Tiburce Koffi:«Pourquoi je veux être PCA du Burida et réponses à des questions d’actualité»

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Suite à des rumeurs faisant état de sa volonté de briguer la présidence du conseil d’administration du Burida, pour contribuer à mettre de l’ordre et de la stabilité dans cet organisme, Tiburce Jules Koffi , écrivain, acteur, musicien (artiste presque complet selon lui ), a accepté de parler à L’intelligent d’Abidjan. Il profite pour jeter un regard sur la vie politique et sociale de la Côte d’Ivoire, notamment les élections de 2020. Interview exclusive avec Tiburce Koffi toujours aussi percutant !

Monsieur Tiburce Koffi, vous êtes encore entré en hibernation et retiré aux Usa, en Caroline du Nord après avoir été aperçu aux cotés de Soro, lors de sa conférence de presse, au lancement du comité politique…. Une présence qui avait fait jaser ….Qu’en était-il est-exactement ?

Les choses sont plus simples que ça. J’étais au pays, et j’ai appris, par un journaliste, que M. Guillaume Soro tenait une conférence de presse à son domicile privé. Et c’était ouvert aux journalistes. Tout logiquement, je m’y suis rendu pour vivre l’événement, car c’était un événement. Tout logiquement aussi, il a exprimé publiquement sa joie de me voir à cette conférence dont j’ignorais d’ailleurs l’objet ; et il s’est même excusé de ne m’y avoir pas invité. Le lendemain, j’ai appris par des journaux à sensation que j’étais membre du Comité politique de M. Soro ! Je n’ai pas jugé nécessaire de réagir à cette sottise. Je n’ai plus de temps à perdre avec cette espèce de journalistes sous-développés. C’était une information consciemment erronée. De la mal-information et de la désinformation.

Vous êtes en ce moment aux Usa … Tiburce Koffi a-t-il abandonné la Côte d’Ivoire, pour devenir citoyen américain ? Désespérance, désespoir ?

Ils sont nombreux, en Côte d’Ivoire, à avoir pris d’autres nationalités, pour des besoins divers et précis. Pour ce qui me concerne particulièrement, je suis résident permanent aux Usa, et seulement citoyen nord carolinien car nous résidons en Caroline. Ce sont mon épouse et mes enfants qui ont pris la nationalité. Je reste donc présidentiable en Côte d’Ivoire.

Lors de votre dernier séjour, à part L’intelligent d’Abidjan qui vous avait suivi, et à qui vous aviez accordé un entretien, vous aviez eu le profil bas, alors qu’on vous annonçait au Rhdp. Pourquoi ?

Là, vous vous trompez. Nombreux sont les journaux qui m’ont fait la cour pour avoir de moi une interview. C’est moi qui avais décidé de n’accorder d’interview qu’à « L’Intelligent d’Abidjan. ». Parce que le responsable de votre journal, Alafé Wakili, a manifesté à mon endroit de véritables marques d’amitié durant mes trois années d’exil à Paris. Appels téléphoniques, sms, emails, visites quand il était de passage à Paris, repas amical, etc., il ne m’a pas privé de ces marques d’amitié si utiles quand on vit des moments difficiles.

À contrario, nombre de ceux que je croyais être des amis, avaient affiché absents sur leur portable et emails, de peur sans doute que je les contamine. J’étais devenu pour eux un virus dangereux !

Pour ce qui est du Rhdp, pourquoi m’attendrait-on au Rhdp ? Je vous l’ai toujours dit et répété : je ne suis pas un militant de parti, et jamais je n’adhérerai aux partis politiques de la place. Mon adhésion au Rhdp ne se justifiait et ne se justifie donc pas. Car là-bas, ce sont des militants de parti.

Pendant ce temps vous avez quand même fait la paix avec le chef de l’État, artisan de votre retour dans votre pays, de votre fin d’exil ….

Oui, et je n’ai rien caché de ces choses aux Ivoiriens. C’est le Président Ouattara qui, à l’issue d’une audience qu’il m’a accordée, à Paris, m’a demandé de mettre fin à cet exil et de rentrer au pays pour me mettre à la disposition de la Côte d’Ivoire. Et j’ai obtempéré. Par respect envers la hiérarchie. Je lui réitère encore ma reconnaissance, à lui particulièrement, ainsi qu’à l’ambassadeur Charles Gomis et au ministre Bandaman qui se sont employés à faciliter les conditions de cette fin de crise entre la haute autorité et moi, et mon retour sans heurts au pays.

