Les Samedis de Biton : YAMOUSSOUKRO 2050. COMMENT EVITER L’EXPLOSION

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Dernère publication

Au cours d’une dédicace de livres, du moins, un jour où je signai mes livres, une activité fréquente chez moi vu mon métier et mon amour de pousser mes concitoyens à la pratique de la lecture, je discute avec une femme. Très ravissante comme toutes les femmes africaines modernes. Les rurales aussi d’ailleurs, si elles portaient des vêtements coûteux comme les citadines. La belle femme qui vient signer son livre est accompagnée de quatre enfants dont l’un dans ses bras, étant un bébé. Sans aucune forme de protocole, je lui lance à la face : « Madame, vous n’aviez pas entendu le Président Macron demander aux Africains de limiter les naissances. » Sans se laisser démonter, elle me répond, sans aucun complexe en me regardant dans les yeux : « Monsieur Biton, je n’ai jamais entendu les propos du Président français. » . Je reconnais avoir été insolent et irrespectueux. Néanmoins, cette dame est devenue une de mes grandes amies en ce moment. Ma boutade couvrait un drame de l’Afrique qui avance comme une vague qui se retire et prête à  revenir avec plus de force pour tout détruire. La fondation Bill Gates vient d’attirer l’attention  de l’opinion mondiale sur leur vision de l’Afrique en l’an 2050. En clair, si les Africains ne limitent pas, on ne parle plus d’espacer les naissances, ils vont vers la catastrophe. Ce n’est pas la première fois qu’on le dit aux Africains. Ce n’est même pas la trentième fois. On se souvient que tout part de l’agronome René Dumont, avec son livre prophétique : « L’Afrique noire est mal partie. » Ce que tous les « voyants » ont dit et ne cessent de dire se situent au niveau de l’impossibilité du continent de nourrir sa population, de lui trouver du travail et même de l’éduquer. Voir le tableau qu’offrent tous les pays africains depuis une vingtaine d’années est inquiétant. En Afrique, on vit dans l’instant. On ne regarde pas au-delà de l’horizon. Félix Houphouët-Boigny, dans sa construction de Yamoussoukro disait qu’il voulait éviter les erreurs commises à Abidjan. Une ville où les concepteurs n’avaient pas prévu son développement fulgurant. Ils croyaient que la ville resterait à deux cent mille ou trois cent mille personnes. Avec cinq millions d’Abidjan, aujourd’hui, la ville respire difficilement, malgré ou heureusement des travaux d’hercule pour désengorger la ville. Aujourd’hui, on comprend mieux les grandes voies de la ville de Yamoussoukro. Féfé voyait une ville dans trente ans et même dans cinquante ans. C’est ainsi qu’on exhorte les Africains à voir leur continent dans trente ans ou cinquante ans. Un constat est clair et visible, si la situation persiste, l’explosion sera visible un peu partout. Je veux parler du chômage. Il y a une quinzaine d’années, j’ai publié un roman intitulé : « Merci l’artiste. », considéré comme le meilleur de mes livres. Je prévenais des dangers du chômage des jeunes. Et depuis la sortie du livre, les chiffres ont triplé ou même quadruplé. La fondation Bill Gates dans un langage courtois pousse les Africains au changement radical de leur politique dans plusieurs domaines. Que faut-il faire ? Devant le quotidien et l’urgence, l’Afrique a-t-elle le temps de penser au futur ? Je pense qu’il faut commencer, déjà, à nommer des ministres du futur, chargés essentiellement de penser au continent dans vingt ans, savoir rentrer dans l’année 2050 en chantant, presque sans chômage de jeunes, une agriculture florissante et abondante, des croissances continues, des populations ambitieuses et surtout la condition indispensable : la fin de la politique ou des partis politiques. Envoyer la ville dans la campagne. Le problème de la nativité importante de l’Afrique vient essentiellement du monde paysan. Son changement de mentalité est un défi à entreprendre de toute urgence. Parler de limitation de naissance dans un village africain est une provocation, une injure même. Or, il le faut. Pour ceux qui connaissent la mentalité africaine, cinq enfants ou dix enfants par famille est un don de Dieu. Quand Dieu vous donne des enfants il les accompagne de tous les biens nécessaires pour leur survie, leur éducation et même leur bonheur. S’attaquer à la limitation de naissance en Afrique pour éviter une catastrophe à venir est une attaque contre Dieu comme si on voulait pousser des croyants à l’athéisme. On imagine  toutes les difficultés de l’Afrique pour relever le défi le plus important de son histoire. Ainsi va l’Afrique. À la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly

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