Trafic de cocaïne : de lourdes condamnations et des acquittements

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L’ex-patron de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan et quelques-uns de ses complices ont été condamnés le 5 mars dernier à de la prison ferme, pour avoir détourné une partie d’une saisie record de cocaïne. D’autres inculpés ont été acquittés.

Le tribunal correctionnel d’Abidjan a rendu son verdict : Armand Agnin Angbonon, ex-commandant et ex-patron de la lutte contre le narcotrafic au port autonome de la capitale ivorienne, a été condamné à cinq ans de prison ferme. Trois autres de ses complices, dont deux ex-officiers (son frère, le lieutenant-colonel Jean-Claude Angbonon et le capitaine Richard Bi Djessan, alors chef de la cellule antidrogue de la ville de San Pedro) et un indicateur ont été condamnés à la même peine. Cette condamnation a créé un réel malaise au sein des forces de l’ordre car Armand Agnin Angbonon avait été élu en 2018, meilleur gendarme de Côte d’Ivoire et avait reçu des mains du président de la République Ouattara, le prix de l’Excellence. Ils ont été jugés coupables d’avoir détourné au moins dix sacs de cocaïne, soit environ 220 kg, sur une saisie de 1,56 tonne de drogue brute effectuée en février 2021. La valeur de la saisie était estimée à 25 milliards de francs CFA (environ 38 millions d’euros), mais beaucoup plus à la revente.

Bancs des accusés

C’est après une banale arrestation que les enquêteurs ont remonté la filière. Ils perquisitionnent chez le suspect, un petit dealer surnommé « Abou », et y découvrent une trentaine de grammes de cocaïne. Lors des interrogatoires, Abou s’épanche largement et fait des révélations aux enquêteurs. Il déclare être un indicateur de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan et accuse des gendarmes d’avoir volé une partie de la drogue saisie. Au cours de leur enquête, les policiers constatent qu’Armand Agnin Angbonon est à la fois « juge et partie (…) C’est lui qui rédige les procès-verbaux de la perquisition. Donc il peut inscrire le montant qu’il veut ! », indique une source proche du dossier. Six autres prévenus, eux aussi gendarmes, se sont retrouvés sur le banc des accusés. Ils étaient poursuivis pour complicité. Cependant, les magistrats ont suivi les recommandations du parquet qui avait requis la relaxe parce qu’ils « n’avaient fait qu’exécuter les ordres de leurs supérieurs », selon leur avocat.

Trafic croissant

Cette affaire en rappelle une autre jugée en mai 2024. Là encore des personnes haut placées (le commandant de la base navale de San Pedro ; un membre du Conseil régional et un commissaire de police) avaient été jugés pour leur implication dans un autre trafic de cocaïne. Deux tonnes de cocaïne avaient été saisie dans le port d’Abidjan et à San Pedro. Treize personnes avaient comparu et été condamnées le 7 mai 2024 pour « trafic international de drogue » et « association de malfaiteurs ». Les peines avaient été plus lourdes (10 ans de prison ferme) que celle prononcées le 5 mars dernier. Le jugement du 7 mai a fait l’objet d’un recours actuellement examiné par la Cour d’appel d’Abidjan. Les deux affaires évoquées seraient a priori sans lien. Mais elles soulèvent le problème du large du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest sur l’ensemble du continent qui semble croître assez fortement.

Constantine

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