Le chef de l’État a tenu parole : mon salaire a été rétabli. Ma sécurité est garantie. Le reste, qui est la réhabilitation administrative, suit son cours. Rien ne presse. Et je ne suis pas le seul au pays dans ce cas. Je ne me plains donc pas. Le moment venu, il le fera. J’ai appris à attendre. Et je lui fais confiance.

Vous l’avez même rencontré à nouveau ….

Et qui vous a dit ça ?

Passons. Malgré tout cela, vous avez refusé d’adhérer au Rhdp, de le suivre dans son œuvre de rassemblement des ivoiriens et des ivoiriennes….

Vous parlez comme un porte-parole exalté du Rdr ou du Rhdp. Je vous ai dit qu’il n’y a plus aucun nuage entre la haute autorité et moi. J’ai été reçu par tous les ministres importants de notre pays, jusqu’au Premier ministre. On s’est parlé, on s’est compris. Ces trois années d’exil m’ont ouvert les yeux sur bien de choses que je n’avais pas comprises avant, quand j’étais dans le feu de l’action, ruant dans les brancards contre les acteurs politiques de mon pays. Puis est venu le temps des épreuves : mon limogeage, les rapports conflictuels avec les dirigeants de mon pays, l’exil, la séparation d’avec ma famille, les difficultés de tous ordres. J’ai vécu tout cela comme une épreuve initiatique. Aujourd’hui, je comprends les vertus du silence.

Et je sais désormais qu’il y a des moments où je dois accepter de me taire afin de mieux observer et mieux comprendre les choses, avant d’agir. Cela s’appelle de la sagesse.

Vous restez philosophe et critique, sauf quand il s’agit de Guillaume Soro, à qui vous semblez tout pardonner ….

Non. Ce que vous dites là n’est pas exact. La vérité est que je ne parle plus. C’est tout. Et c’est un silence qui trouble et gêne. Alors vous voulez m’amener à parler. Vous avez « tapé poteau » comme dirait Adama Dahico. Je ne dirai rien.

Cela dit, on a l’impression que vous avez une affection particulière pour Guillaume Soro….

Je n’éprouve aucune affection particulière pour lui. Je ne fais pas partie de sa cour. Entre Guillaume et moi, ce n’est pas une affaire d’amour, mais une rencontre entre deux classes d’âges qui ont combattu le même système au nom des mêmes idéaux, mais avec des méthodes différentes. Notre génération n’aurait jamais été capable de prendre les armes ; la sienne les a prises. La génération Soro a été encadrée par les mêmes maîtres universitaires qui nous ont encadrés ; et nous avons, nous-mêmes, encadrés nombre d’entre eux. Mon maître Zadi m’a abondamment parlé de ce garçon duquel il m’a dit beaucoup de bien. Il lui a même prédit un haut destin politique. Peu avant sa disparition, j’ai pu découvrir la qualité et l’entendue des rapports qu’il entretenait secrètement avec Guillaume. Bref, sur les recommandations du maître, j’ai fini par faire connaissance avec ce ‘’jeune homme’’. Enseignant, écrivain et chercheur, j’ai voulu comprendre ce qui s’est passé : cette fureur, cette vaste révolte, ce torrent de violences qui les agitaient, ses compagnons et lui. Et il m’a parlé. Pendant des heures et des heures, dans l’hiver parisien. Il s’est ouvert à moi en toute confiance, à la fois redoutable et fragile, devant le professeur que je suis. Il m’a fait des confidences que je ne trahirai jamais et ne déballerai jamais. Je l’ai trouvé sincère, cohérent. J’ai rencontré aussi en France d’autres de la Fesci, en particulier Doumbia Major. Un garçon intellectuellement structuré, qui a tété, lui aussi, aux mamelles de Désiré Tanoé, Wodié et Zadi. On s’est parlé, ces jeunes gens et moi ; et je les ai compris. On parle de mes liens avec Guillaume. Mais je suis plus lié à Doumbia Major qui lui, connaît mon intimité domestique.

Aujourd’hui, je suis intellectuellement apte à rendre compte, de manière analytique et sans passion ni parti-pris, des tourments, enjeux, espoirs et tragédies de cette époque (la fin des années 1990 et la première décennie de 2000) de feu, de matraque et de plomb que le pays a connue. Le point nodal de cette époque, c’est septembre 2002. La rébellion. C’est à nous autres qui nous réclamons de la qualité d’intellectuels, d’expliquer ces choses, sans relâche. Les expliquer à ceux qui ne le savent pas, éclairer les élites enfermées dans le confort de leurs salons, baliser les choses et faire en sorte que le pays ne bascule pas dans la démence et l’horreur.

