Perte de 23 % de la superficie de son patrimoine foncier- Le CNRA tire la sonnette d’alarme

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Un Atelier de restitution sur la sécurisation foncière du CNRA à Bouaké ( photo : DR)

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Le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) a organisé, le mercredi 19 mars 2024, un atelier de restitution portant sur l’analyse du rapport d’inventaire et de valorisation de son patrimoine foncier. Cette rencontre, qui s’est tenue dans un hôtel de Bouaké, a réuni plusieurs autorités locales ainsi que le personnel du CNRA.

L’étude, menée par le cabinet Day Expertises, s’inscrit dans le cadre de l’engagement pris par le gouvernement depuis 2018 en faveur de la restauration du patrimoine foncier du CNRA. L’objectif principal de cet atelier était d’ouvrir une réflexion sur les stratégies de sécurisation des terres appartenant au CNRA, en collaboration avec les membres du conseil d’administration et de la direction générale, afin de formuler des recommandations pertinentes. Lors de l’ouverture de la session, le président du conseil d’administration du CNRA, Coulibaly Nandoh, a exprimé ses préoccupations quant aux agressions répétées dont fait l’objet le patrimoine foncier du centre. « Créé en 1998, le CNRA a hérité d’un important domaine foncier issu de la fusion des anciennes structures de recherche agronomique du pays. Ce patrimoine représentait à l’origine une superficie de 27 000 hectares, comprenant des terres agricoles, des forêts et des plantations réparties sur l’ensemble du territoire national. Cependant, au fil des années, le CNRA a été confronté à de nombreuses menaces, notamment des occupations illégales et des conflits fonciers, compromettant ainsi ses activités de recherche. Le CNRA est aujourd’hui en danger. Il fait face à des attaques de toute part qui pourraient, à terme, entraîner sa disparition », a déploré Coulibaly Nandoh.

Pour le Professeur Sangaré Abdou, Directeur Général du CNRA, l’étude commanditée vise à recenser les sites affectés par ces agressions et à mettre en place une stratégie de récupération. « Depuis la création du CNRA, de nombreuses stations de recherche réparties sur le territoire ont subi des intrusions illégales. À Bouaké, par exemple, tous nos sites ont été affectés et continuent de l’être. Cet atelier nous permet de dresser un état des lieux précis de notre patrimoine et d’envisager des mesures efficaces pour assurer sa protection définitive », a-t-il expliqué. D’après Yvon Digré, expert immobilier principal du projet, sur les 27 000 hectares initialement recensés, il ne reste aujourd’hui que 21 000 hectares, soit une perte estimée entre 22 et 23 % du patrimoine foncier du CNRA. Selon lui, cette réduction est principalement due aux conflits fonciers opposant le CNRA aux populations riveraines, ainsi qu’aux pressions socio-économiques qui pèsent sur ces terres.

Des recommandations pour la sécurisation foncière

Face à cette situation préoccupante, plusieurs recommandations ont été formulées par l’expert immobilier Yvon Digré afin d’enrayer la perte de terres et renforcer la protection du patrimoine du CNRA . «Nous recommandons au CNRA, avec l’appui du ministère de tutelle, de prendre un décret visant la sécurisation du patrimoine, incluant l’établissement des titres de propriété au nom de l’État pour le compte du CNRA. Ensuite, nous préconisons la mise en place d’une sécurisation physique du patrimoine. Enfin, nous recommandons une surveillance spatiale à l’aide de drones afin de contrôler et de détecter toute intrusion sur le domaine foncier du CNRA », a t-il conseillé Cet atelier précède la 125ᵉ session du conseil d’administration du CNRA, prévue pour ce jeudi 20 mars 2025 à la direction régionale de Bouaké. Cette session permettra de valider les recommandations issues de l’atelier et d’engager des actions concrètes pour préserver durablement le patrimoine foncier du CNRA.

Nambacéré Joël

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