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Le samedi 30 novembre 2024, près de 1 300 enseignants issus de 86 syndicats représentant les différents ordres d’enseignement en Côte d’Ivoire se sont réunis en Assemblée générale à la salle des fêtes de la mairie de Yamoussoukro.
Initialement prévue au stade Charles Konan Banny, mais délocalisée faute d’autorisation de l’Office national des sports pour y organiser leurs activités, cette rencontre avait pour objectifs principaux de faire le point sur les échanges récents avec le ministère de la Fonction publique à la suite de leur dernière grève portant sur les revendications des primes trimestrielles d’incitation, ainsi que de définir des stratégies de réorganisation.
Lors de cette rencontre, qui s’est tenue en présence de la ministre d’État, Anne Désirée Ouloto, David Bli Blé, leader de ce mouvement syndical, a pris la parole au nom des faîtières. Il a d’abord informé ses collègues des conclusions de la réunion avec les autorités gouvernementales. Selon lui, les négociations en cours sont prometteuses et devraient aboutir dès le premier trimestre 2025.
Pour accompagner ce processus, il a annoncé la mise en place d’un comité d’experts de haut niveau chargé d’apporter des solutions aux préoccupations des enseignants. « Parmi ces experts figurent le directeur général du Budget et le directeur général du Trésor », a-t-il précisé.
David Bli Blé a également salué la forte mobilisation de ses collègues enseignants, laquelle, selon lui, a joué un rôle déterminant dans la réussite de la dernière grève. Cette mobilisation, a-t-il ajouté, a permis d’inverser les rapports de force en faveur des syndicats.
« (…) Camarades, vous donnez les raisons d’espérer aux générations futures, votre détermination sans faille montre qu’on est capable de réaliser l’exploit. Oui, l’exploit de créer aujourd’hui au niveau des enseignants une prime d’incitation » a-t-il martelé.
Il a également exprimé sa gratitude au maire et au conseil municipal de Yamoussoukro pour avoir permis la tenue de ces assises dans leurs locaux. Poursuivant son intervention, l’orateur du jour a retracé les différentes étapes qui ont marqué le mouvement depuis septembre 2024, jusqu’au déclenchement de la grève.
« Les acquis du mouvement revendicatif »
Ainsi, pour l’ensemble des syndicats, il était nécessaire de faire un bilan à mi-parcours de ce mouvement revendicatif, notamment face à la réaction du gouvernement, d’où la tenue de cette Assemblée générale. L’intervenant a expliqué à l’assistance qu’au cours du dialogue avec le gouvernement, une cohésion a été instaurée entre le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation et le ministère de l’Enseignement technique, deux entités dont les enseignants partageaient les mêmes revendications.
. « Nous nous sommes consolidés pour amorcer cette marche victorieuse », a-t-il souligné.
Il a précisé qu’à ce jour, les revendications soulevées lors de l’atelier d’octobre 2024 à Grand-Bassam, notamment les questions relatives aux examens à grands tirages, aux indemnités, à la surveillance rémunérée, à la promotion d’instituteurs adjoints par un concours exceptionnel, à la nomination des inspecteurs, et bien d’autres sujets, ont vu leurs principes être acceptés. Selon lui, au-delà des revendications concernant la prime, ce mouvement de grève incarne l’idéal de redorer le blason de l’enseignement en Côte d’Ivoire.
« Notre action a été une action forte et le comité consultatif de la Fonction publique avait à l’ordre du jour notre question, notre action. Une date a été fixée pour nous répondre », a t-il confié. David Bli Blé a expliqué qu’une lueur d’espoir pointe à l’horizon. Car, d’après lui, « Hier, rien n’était évident, mais aujourd’hui, il y a une date pour une décision prometteuse. Le comité va siéger et ensuite donner le verdict au gouvernement, le 25 février prochain pour décision », a t il rassuré.
« La conduite à tenir »
Cependant, il a exhorté ses camarades syndiqués à rester vigilants et toujours mobilisés, au cas où leurs revendications n’aboutiraient pas. Par ailleurs, il a annoncé la tenue, le 3 décembre, d’une rencontre entre les enseignants et la ministre d’État, au cours de laquelle tous les points de leurs revendications seront présentés. Il a également informé l’assistance qu’une autre Assemblée générale est prévue pour la première semaine du mois de mars.
« Parce que on ne peut pas accepter d’être doublés deux fois », a-t-il dit. « Si rien n’est fait, la prochaine grève sera généralisée et éclatée sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Apprêtez vous » a-t-il prévenu.
Pour le reste, et dans le même esprit, Ouattara Katcha, représentant des enseignants de Yamoussoukro, a exhorté ses collègues à demeurer mobilisés en attendant la décision du gouvernement. Il a également invité les enseignants encore réticents à adhérer pleinement aux principes syndicaux. S’adressant à l’ensemble des porte-parole des enseignants, il les a encouragés à rester dignes et solidaires, en mettant l’accent sur l’intérêt collectif. Selon lui, l’objectif est de revaloriser la profession et de redonner leur dignité aux enseignants.
Harry Diallo à Yamoussoukro