Tenez, à ce propos, aujourd’hui même, je viens de découvrir une belle réflexion dans un livre sur Mandela : « Lorsqu’une barbarie est déconstruite par des moyens qui humilient les anciens barbares, c’est l’ensemble de la société qui établit les libertés nouvelles sur des plaies qui ne se refermeront pas. Faudrait-il alors tout pardonner, abolir la mémoire, banaliser le sang versé, laisser courir les assassins ? (…) Combien de peuples ont-ils chèrement payé, les uns l’oubli, les autres le refus de l’oubli ?».

Telle est la situation actuelle de la Côte d’Ivoire. (Jean-Paul Jouary, Mandela)….

Vous reconnaissez-vous dans les propos de soutiens à Guillaume Soro, notamment Franklin Nyamsi ?

Je n’ai ni à me reconnaître en lui, ni à le condamner. Je ne suis pas responsable des discours du Professeur Nyamsi, un intellectuel de haut niveau et d’une agréable compagnie. Je suppose qu’il doit avoir de bonnes raisons de tenir ses discours. Moi aussi, je fus un héraut exalté de causes politiques. Je le comprends très bien donc. L’espace politique n’est pas un podium d’élection de Miss carnaval où le sourire est de rigueur. À toute époque et en tous lieux, elle a été animée par des gladiateurs : « Voilà de nouveaux gladiateurs/ Et on dit que le cirque meurt. ». Vous rappelez-vous ces jolis vers chantés de Mort Shuman ?

On ne vous a pas beaucoup entendu sur ( après ) la liberté sous condition de Gbagbo et Blé Goudé.

Ça a coïncidé avec le moment où j’avais pris la décision « d’enlever mon nom dans les business » des politiciens de mon pays, pour parler comme Tiken Jah.

S’agissant de Laurent Gbagbo, ne pensez-vous pas n’avoir pas su gérer votre relation, et que vous n’avez pas fait preuve de bonté et de générosité à son égard alors qu’il était dans l’épreuve ?

Comment ça ? Quand allez-vous donc apprendre à me lire ? Ça se voit bien que vous ne me lisez pas. La question Gbagbo est au centre de mon livre qui m’a valu limogeage et exil. Et j’ai été le premier ivoirien sur le plateau de TV5 Monde, en 2016, à Paris, lors de l’ouverture de son procès, à avoir dénoncé le caractère impartial de ce procès. La vidéo de cette émission circule sur les réseaux sociaux.

Nous vous lisons très bien, Monsieur Koffi, n’en doutez pas un seul instant, mais le problème est qu’on a eu le sentiment que vous aviez abandonné Laurent Gbagbo. Aujourd’hui par exemple, alors qu’il se retrouve avec le Président Bédié, on ne vous voit pas parmi les visiteurs de Bruxelles, comme on ne vous a pas vu à la Haye. Pourquoi ?

J’avais logiquement rompu avec le Président Laurent Gbagbo à partir du jour où j’ai rejoint le camp de ses adversaires. Mais c’est une rupture essentiellement politique et non sympathique. Je n’ai pas pu me rendre à la Haye parce que les lois françaises sur la demande d’asile ne me permettaient pas de sortir du territoire français. L’exil est terminé !

Mais j’ai pris mes distances envers la classe politique de mon pays. Je ne veux plus me mêler de leurs querelles. Je n’ai donc rien à voir dans une visite de M. Bédié à Gbagbo. Je ne suis pas un militant du Pdci, et le politique Bédié ne m’intéresse pas, c’est connu. La politique ivoirienne est sale. Aujourd’hui, parce qu’il est en rupture avec le président Ouattara, M. Bédié devient fréquentable aux yeux du camp Gbagbo. N’importe quoi ! Bref, le jour viendra où je rencontrerai Laurent. Ce n’est pas impossible. Je pense que j’ai été excessif envers lui. Je lui dois des excuses pour les écarts de langage, mais la rupture idéologique est consommée. Qui vous dit même que Ouattara et lui ne vont pas encore se retrouver ? Qui vous dit aussi que Soro et Ouattara ne vont pas se retrouver ?

Des rumeurs vous avaient annoncé ministre ! Depuis un an, rien. Et voici qu’après le coup de votre nomination avortée au Palais de la culture à l’époque , on apprend que vous êtes pressenti au Burida ? Est-ce exact, ou encore une fausse alerte ?

Ministre ? Je n’en fais pas une fixation. Et rien ne presse. Pressenti au Burida ? Il n’y a aucun mystère dans cette affaire. Je suis effectivement candidat à la Présidence du Conseil d’Administration du Burida.

Pourquoi pas DG ?

