu en Mauritanie et qu’il s’est entretenu avec le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, consacrant ainsi la mise à l’écart du Mali, qui constitue avec le Niger et le Burkina la zone la plus vulnérable du Sahel, les armées malienne, nigérienne et burkinabé étant sous-équipées, mal entrainées et subissant de nombreux échecs dans la lutte antiterroriste. La manière dont le Président malien IBK a conduit la lutte antiterroriste, ses difficultés à organiser cette lutte et à incarner le leadership au sein du G5 Sahel ont conduit, lors du dernier sommet du G5 Sahel à Nouakchott, le 2 juillet 2018, à une mise à l’écart de Bamako. L’attaque du quartier général du G5, le 29 juin 2018, à Sevaré, a fini par détruire le peu de crédit dont disposait encore le Mali. IBK, s’il est réélu pour un second mandat, le 13 août 2018, devra rattraper le temps perdu dans l’organisation et le financement du G5 Sahel.

Tenir la promesse du développement

La Mauritanie et le Tchad font partie des pays les plus pauvres du monde. Il est donc nécessaire de les accompagner dans leur développement, la réponse, dans la lutte contre le terrorisme, ne pouvant pas être uniquement sécuritaire. La Mauritanie prend le commandement du G5 Sahel, assure sa coordination, le Tchad héberge le quartier général l’opération militaire « Barkhane », ces deux pays sont en droit d’attendre une aide au développement. On sait que les Etats mauritanien et tchadien, s’ils veulent diversifier leurs économies, améliorer les conditions de vie des populations, consolider l’Etat de droit et assurer la sécurité de leur territoire, ne peuvent couvrir que 10 % des dépenses. La Mauritanie et le Tchad sont aussi devenus des plateformes pour les migrants et les réfugiés africains. La Tchad accueille sur son territoire plus de 400 000 réfugiés. Depuis le début du conflit dans le nord du Mali en 2012, on note l’afflux de réfugiés en Mauritanie. En même temps que la promesse de sécurité, la communauté internationale doit tenir aussi, à l’égard de Nouakchott et de N’Djamena, la promesse du développement.

Le rôle-clef de l’assemblée nationale mauritanienne

Le Président de l’Assemblée nationale de Mauritanie, M. Mohamed Ould Boïlil, qui a reçu, récemment, à Nouakchott, une délégation du groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique de l’Ouest du Sénat français, a rappelé le rôle des députés mauritaniens, attachés à l’amélioration des conditions de vie des populations, dans le suivi et l’évaluation sur le terrain du programme de développement voulu par le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz. Le président de l’assemblée nationale a tenu à rappeler qu’il existe entre l’exécutif et le législatif une collaboration constructive dans le respect du principe de séparation des pouvoirs. Cette collaboration a permis une bonne exécution de la politique générale du Gouvernement sur 2015-2017, ce que confirment les perspectives de 2018, dans les domaines de la sécurité et du développement. Selon M. Mohamed Ould Boïlil, la lutte contre le terrorisme, pour être efficace, doit s’accompagner de la mise en œuvre de politiques hardies dans les domaines économique et social.

Christian Gambotti
Président du Think Tank
Afrique & Partage
DG de la société ECFY
Directeur de la Collection
L’Afrique en Marche

(1) Source : article de Laurent Larcher, paru sur le site du quotidien La Croix, publié le 19 juillet 2018. Laurent Larcher est responsable de la rubrique Afrique au service Monde de La Croix.

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