Liste électorale en Côte d’Ivoire : audit 2025 contre certification 2010, la balle dans le camp de l’opposition !

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Audit de la liste électorale : entre transparence souhaitée et risques de confusion politique. L’opposition ivoirienne réclame un audit de la liste électorale 2025. En 2010 déjà, un « nettoyage » avait été demandé. Aujourd’hui, le chiffre de 6,2 millions d’irrégularités brandi par l’opposition ivoirienne suscite inquiétudes et malentendus à l’approche de la présidentielle du 25 octobre 2025.

Retour sur 2010 : le précédent de la certification ONU

En 2010, le président Laurent Gbagbo avait réclamé un audit de la liste électorale, alors bloquée par les tensions sur la nationalité de certains inscrits. D’un côté il y’avait 5,3 millions d’électeurs provisoires considérés comme des ivoiriens sans problèmes ou des ivoiriens indiscutables, de l’autre côté , on avait un million de cas jugés litigieux. Finalement, une liste acceptée par toutes les parties en présence est certifiée par l’ONU, comprenant 5,725 millions d’électeurs. Ces électeurs reçoivent dans la foulée une carte d’identité jaune-orange, leur permettant de voter, leur identité
ou nationalité ivoirienne ayant été établie ( en dépit des irrégularités évoquées aujourd’hui) après plusieurs croisements de fichiers et des vérifications multiples dont l’étape de l’audience foraine.

2025 : l’opposition réclame un audit et évoque 6,2 millions d’irrégularités

Avec désormais 8,7 millions d’inscrits, dont près de 3 millions ajoutés après 2010, l’opposition exige un nouvel audit, affirmant que 6,2 millions de cas d’irrégularités entachent le fichier. Cette estimation suscite confusion : s’agit-il réellement de 6 millions de faux électeurs, ou de simples erreurs techniques (doublons, données manquantes, erreurs d’état civil) ?

Entre anomalies techniques et soupçons de fraude : attention aux amalgames

Un seul électeur peut présenter plusieurs irrégularités administratives sans pour autant être un électeur illégal. Le risque est grand d’interpréter à tort ce chiffre comme un scandale de fraude massive. Pour éviter les malentendus, l’opposition doit clarifier son intention : veut-elle radier des inscrits ? corriger le fichier ? ou contester la légitimité du processus ?

La CEI attend et souhaite des termes de référence clairs

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Le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Coulibaly-Kuibiert, a réitéré le jeudi 17 avril 2025 devant les chefs traditionnels qu’il n’est pas opposé totalement à un audit à condition que les termes de référence soient bien définis : objectifs, méthodologie, mode opératoire, identité des experts impliqués.
Un audit mal préparé ou perçu comme un instrument politique risque, comme en 2010, de retarder le processus électoral.

Ce que l’opposition devrait faire pour crédibiliser sa demande
• Documenter les anomalies à partir des listes électorales de 2010 à 2025, en comparant les données pour repérer d’éventuelles manipulations ou disparitions.

• Présenter une équipe d’experts électoraux indépendants et reconnus, capables de conduire l’audit avec méthode et transparence, dans un délai raisonable .
• Distinguer clairement les cas de fraude avérée des erreurs administratives ou omissions sans intention frauduleuse.

Audit électoral : outil de confiance ou facteur de crise ?

Un audit peut être discuté à condition qu’il ne soit pas perçu comme une surenchère politique ou une tentative de disqualification de masse. Si les 6,2 millions d’irrégularités évoquées devaient aboutir à une purge, seuls 2,5 millions d’électeurs resteraient valides — ce qui compromettrait gravement la présidentielle d’octobre 2025. Or la CEI entend préserver à la fois les délais constitutionnels et la crédibilité du scrutin.

Responsabilité

La balle est dans le camp de l’opposition. Sa revendication d’audit doit aller au-delà des déclarations médiatiques ou des retraits symboliques de la CEI. Une feuille de route technique, crédible et responsable, est attendue de sa part.

Charles Kouassi

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