Non. Je suis fatigué d’être directeur, Dg, Conseiller. Ça ne m’intéresse plus. Je veux être Président de… ! Ça sonne mieux. J’ai souvent rêvé d’être Président de la république, et je ne désespère pas d’y arriver un jour. J’aime ça : être à la tête de, présider, commander. Oui, j’aime commander, guider, montrer la direction à suivre. J’ai toujours été persuadé que je suis né pour être leader et non suiveur.

Pensez-vous qu’il est possible d’y parvenir sans le soutien du gouvernement qui, comme on le voit avec la suspension de l’équipe actuelle, peut avoir le dernier mot ?

Si c’est le soutien du gouvernement qu’il faut pour être le nouveau PCA du Burida, eh bien, je le solliciterai ; et je suis confiant, car il n’y a pas de raison que le gouvernement me le refuse. Nous ne sommes pas ennemis. Je vous le répète, le Président Ouattara m’a demandé de rentrer au pays pour servir. Eh bien, je veux, en attendant mieux, servir à ce poste qui est vraiment à ma portée. Les artistes peuvent être rassurés : je mettrai de l’ordre au Burida. Je réhabiliterai l’image de marque de cette institution par le passé prestigieuse, et que des gestionnaires non expérimentés et malhabiles sont en train de pousser à la dévalorisation. Je suis écrivain (poète, romancier, essayiste, nouvelliste, auteur dramatique, scénariste), comédien, metteur en scène et musicien. Un artiste presque complet et un administrateur qui a fait ses preuves. J’ai au moins 30 ans d’adhésion au Burida, deux décennies d’expériences administratives. Un Conseil d’Administration, c’est quand même quelque chose de sérieux ; c’est le label d’une institution. N’importe qui n’a pas le droit d’accéder à une telle fonction, voyons ! Au Burida, on bafoue l’autorité ministérielle, on insulte la Dg.

La maison est paralysée par des palabres subalternes qui font le chou gras des réseaux sociaux. C’est quoi ça ? Ça suffit maintenant, ce désordre ! Oui, je veux le Burida, pour y mettre de l’ordre de manière rigoureuse, avec le soutien du ministre de tutelle, Maurice Bandaman. Il n’est pas possible de gérer sainement cette structure en étant en querelle permanente avec la tutelle. Je redresserai cette boîte comme je l’ai fait de la Bibliothèque nationale et de l’Insaac. Je suis un bosseur reconnu, un « worker » et un « winner. » Et je sais que les artistes de ce pays me porteront à la tête du Conseil d’Administration. Pour leur bonheur, leur intérêt et respectabilité. La récréation est terminée.

Comment comptez-vous vous y prendre ? Quand rentrerez vous au pays pour mener campagne ?

Je suis sociétaire du Burida depuis 1981, je crois. Je peux même retrouver ma première carte. Le mois dernier, j’avais eu Mme Vieyra au téléphone. Elle m’a assuré que je suis à jour de mes obligations envers la maison. Je serai bientôt au pays pour mener campagne.

Parlant d’élection, c’est l’occasion de vous demander votre avis sur la crise à l’Unjci. L’élection du nouveau président n’a pu se faire suite à un désaccord au sujet de l’usage des procurations prévues par les textes de l’association.

Je n’ai pas suivi ça. Aux Usa, il y a trop de choses importantes à faire et à voir, plutôt que de s’occuper de problèmes de journalistes de pays sous-développés.

Comment voyez-vous 2020 ?

De manière optimiste. Tout se passera bien. Les sorciers qui rêvent d’une Côte d’Ivoire dans des flammes sataniques seront déçus. Qu’ils ne comptent pas sur le Président Ouattara pour laisser prospérer la conspiration et le désordre. ADO n’est pas Gbagbo. Retenez-le bien.

Des rumeurs font état d’un possible maintien du Président Youssouf Bakayoko à la Cei. Qu’en pensez-vous ?

Je n’en pense rien. Et puis, en quoi ceci me concerne ? Il peut y rester si ça ne l’ennuie pas ; et ça ne me gêne pas du tout qu’il y reste. La Cei n’est pas ma maison, et je ne suis pas candidat à ce scrutin.

Des cadres du Rhdp disent que c’est le terrain qui détermine le vainqueur et que ce n’est pas à la Cei (ou avec la Cei) qu’une élection se gagne. Êtes-vous du même avis ?

Je ne partage jamais l’avis des militants de partis. Ce ne sont pas des gens sages, ni très éclairés.

La bataille de 2020, ne va-t-elle pas se jouer avant l’élection même ? Celui qui gagne le bras de fer en cours, peut-il perdre par la suite ?

