Suspension de l’USAID : quelles conséquences dans les pays du Sahel ?

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Les récentes mesures prises par le président américain, encouragées par Elon Musk, risquent d’entraîner un manque conséquent d’accès aux soins et aux vaccins dans les pays sahéliens. Quelques citoyens voient dans cette décision un moyen d’œuvrer à une indépendance totale.

Le président des États-Unis a décidé de « réduire les dépenses publiques », dans le but de « privilégier les intérêts américains et ceux des contribuables ». Après la signature le 20 janvier d’un décret suspendant l’USAID (l’Agence des États-Unis pour le développement international) pour 90 jours, Donald Trump soumet le 7 février sa volonté de dissoudre l’agence humanitaire et de l’intégrer au Département d’État. Mais il ne peut pas agir sans le consentement du Congrès, et il est possible que des poursuites judiciaires soient engagées pour contrer ce projet. L’USAID occupe un rôle crucial dans les actions de diplomatie américaine, elle représentait en 2023 40 % de l’aide humanitaire internationale, en fournissant une aide de 40 milliards de dollars, soit moins de 1 % du budget américain.

Au Sahel, les conséquences du gel des aides de l’USAID s’annoncent catastrophiques, car cela complique davantage l’accès aux soins pour les populations, déjà difficiles à cause des restrictions et des attaques terroristes. Sans compter les aléas climatiques et l’aridité des sols qui provoquent la famine. Cette suspension a un impact non négligeable sur l’éducation et l’apport de nourriture. Elle oblige les gouvernements des pays sahéliens à revoir la répartition de leur budget. Selon la BBC, le plus gros des ressources internes aux pays de l’AES sont principalement consacrées à la défense, pour assurer une lutte antiterroriste efficace. Les aides américaines leur permettaient de se concentrer sur d’autres domaines. Si cette diminution de l’aide humanitaire et économique dans les pays sahéliens inquiète de nombreuses organisations, elle conforte des citoyens dans la volonté de ne plus dépendre d’aide extérieure, comme au Sénégal, et pour d’autres, dans les pays de l’AES surtout, de forger une souveraineté nationale. Il y a aussi la possibilité que les gouvernements se tournent vers d’autres partenaires, comme la Chine ou la Russie.

Des conséquences sanitaires catastrophiques

L’USAID finance plusieurs organisations comme le PEPFAR (Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida). Créé en 2003, ce projet de lutte contre le VIH a sauvé la vie de 25 millions de citoyens dans 55 pays en l’espace de 20 ans. La majorité des dépenses de l’USAID va dans l’accès aux vaccins contre la tuberculose, le VIH, la polio, les maladies infantiles, pour les pays dont les revenus sont insuffisants. Si ce projet venait à disparaître, cela pourrait entraîner la mort de millions de personnes, qui n’auront plus accès aux soins ni aux vaccins.
Selon la BBC, « plus de 17 millions de personnes subissent une crise humanitaire dans la zone du Sahel ». L’USAID a distribué en 2023 une aide de 720 millions de dollars aux pays de l’AES, soit environ plus de 450 milliards de Franc CFA. Le Nigeria a perçu la même année une aide de près d’un milliard de dollars. L’agence humanitaire a permis au Burkina Faso et au Mali de recevoir un soutien financier, alimentaire et sanitaire.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé fin janvier des dérogations dans le gel des aides de l’USAID, si elles concernent des questions d’ordre « vital ». Mais certains organismes de prévention de santé sont suspendus, et des ONG doutent quant à l’avenir de l’agence et aux organisations qu’elle soutient.

Constantine

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