Mutins, tu es salarié, que veux-tu encore : avec ses morts et blessés, Daloa crie sa colère (Côte d’Ivoire)

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Un car de transport de la compagnie CTE en partance pour Abidjan a été victime d’attaque des mutins dans la matinée du samedi 13 mai au niveau du Kilomètre 12 (sur l’axe Daloa- Abidjan).

Bilan : 2 morts et 1 blessé grave. Les morts sont Coulibaly Siriki (chauffeur du car) et N’guesssan Narcisse (passager et médecin dans une clinique de la place); et la blessée grave est Camara Salimata (passagère) dont l’état est critique. Selon nos informations, un barrage avait été dressé par des hommes en armes au Kilomètre 12 . Ces hommes en armes ont ouvert le feu à la kalachnikov sur le car lorsque le chauffeur a voulu forcer le passage.
Les mutins de Daloa étaient entrés en action le vendredi nuit érigeant des barricades et des barrages inopinés dans les grands carrefours de la ville. Ces mutins, pendant des heures, ont contrôlé la ville de Daloa où certains usaient de leurs armes pour terroriser la population.

Fatiguée du comportement de ces militaires, la population a organisé une marche dans la ville le samedi 13 pour exprimer son ras bol. Sur les pancartes des marcheurs, on pouvait lire : « Mutins, tu es salarié, que veux-tu encore ? », « Mutins , on en marre » , « Mutins, les femmes de Daloa ne veulent plus de morts » , «Daloa ne veut plus des armes ».

C’est le carrefour de la grande mosquée de Daloa qui a servi de point de départ à cette marche. La foule composée d’hommes, de femmes et de personnes du troisième âge s’est ensuite ébranlée vers le petit marché d’Orly, situé à 100 mètres du deuxième bataillon militaire. Puis, elle a continué en passant par le grand marché pour marquer une pause au rond-point de la ville situé au quartier commerce où un meeting a été animé par le député, Koné Boubacar. Après ce meeting, la population a mis le cap sur la préfecture de région où elle était attendue par le corps préfectoral et les autorités militaires en service dans le département.

Ce fut l’occasion pour la population de traduire son soutien au chef de l’État et aux institutions de la IIIe République à travers une motion de soutien lue par l’honorable, Ouattara Bakary. Celui-ci a condamné avec des mots durs les agissements de soldats pour qui, le sacerdoce de protection des populations et de sécurisation de leurs biens, n’est plus un souci, et qui s’érigent en bandits de grands chemins, pour attenter à la vie d’honnêtes citoyens, et leur arracher leurs biens. C’est pourquoi, il dira « nous, populations de Daloa, invitons les forces vives de la nation à se faire entendre contre tous ceux dont la funeste intention est de nuire au dialogue et à la stabilité pour une paix durable gage du développement de notre beau pays ».

Et d’ajouter, « nous prenons l’engagement ferme , dès ce jour , de nous dresser , par des actions légales , contre toutes formes de déstabilisation et d’atteinte à nos biens et à nos vies. nous populations de Daloa , restons debout , unies et mobilisées autour de son Excellence Monsieur le Président de la République , Alassane Ouattara pour l’accompagner dans sa noble mission, celle de faire de la Côte d’Ivoire un havre de paix et de prospérité pour chaque Ivoirien. »

marche daloa contre la mutinerie

Le préfet de Région, préfet du département de Daloa, Bako Digbé Anatole-Privat , a salué la discipline observée lors de cette manifestation. Selon lui, la mission de l’armée est de protéger les institutions de la République et les biens des populations, « mais si certains éléments de cette armée décident de perturber la quiétude et de traumatiser la population, il est tout à fait normal que cette population comme un seul homme se dresse pour dire non. Notre armée est républicaine et disciplinée et chacun de nous à un parent dans l’armée. Que chacun parle à son frère, qui est dans l’armée afin que la sagesse les habite pour que l’on ait plus à assister à ces genres de scènes».

Au moment où nous mettions sous presse, la vie avait repris son cours normal dans la capitale de la région du Haut-Sassandra, après une médiation entreprise par les autorités coutumières et religieuses de la région pour appeler les populations au calme, à la demande des militaires, qui ont promis à leur tour la tranquillité.

BP , Correspondant à Daloa

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