Dernère publication
Et si Marine Le Pen était la future présidente de la République française ? Tous les sondages et même beaucoup de citoyens la qualifient pour le second tour. Ce ne serait pas nouveau.
Son père, Jean-Marie Le Pen y est déjà arrivé, en 2002. Il avait alors déclenché « la réprobation républicaine » en France. Tous les partis politiques avaient fait bloc pour barrer la route à ce qu’ils ont considéré comme « la menace extrême droite. ».
2017. La fille est dans les pas du père. À 10 jours du premier tour de la présidentielle, la France a peur : les sondages placent au deuxième tour, les deux extrêmes de la classe politique française : Jean-Luc Mélenchon, à gauche et Marine Le Pen, à droite. « Si Marine Le Pen est qualifiée, elle bénéficiera du report de voix des soutiens de François Fillon », explique une franco-algérienne, partisane de Alain Juppé, déçue de François Fillon. « Le seul candidat pour lequel je peux voter aujourd’hui, c’est Jean-Luc Mélenchon. », soupire-t-elle, un peu dépitée.
[Résultats des derniers sondages]
Le sondage IFOP-Fiducial pour Paris Match publié le mercredi 12 avril 2017, donne les résultats suivants pour le premier tour : Marine Le Pen, 23,5%, Emmanuel Macron, 22, 5%, François Fillon, 19%, Jean Luc Mélenchon, 18,5%. Loin derrière, le candidat officiel du parti socialiste à 8,5%.
Tout devient possible : soit Emmanuel Macron résiste ou alors, Jean Luc Mélenchon convainc les indécis et surclasse le candidat de Le Républicain et celui de En marche. « Une chose est sûre, explique un journaliste, celui qui arrive au deuxième tour avec Marine Le Pen est le nouveau président de la République française ».
Ce discours est-il la cause de la jurisprudence 2002 ou alors simplement la pensée de la France profonde ? La France reste toujours effrayée par l’alternance Le Pen ou alors a-t-elle changé ses lunettes pour regarder la fille du père?
Le programme de Marine Le Pen tient en deux mots : La France d’abord et sortie de l’Europe. Elle n’est plus seule à appeler à la sortie de la France de l’Europe ou du moins à vouloir soustraire la France du dicktat de de Bruxelles. D’autres candidats entonnent le refrain. Son message est-il mieux compris aujourd’hui qu’il ne l’était hier avec le père ? Marie Le Pen est acceptée et soutenue par des binationaux. Et sans complexe. C’est une avancée. « Ce qui est sûre, Marine Le Pen sera cette année à l’Élysée. Elle est sereine et confiante “, dit Linda Konan. Elle est Franco-Ivoirienne. Elle vit en France depuis une vingtaine d’années. Elle tient une shop de produits tropicaux à Abbevile, à une heure de Paris. Elle est engagée corps et âme pour la candidate de l’extrême-droite. « Récemment, des Africains vivant en France sont venus me voir. Ils m’ont dit, tu seras la première expulsée après l’élection de ta candidate », dit-elle. N’empêche, elle a les arguments de sa défense : « Je crois que beaucoup font des amalgames. Le FN n’est plus au temps des idées de son fondateur. J’ai choisi de militer au Front national pour les idées de ce parti et surtout pour l’intérêt de la France. Mon adhésion se fonde sur la sécurité, l’emploi, la sortie de l’union européenne, la baisse des impôts, le RSI… Marine Le Pen est la seule candidate qui parle du Franc CFA… Elle défend les intérêts de Français et ceux de ceux qui s’intègrent.».
Marine Le Pen est-elle mieux comprise ? Les Français pourraient-ils faire contre mauvaise fortune, bon cœur ? Ou alors, est-ce la naïveté qui prévaut encore dans les milieux qui soutiennent la candidate du Front national ?
En voyage au Tchad, la candidate de l’extrême droite a déclaré : « Défendre les intérêts de la France ne signifie pas être contre les autres ». Dans la foulée, pour couper court à tous les propos qui la taxent de raciste, Marine Le Pen a montré qu’elle était pour la diversité culturelle et raciale. Elle a rendu public un cliché la montrant avec son fils adoptif : un jeune noir. Dans son entourage aussi, un noir dans son service de protocole.
Marine Le Pen se donne et se construit une image de présidentiable, de présidente. Elle se tourne même vers sa famille pour construire son unité autour d’elle. Pour autant, les Français ont-ils une idée positive de son programme ? Celle que certains analystes appellent la jumelle de Donald Trump engrange des points. Justement, le revirement spectaculaire de son « frère jumeau américain », désormais à 180 degrés de son discours de campagne et de ses engagements électoraux, notamment en matière de politique étrangère, est de nature à brouiller ses professions de foi.
Une contribution de Fernand Dedeh