Les Samedis de Biton LES DEUX FORCES DES CAMEROUNAIS

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Dernère publication

La coupe d’Afrique des Nations de football a pris fin. Nos soirées ne seront plus les mêmes en attendant la coupe du monde. Le football est vraiment l’opium du peuple.

Tous, nous étions pris, tous les soirs, dans le tourbillon des matches. Personne ne connaissait plus l’ennui. Même les femmes. Chacun, en dehors de son pays, avait une autre équipe nationale préférée. On vivait de rêve. De rêve de grandeur. L’accession d’une équipe vers le podium ressemblait à notre propre parcours vers le sommet. Chaque jour, chaque individu marche vers la grandeur, vers le sommet. Et la montée d’une équipe vers la grandeur, vers la coupe est identique à celle de l’individu. On comprend alors pourquoi tout individu se passionne tant pour le ballon rond. Disons toute l’humanité. Les premiers à en tirer profit, d’une compétition continentale, est avant tout, les hommes politiques. Avec tous ces matches la population grogne moins et cela montre, on ne peut plus, qu’en dehors du pain, le peuple aime aussi les jeux. Un peuple qui s’ennuie finit par se révolter. L’homme politique doit pouvoir lui offrir en permanence la distraction. Certes, la télévision joue un rôle éminemment important dans la joie du peuple mais elle a ses limites surtout dans les pays africains toujours en manque de moyens pour acheter des programmes de divertissement qui « endorment » et font rêver le peuple qui a besoin de frémissement et de rêve. Il faut toujours rendre hommage à la Rome antique qui a su indiquer les points cardinaux d’une gouvernance réussie. Qui ne se souvient pas d’une chanson de l’orchestre guinéen Bembeya-Jazz : « L’amusement n’empêche pas le travail. » Je ne sais pas si cela est enseigné dans les grandes écoles d’économie. Cet enseignement dure depuis des siècles. Je pense que les Romains ont dû l’apprendre quelque part. Et comme écrit plus haut les compétitions de football indiquent des chemins d’avenir, les chemins vers nos ambitions. L’équipe de football du pays de Mongo Béti et de Ferdinand Oyono a montré deux caractéristiques d’une grande importance qui leur a permis de gagner et qui peuvent faire de chacun des champions. 1- Le physique. Le souffle. Toute équipe qui doit monter haut doit par un entraînement acharné pouvoir tenir deux cents minutes et non se préparer pour quatre-vingt-dix minutes. C’est-à-dire débuter la deuxième mi-temps de prolongation comme si on venait de commencer le quart d’heure de la première mi-temps du temps règlementaire. Les équipes qui souffraient physiquement n’étaient pas préparés pour aller loin comme les Spartiates. Dans la vie de tous les jours, un homme doit se préparer aussi physiquement pour tenir contre tous les aléas de la vie. Et en pratique cela se traduit par des heures de travail supplémentaires. Quand les uns, les collègues, les adversaires, les ennemis travaillent huit heures, le futur champion doit travailler douze heures. Donc se former inlassablement dans son domaine. Par exemple, un journaliste doit pouvoir lire plusieurs journaux par jour. Tous les grands journaux sont en ligne. Le boxeur, comme le footballeur, doit courir des heures en dehors de l’entraînement collectif. Beaucoup rechignent à des efforts supplémentaires car des promotions « particulières » frustrent mais tôt ou tard le talent sera récompensé. Les Camerounais ne se plaignaient pas de l’arbitre mais jouaient leur football ayant tout simplement en point de mire la coupe. Rien que la coupe d’Afrique des nations. La cinquième. C’est énorme mais c’est le résultat d’un engagement. Les années de disette n’ont pas empêché la sortie du désert. 2. L’ambition. La détermination. Les joueurs camerounais avaient soif, avaient faim. C’est vrai que c’est l’une des caractéristiques de l’individu camerounais. Il a une grande envie de découper un gâteau. La réussite est impossible sans l’envie de réussir. Se dire qu’on veut atteindre un tel objectif et se battre pour l’atteindre et ne pas se laisser intimider par des moqueries ou des trahisons. Des titulaires, des grands de l’équipe ont refusé l’appel de la mère-patrie, préférant rester dans les équipes européennes. Les « petits » sont partis sur le terrain sans peur avec les deux armes qu’on vient de citer. Une grande envie n’a pas d’âge. Dans la vie de tous les jours la grande envie se manifeste par l’ordre qu’on donne à son subconscient. Le subconscient, c’est la foi et non la croyance. On peut croire en Dieu mais on n’a pas forcement la foi. La foi, c’est croire sans douter. C’est surtout rejeter les sentiments négatifs bien connus. La jalousie, la méchanceté, le mensonge, la duplicité, l’orgueil…Bravo, les lions indomptables. Le nom de l’équipe était déjà un programme. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly

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