Vos questions sont bizarres. Pourquoi pensez-vous que le rendez-vous électoral de 2020 pourrait être joué avant 2020 ? Non. Ce qui est prévu en 2020 aura lieu en 2020. En tout cas, sous Ouattara, ce sera comme ça. La légalité et le calendrier républicains seront respectés. C’est un chef rigoureux et ferme dans sa conduite des affaires de l’État, et non un rigolard populiste. Ôtez de vos cerveaux le spectre de quelque conspiration obscure qui mettrait le pays en mal. Tout conspirateur sera mis hors d’état de nuire, croyez-moi. Je ne vois aucun « bras de fer ». Arrêtez d’utiliser ces mots porteurs de conflits qui ne font que retarder l’avancée du pays. Sortez des conflits contre productifs.

Comment l’opposition qui refuse les conditions actuelles de la nouvelle peut-elle ensuite aller à l’élection aux mêmes conditions, en espérant les gagner ?

C’est à eux de répondre à cette question, pas moi. Leurs business politiques ne me regardent pas. Et puis je ne suis pas un opposant.

Certains craignent en 2020 une insurrection, un schéma comme au Burkina Faso, au Soudan, en Algérie. Est-ce possible ?

Qu’est-ce qui justifierait de telles probabilités ? Il y a trop de sorciers dans ce pays. Le Président Ouattara ne briguera pas un autre mandat, je peux vous rassurer sur la question. Depuis deux ans, je ne fais que vous dire ces choses ; et vous n’arrivez pas à me croire. « Homme de peu de foi, pourquoi doutez-vous ? » Ecoutez-moi : à mon avis, si nous étions un peuple sérieux, nous nous préoccuperions d’une chose qui, aujourd’hui, me paraît importante pour la stabilité de l’institution républicaine en Côte d’Ivoire : nous atteler à organiser un gigantesque hommage national à Alassane Ouattara à la fin de ce dernier mandat. Depuis 1999, c’est la première fois que notre pays traverse une décennie sans heurts politiques majeurs. L’État a gagné en stabilité ; le pays a meilleur visage à l’étranger. Notre Président fait « chef d’État sérieux et respectable. » En salubrité, le pays a beaucoup gagné. Mes hommages à mon amie la ministre Anne-Désirée Ouloto, une autre ADO ! L’infrastructure aussi offre un aspect somme toute, reluisant. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire. Mais Ouattara ne peut et ne pourra pas tout redresser en deux mandats. C’est au moins six mandats qu’il lui faudrait, chose impossible aussi bien physiquement que constitutionnellement. Je pense qu’il a donné le meilleur de lui-même. Humainement, il ne peut pas aller plus loin que ça. Donc rendons-lui hommage pour la tâche accomplie. Célébrons sa sortie de scène, afin d’exorciser à jamais le spectre des fins violentes de mandats, et des scrutins agités et sauvages qui ont fait le signe distinctif des régimes passés.

D’autres parlent d’un schéma Tschisekedi comme en Rdc, avec un allié du pouvoir déclaré vainqueur en 2020 au lieu du vrai gagnant , qu’en pensez-vous ?

N’importe quoi ! La Côte d’Ivoire n’est pas la Rdc.

Scénario catastrophe, scénario optimiste ? Comment voyez-vous 2020, avec une candidature annoncée de Bédié, alors que selon vous le Président Ouattara va se retirer …?

À l’instar du Président Ouattara, le Président Bédié ne sera pas candidat. Il l’a déjà dit dans une interview à « Jeune Afrique », en 2018. Bédié est un chef akan. Et les Akans ont une haute culture du respect de la parole de « Nanan ».
Le Pdci-Rda pourrait avoir pour candidat Gaston Ouassénan. Je le connais assez bien. J’avoue que ce choix, probable, me paraît judicieux. M. Ouassénan est l’un des rares cadres de ce parti et même du pays à pouvoir se prévaloir d’un haut sens civique et étatique. C’est un « Monsieur État ». Tagouana, il est au carrefour des différentes ethnies de notre pays, un pont entre le nord, le centre et le sud. C’est un politique de synthèse. La prochaine présidentielle sera exaltante.

Votre dernier mot

Je souhaite que les présidents Ouattara, Bédié, Gbagbo, Soro, en plus de Charles Blé Goudé, se retrouvent, taisent leurs querelles et leur égo, pour la Côte d’Ivoire. Je rêve de les voir réconciliés et unis, et non ennemis. Aidez-les à s’entendre. N’attisez pas la haine, n’encouragez pas la déchirure. Moi j’en ai fini avec les querelles. Pardonnons-nous et unissons-nous. Pour la Côte d’Ivoire.


Réalisée ( téléphone et mail ) par Charles Kouassi et Claude Dassé

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